mercredi 2 juin 2010

Il faut tourner la page...

J'ai du arriver au bout d'un chemin, sans vraiment m'en rendre compte. Faut dire que je l'avais un peu pris par hasard ce chemin. Finalement, j'ai fait un beau voyage au cours duquel j'ai rempli les pages de ce carnet version école buissonnière. 
Aujourd'hui je ne sais pas trop quoi penser. C'est un peu comme on termine un bon livre. On a hâte de lire la dernière page et, quand on y arrive enfin, on regrette qu'il n'y en ait plus à tourner. En même temps, j'ai l'impression de ne plus avoir grand chose à dire, ou moins envie, ou la flemme, ou peur de tourner en rond, ou je ne sais pas trop quoi encore! Après tout, peu importe. Ce qui m'embête un peu c'est que je l'aimais bien cet endroit. Il me ressemblait assez finalement. 
Je ne suis pas fait pour les adieux mais il y a des au revoir que l'on s'imagine ne pas devoir répéter. Sinon ça fait con.
Alors pour illustrer cette oraison funèbre, je n'ai pas compté les notes et encore moins les commentaires dont vous m'avez fait l'honneur. A l'heure des bilans, les chiffres manquent cruellement de poésie n'est ce pas? Ce qui est sûr, c'est que c'était bien!
En fait, ici j'ai partagé un peu de moi avec vous et vous me l'avez bien rendu. Je vous en remercie. J'ai ri en votre compagnie et je me suis aussi un peu surpris à écrire des histoires ou des textes plus tristes.  On se découvre, on apprend à se connaître...
Je garde l'endroit ouvert. Après tout, on verra bien si tout ça me démange ou si l'envie me prend de faire autre chose ici ou ailleurs. Qui sait?

La bise et portez-vous bien!

Une petite photo sympathique from chez Anne Laure ou là encore.

vendredi 7 mai 2010

Espace détente

Bon, il est vrai que cet endroit a un peu changé d'esprit depuis sa création. Le temps passe doucement...
Mais il y a des choses qui me font toujours autant rire. Bon, je vous préviens ça va rester basique!
Je tente une nouvelle perçée créative sur des associations de prénom + nom improbables. Je laisse ensuite à votre imagination le soin de donner vie à ces personnages burlesques et ridicules.
Dans un registre similaire, nous avons tous à l'esprit le fameux Manitas De La BITAS de nos amis Kad et O.

Aujourd'hui, le thème est totalement libre. Voici une première version :

Jean Michel GAUDRIOLE, le king de la blague à deux balles.
Bernard BAMBOCHE, le roi de la fête à neuneu.
Thierry CLEPSYDRE, en hommage à Fort Boyard.
René PINARD, ami de Popeye et marchand de légumes alcoolique.
Ludovic CARTON, carrossier pas emballant.
Raymond CHICANE, pilote automobile bagarreur.
Denis TOUDROIT, concepteur de GPS psychorigide.
Jean Louis CERUMEN, ORL diplômé. Une tête (et des oreilles) bien remplie(s).
Tiffany LEVRETTE, actrice porno sans arrières pensées.
Kevin GICLETTE, son partenaire favori.
Jean Claude CHIGNOLE, expert en petits trous (rien à voir avec nos deux amis pré-cités!).
Bruno PISTIL? fleuriste incontinent.
Carole MORUE, aimable poissonnière portugaise.
Louis La BROCANTE... déjà pris!
William LENTILLE, ophtalmologue-pétomane, expert de la mise en boite.

Ok j'arrête, je crois que j'ai touché le fond!
Quand même ça fait du bien!
Comme j'avais adoré lire vos suggestions sur le registre "footbalistique", j'ai hâte de voir vos délires. Laissez faire votre imagination, oubliez vos soucis et c'est parti! 
Je vais me reposer, promis.

mardi 20 avril 2010

Dans mon HLM

J'habite tout là haut, dans une grande tour. La même ou presque que celle dans laquelle j'ai grandi. Depuis, rien n'a vraiment changé. Les mêmes graffitis dans le hall d'entrée, les mêmes boîtes aux lettres déglinguées, les mêmes cages d'escalier souillées, les mêmes minuteries capricieuses, les mêmes paliers déserts et sombres, les mêmes ascenseurs en panne, ...
Plusieurs fois j'ai voulu m'enfuir. Mais à peine avais-je mis le pied dehors que je me trouvais ramené aux sources par une puissante attraction sociale... A bien y réfléchir, quand on vit en hauteur, on ne peut ignorer ses racines. Juste tenir debout et s'accrocher. Je vacille à l'énoncé de ce principe de gravité dont je n'avais jusqu'alors pas mesuré le fondement.
Je n'ai donc jamais pu m'extraire de cet indigeste millefeuille de dalles bétonnées, serré de trop près par cet étau de parpaings.
Bien sûr, j'avais eu d'autres aspirations. Oh, pas grand chose, juste un minuscule pavillon avec des voisins à côté. Un endroit où j'aurais pu raisonner en mode horizontal, rasibus, pâquerettes à portée de main, sans chape au dessus de ma tête. Juste la possibilité de m'échapper sans effort. Rien de plus qu'un bout de jardin mal entretenu, une haie mal taillée, un barbecue rouillé, un salon de jardin dépareillé, un grenier poussiéreux. Tout sauf cette sinistre construction sonore d'une cité qui m'insupporte et me pèse depuis mon enfance. Aujourd'hui encore je regarde l'horizon délavé et je partage la vie du voisin du dessus dans les courants d'air.  
D'en bas sur le parvis, je lève parfois la tête et, dans le ciel, je vois de grosses masses blanches passer juste au dessus de chez moi. Elles filent toujours à vitesse grand V, comme pour éviter de voir ou pire, de rester accrochées à mon triste poteau dortoir. A chaque fois, cet étrange défilé aérien au dessus de ma tour me donne le tournis. Je perds mes repères et, comme aspiré en arrière, je manque inévitablement de m'effondrer, écrasé par tout ce poids.
Parfois, quand le tumulte est trop grand, je m'imagine en gardien solitaire de ce phare des villes abandonné aux quatre vents qui n'éclairerait rien ni personne, mais qui serait mon calme refuge.

Ce soir, j'ai rendez-vous chez mon voisin du dessous. Il  fête son emménagement et moi je rêve de dégager... Pas sûr que j'arrive à lui souhaiter la bienvenue avec félicité...

mercredi 17 mars 2010

Un coeur à l'abri

Suite de Un jour de pluie.

Elle me fit donc une petite place sous son parapluie. Elle était grande, ce qui facilitait notre colocation. J'avais cependant bien du mal à me caler sur son rythme de marche. Ses longues jambes s'acquittaient de l'allure avec aisance. Je perdais régulièrement du terrain sur elle. Il me fallait la rattraper en enchainant de petits pas saccadés et, semble-t-il, assez ridicules.
Sous cet abri en mouvement, la lumière était tamisée. Finalement, la proximité de cette belle inconnue me mettait mal à l'aise. De brefs coups d'oeil me permettaient toutefois d'apprécier son élégant profil, ses longs cils noirs, la sensuelle commissure de ses lèvres. Je devinais aussi, au coin de sa bouche, un sourire amusé. Elle n'avait pas l'air inquiète, elle faisait juste attention à éviter les plus grosses flaques sur le trottoir. C'est elle qui reprit la conversation :
- "Cela vous arrive souvent d'aborder des jeunes femmes de cette façon?"
- Non non, c'est la première fois, m'excusais-je presque. 
- Vous ne manquez pas d'air!
En fait, j'en manquais cruellement. Sous cette coupole protectrice où raisonnait le plic ploc de la pluie, j'avais peine à reprendre mon souffle. J'avais chaud, mon visage était aussi rouge que la toile du pépin, et un voile de buée s'était formé sur le verre de mes lunettes. Avec mes cheveux et mon caban trempés, je devais avoir l'air d'un pauvre type...
- Je vous ai aperçue en sortant de chez moi ce matin et je me suis laissé emporter. J'ai souvent failli vous perdre... Quand je fais mon jogging, je ne vais pas aussi vite!
Elle sourit avant de reprendre avec malice :
- Eh bien dites moi, vous ne semblez pas être beaucoup plus doué pour les filatures. Je vous ai repéré depuis un certain temps déjà! 
- Vous n'êtes pas détective au moins? enchaina-t-elle dans un grand rire.
- Non pas du tout.
- Le contraire m'aurait étonné. Et puis vous n'avez pas d'imperméable! se moqua-t-elle gentiment.
Je ne savais pas bien quoi lui répondre. Elle poursuivit :
- Vous n'êtes pas très bavard. Comment vous appelez-vous?
- Simon, et vous?
- Jeanne.
- C'est un beau prénom. Jusqu'où allons nous ?
- Pas très loin. J'ai un cours et je suis en retard. Au fait, que me voulez-vous? 
- Rien, j'ai suivi mon instinct...
- Vous n'avez rien de mieux à faire, vous ne travaillez pas? m'interrompit-elle.
- Euh et bien c'est à dire qu'en ce moment je suis un peu entre deux eaux et...
- Ça je l'avais remarqué! répondit-elle en riant à nouveau.
Mes Converse détrempées "flic-flaquaient" sur le pavé parisien et mon moral glissait dangereusement vers mes chaussettes mouillées. 
- Je suis arrivée, il faut que je vous laisse dit-elle soudain en s'arrêtant brusquement.
Nous nous trouvions face à une entrée discrète où une plaque indiquait la présence d'un cour de danse.
Elle se tourna alors vers moi, me laissant me perdre quelques instants dans son intense regard émeraude. Un battement de cil me ramena à la réalité.  
- Pourrions-nous nous revoir? osai-je lui demander.
- Je suis désolée, mais mon coeur n'est pas à prendre. Vous perdriez votre temps... En tout cas, vous m'avez bien amusée. 
Mon regard tomba à mes pieds avant qu'elle ne me porte l'estocade.
- Si je peux me permettre un conseil, arrêtez de lire des histoires et surtout, allez vite vous mettre au chaud!
Elle poussa la porte et me laissa là sur le trottoir, m'adressant un regard furtif...
La pluie avait cessé mais une goutte d'eau froide vint finir sa course au creux de mon cou.
Je décidai de suivre ses conseils et de rentrer chez moi. 

Photo from chez Anne Laure

mardi 9 mars 2010

Séance coiffure

Quand j'avais 18 ans et les cheveux un peu plus longs, on me trouvait une ressemblance avec un chanteur à midinettes qui, depuis, a un peu grossi. J'avais oublié. La semaine dernière, au boulot, on me sort : "On ne t'a jamais dit que tu ressembles à Bidule truc?". Aujourd'hui je suis donc allé me faire couper les cheveux, histoire d'être peinard.
D'abord, je me rends chez mon coiffeur habituel. L'endroit n'est pas très classe, mais c'est bon marché et, pour ce que j'ai à y faire, c'est parfait. Sauf qu'il y a souvent du monde et que la boutique affiche complet. Je cherche donc un autre professionnel en hâte. Le seul où l'on veut bien m'accueillir est une enseigne connue à grand renfort de marketing glamour. Frank P. pour ne pas la nommer.
Le salon est autrement plus soigné. On m'affuble d'une blouse blanche informe et on m'installe face à moi même pour patienter. J'attends assez longtemps qu'un client finisse de se faire tailler les cheveux en quatre. Je dis ça parce que le type est très pointilleux sur sa coupe à la brosse. J'ai un peu envie de lui dire que, comme l'ex chanteur à qui je ressemble, la brosse, c'est un peu as been.... Comme c'est une coupe genre bidasse, je choisi de garder la remarque pour moi. A la fin, il est presque aussi bien coiffé que le clebs qui l'accompagne!
Arrive enfin mon tour. Je range mon téléphone, c'est plus prudent
La jeune femme me demande ce que je veux. Je lui explique rapidos. Elle me tripote, les cheveux pour faire connaissance et elle me sort cash :  "Vous n'auriez pas un peu de pellicules?". Ben non ma cocotte! Elle commence bien celle là. Je sens de suite qu'on va être copains...
Pendant qu'elle me lave les cheveux, elle me demande  : "Vous les lavez souvent vos cheveux?". Je lui répond : "Tous les jours". Elle enchaîne  : "C'est pour ça qu'ils sont rêches."
Là je me dis qu'à défaut d'avoir du tact, la demoiselle possède sans doute le sens du commerce! Au moment de payer, pour soigner ma chevelure, elle me proposera le shampoing Ultra régénérant aux oligos éléments bio-hydratants du sieur Frank P. J'imagine déjà la réplique que je vais lui servir dans les dents, version Jacky Chan.
Un seul point positif, elle ne me m'inonde pas les oreilles, ni le cou, en me rinçant les cheveux.
Pendant le quart d'heure que dure la coupe, elle essaye de lancer la conversation sur un : "Ben la chanson des Enfoirés cette année, elle n'est pas terrible, hein?". On se croirait chez Gigi Coiffure... Je lui glisse une réponse laconique, et je me retiens de poursuivre que ça ne vaut pas un bon Larusso... 
Ensuite, elle reste assez silencieuse. 
La coupe est classique mais le tarif a grimpé de 50% par rapport à mon coiffeur habituel! Aucun "plus client". J'attends la proposition du shampoing pour mes cheveux rêches. Rien, elle n'ose pas. Je suis presque déçu.  
Elle veut me plumer jusqu'au bout car je suis obligé de lui réclamer ma veste en partant!
Si vous attendez la chute, c'est raté, ce billet est sponsorisé par Petrole Hahn qui comme chacun sait...

samedi 27 février 2010

Habla usted espanol?

Je prépare mes vacances d'été en Espagne. Nous partons à plusieurs, et l'autre jour, quelqu'un me dit : "Olive on compte sur toi pour parler espagnol". Ah bon, mince alors. Il y a quinze ou vingt ans, je n'étais pas mauvais en langues, mais comme depuis je ne pratique pas, je suis devenu plutôt mauvais. Heureusement, ma belle soeur nous accompagne et elle est à moitié trilingue! Si j'applique à la phrase précédente une simple règle mathématique, j'arrive à la conclusion qu'elle parle 1,5 langue. Comme elle parle français parfaitement, avec un peu de chance elle a de bons restes en espagnol. En passant, vous comprendrez aisément que mon niveau de maths en terminale scientifique était un peu limite! Enfin, je vais essayer d'ici cet été de me rappeler un peu de vocabulaire pour ne pas avoir l'air trop con et dépasser le niveau La Bamba "Yo no soy marinero, Yo no soy marinero, soy capitan, soy capitan,...". Ca va revenir! hum hum hum...
Les autres de mes amis ont fait allemand et force est de constater que la plupart d'entre eux sont incapables de faire 3 phrases cohérentes d'affilée. Cela en fait, à mes yeux, la langue la moins pratique du monde (après le slovaquistanais, qui elle au moins, a le mérite d'être drôle!) en plus d'être une des plus moches. Si mes amis germanistes pensent que j'exagère, on pourra sûrement tester leur niveau d'allemand en Espagne, autre pays du teuton en été!
Et vous, vous en êtes où de vos vacs et de vos pratiques linguistiques?

dimanche 14 février 2010

Dans les bras de Marguerite (2/2)

Alors, j'attendais le vendredi soir avec impatience. Je me rendais dans le village voisin où, dans l'arrière salle du café, étaient organisées des soirées dansantes. En chemin, je m'arrêtais prendre Marguerite. Comme moi, elle se débattait seule dans un quotidien sans avenir, surnageant avec difficulté.
Le vendredi soir donc, on oubliait tout ça. On se lavait, on se parfumait, on se faisait beau, on enfilait une belle chemise repassée ou une robe élégante, des chaussures de ville vernies ou des talons hauts. Sur le parquet, dans les bras l'un de l'autre, nous nous sentions légers et libres. Nous parlions assez peu, tous deux concentrés sur le rythme, enchainant avec dextérité les pas les plus compliqués. Mais nos yeux se croisaient souvent et, pour les spectateurs alentours, nos regards aimantés en disaient long sur notre complicité.
Marguerite avait de sensuelles rondeurs et elle dansait divinement bien. Je n'étais pas peu fier d'être son cavalier. Les orchestres enchaînaient les standards avec plus ou moins d'habileté. Peu importait. Bien sûr, les couples se mélangeaient au cours de la soirée mais, avec les autres femmes, ce n'était pas pareil. Marguerite vivait la musique, les autres la subissait. Elles étaient soit trop molles, soit trop brusques, trop proches ou trop distantes. Je n'avais qu'une seule hâte, l'attraper à nouveau par la hanche, tenir sa main, la faire tourner puis s'éloigner de moi pour ensuite mieux sentir ses formes, son parfum, et la caresse de ses cheveux sur mes joues.
Lorsque nous dansions ensemble, nos corps se cherchaient en cadence jusqu'à l'étourdissement. Malgré les kilos accumulés, je n'avais rien perdu de ma souplesse et de mon sens du rythme. Ces soirs là, je me sentais comme un jeune homme, plein d'énergie et croquant la vie à pleine dents, sans me soucier du lendemain.
Ainsi passaient nos vendredi soirs.
Nous rentrions chez nous brûlants, les joues rougies par cette débauche d'énergie. Je déposais Marguerite devant chez elle. Elle me faisait un petit signe de la main sur le pas de sa porte. Alors, je démarrais et je la regardais s'éloigner doucement dans le rétroviseur. Une fois de plus, je maudissais le manque de confiance qui m'avait empêché de lui déclarer ma flamme...
Fin


Crédit photo Eros

samedi 6 février 2010

Une vie bien ordinaire (1/2)

Cela faisait deux ans que l'usine avait fermé ses portes. J'y avais passé plus de la moitié de ma vie, alternant les "trois huit" et les congés payés. La délocalisation et les financiers étaient passés par là, emportant l'entreprise familiale sur leur passage. Je m'étais démené pour retrouver un travail. Mon CV était maigrelet, mais je mettais toute mon énergie à écrire des lettres de motivation bien tournées... qui ne seraient pas lues. Sinon, je passais le plus clair de mon temps à déprimer sur mon canapé devant cet écran aux mille reflets enchanteurs. Comme tant d'autres, j'étais hypnotisé par ce ramassis de vaines promesses, véritable miroir aux alouettes.
Mais rien. Il ne se passa rien pendant ces deux années. Je décrochais bien quelques entretiens mais, dans cette région à l'industrie sinistrée, et compte tenu de mon âge, rien n'avait abouti. J'étais à bout, en fin de droits et mes petites économies avaient fondu comme neige au soleil. Physiquement aussi, je m'étais laissé aller. Mon compte bancaire était à sec, mes cheveux et mon ventre trop gras, et la tendance ne s'inversait pas.
Le village où j'habitais s'était dépeuplé. L'école avait fermé, les commerces se comptaient sur les doigts d'une main, les volets étaient clos et la grand-rue était déserte. Au PMU où je me réfugiais parfois, la chance non plus ne m'avait pas souri. Une des grandes gueules constamment accoudée au comptoir répétait à l'envi : "Il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur". Il enquillait les verres de blanc avec la régularité d'une machine outil bien huilée. Au moins je n'avais pas sombré dans la bibine, juste deux ou trois Ricard par ci par là, pour oublier... Le médecin m'avait donné quelques pilules pour m'aider à mieux dormir car la nuit, mes insomnies s'étaient faites plus longues et régulières.
Je m'enfonçais.
A suivre...

lundi 18 janvier 2010

Intermède culinaire : Les endives au jambon ou l'ôde au chicon

Ma mère est une excellente cuisinière. Je sais, tous les fils disent ça de leur mère, mais la mienne a réellement du talent. Il faudra un jour que je rende hommage à son savoir faire.
Certaines recettes sont notées sur des fiches manuscrites, toutes les autres sont dans sa tête. Elle partage volontiers ses secrets et quand on lui demande comment faire, elle répond : "C'est facile, il n'y a qu'à...". Et c'est parti pour trois plombes!
Quand elle cuisine, elle a un indicateur de qualité plutôt inquiétant pour ceux qui ne la connaissent pas. Plus elle dit que c'est raté, meilleure est la recette.
Il y a toutefois un plat qu'elle n'aura pas réussi à me faire apprécier : Les endives au jambon. Sans doute réussissait-elle la recette à la perfection!!

Chaque fois c'est le même piège! On se laisse avoir par le magnifique doré du gruyère gratiné qui crépite à la sortie du four. Sous cet appétissant napage, on ne distingue pas encore le teint gris verdâtre du chicon cuit, et on se précipite... Mais à peine la première bouchée avalée, c'est l'horreur. Un choc à vous couper la chique! Un autre indice infaillible devrait nous alerter : l'endive rend de l'eau qui vient tapisser le fond de l'assiette dès qu'on la découpe. On est bien d'accord, ce n'est pas du jus, c'est de la flotte! Je ne sais pas vous, mais moi, je ne supporte pas de manger dans un verre d'eau!
J'ai encore le souvenir précis de cette amertume traînant sans fin dans mon palais, malgré les verres d'eau engloutis après chaque bouchée pour atténuer ce goût désagréable.
Un vrai  plat d'anglais!  Il est vrai que nos amis d'outre manche partagent avec les endives quelques similitudes. D'abord la même blancheur suspecte. Ensuite, ils sont toujours un peu raides et guindés par temps frais et se ramollissent dangereusement et perdent de leur tenue avec la chaleur...
J'arrête là cette mauvaise blague et je conclus d'un seul message personnel dédié au chicon belge : "Endive cuite je te conchie!"


Ps et message aux producteurs d'endives énervés : j'aime les endives crues!

lundi 11 janvier 2010

Il a neigé sur...


Il a un peu neigé en Bretagne ces derniers jours. Je suis un grand garçon. Mais j'éprouve un vrai plaisir à admirer ce manteau blanc, si fin et éphémère soit-il, revêtir ma campagne au Sud et l'asphalte de mon impasse au Nord.
Enfants, nous dévalions régulièrement les champs enneigés, allongés sur des sacs d'engrais vides. Ce spectacle monochrome est devenu si rare ici qu'il en est encore plus beau.
Mais ce qui est le plus dépaysant, c'est ce silence à nul autre pareil. Vous me direz que le silence ne s'entend pas et vous aurez raison. Celui là s'écoute et se savoure. Mes oreilles, protégées par ce voile cotonneux, sont enchantées par cette douce et imperceptible mélodie. Tout est calme, reposé. Le monde environnant semble être en lévitation, baignant sereinement dans un univers douillet et ouatté. Le temps s'est arrêté dans le petit jour argenté. Comme si la planète avait enfin trouvé un rythme de rotation plus raisonnable, presque au ralenti. Je dois rêver. Je sors pour mieux profiter de ce spectacle et pour vérifier sa réalité. A mesure que j'avance, les flocons compactés craquent sous mes pas et creusent derrière moi des empreintes nettes sur le tapis blanc immaculé. Plus rien ne sera comme avant.
Les cris d'excitation des enfants me ramènent à la réalité. Je suis en retard pour le travail. Pas le temps d'une bataille!
En quelques heures, l'asphalte a retrouvé son gris au Nord et, au Sud, la campagne dénudée grelotte à nouveau dans l'air frais de l'hiver.
Ce soir le plic ploc de la pluie sonne mécaniquement à mes tympans comme une rengaine monotone.

Texte du 22/02/2009

dimanche 27 décembre 2009

Le promeneur

J'étais devenu un vieil homme. Les vieux disent toujours aux plus jeunes qu'ils n'ont pas vu le temps passer. J'en étais là de ma vie. Mes enfants étaient déjà loin de leur enfance et je me rapprochais à grand pas de ma déchéance. A bien y  réfléchir, j'y avais déjà mis un pied...
Le matin, dès que je me sentais suffisamment en forme, je sortais prendre l'air. J'enfilais ma veste rouge élimée et je descendais doucement les escaliers de l'immeuble en serrant fort la rambarde. Je n'avais qu'à traverser deux rues pour me retrouver le long du canal. Les mains jointes dans le dos, j'arpentais silencieusement les quais piétonniers. Je repassais le film de ma vie. Parfois je restais bloqué sur un fait précis de mon histoire dont je n'arrivais pas à me défaire. Par exemple ce jour où  ils étaient venus m'annoncer la nouvelle pour Isabelle... Alors, mon regard accrochait rapidement le sol pavé et je me laissais guider mécaniquement, seul, perdu dans mes pensées, les épaules penchées un peu plus en avant.
Par jour de grand froid, de fines larmes s'étiraient lentement depuis le coin de mes yeux rougis.
Parfois aussi certaines anecdotes amusantes refaisaient surface mais mon visage restait impassible.

Photo David Grimbert Improbable Copyright ©
Quand mon souffle se faisait plus court, je faisais demi tour.
Ce matin-là, sur le chemin du retour, l'eau qui coulait à mes côtés avait des reflets presque bleus. Je levai la tête. Mon regard se posa en haut d'un arbre rachitique où restaient accrochées quelques feuilles jaunissantes et inondées de lumière. Elles m'arrachèrent un sourire.
Nous n'étions qu'à l'automne et il faisait encore bon.
Je replongeai dans mes rêveries et je décidai qu'une fois rentré chez moi il serait temps de réouvrir mes albums et de revoir nos souvenirs.

mardi 15 décembre 2009

Mon beau sapin... un triste conte de Noël

Il y a peu de temps encore je resplendissais au milieu de mes congénères. J'étais le plus grand, le plus vert et aussi le plus solide. J'avais grandit là, insouciant, la tête dans les nuages et les racines profondément ancrées dans ce sol accueillant. J'en avais bravé des tempêtes.
Et puis arriva ce jour gris et sans lumière. Ma cîme ployait sous le vent et ma ramure dansait la gigue de façon désordonnée. Je les vis arriver de loin avec leurs épaisses chemises rouges, leurs grosses bottes et leurs casquettes de trappeur. Ils tenaient à la main leur objet de torture dont je pouvais aperçevoir la longue lame. Ils s'arrêtèrent à mon pied. Ils ne parlaient pas beaucoup et je les voyais me tourner autour, prendre du recul, jaugeant de la sorte ma robustesse, ma taille et ma droiture.
Je cherchais à réagir mais j'en fus incapable. J'avais adopté l'attitude d'un résineux résigné...
Ils ne paraissaient nullement impressionnés et se mirent vite au travail. Le bruit strident de leur engin de mort retentit dans le silence environnant.
Je sentis aussitôt la douleur d'une profonde entaille à la base de mon large tronc. Tout se passa très vite. Du travail à la chaîne en somme... Soudain, je me sentis vaciller. J'essayais bien de rester debout encore un instant mais je perdis brusquement l'équilibre. Je basculais dans un grand craquement pour aller rebondir puis me coucher au milieu de mes camarades, spectateurs impuissants de cet abattage en règle. Moi qui hier encore touchait presque le ciel, j'étais là, étendu, embrassant la terre de tout mon corps, les bras en croix. Je faisais la planche... Mes branches furent ensuite découpées une à une et, ainsi privé de mes épines et de ma sève nourricière, je sentis mes veines se vider et un grand froid m'envahir. A présent, j'étais nu, droit comme un I, raide mort dans cette grande forêt qu'autrefois je dominais.

Puis on m'enchaîna, on me traîna dans la boue et un engin terrible m'attrapa sans ménagement, écorchant mon écorce. Mais cela faisait déjà longtemps que je ne sentais plus rien.

On m'emporta loin de mes racines pour un chemin semé d'embûches. On me découpa, je fus raboté, usiné, encollé, on me fit des trous et on m'éparpilla finalement dans différents colis.
Et ce qui devait arriver arriva. Après quelques péripéties, un vulgaire roi du forêt m'assembla façon arbre de salon. En fait, j'avais pris la forme d'une bibliothèque sans style. Je recueillais sur mes étagères une pléiade de livres, pauvres cousins d'infortune. Le traitement pâte à papier qu'ils avaient subi les faisait souffrir de mille maux. Pour la première fois je portais des feuilles, ce qui me posait un problème...  épineux.
Depuis quelques jours, dans le coin du séjour, trônait un petit sapin. Je n'avais pas imaginé que l'on puisse s'attaquer à de si petits confrères conifères. Il était arrivé ligoté dans un filet blanc et une fois libéré, il avait mis du temps à retrouver sa forme naturelle. Il était à présent affublé de tristes guirlandes multicolores. Cette mise en scène pitoyable me foutait les boules. Jour après jour il perdait de son éclat et son teint verdâtre attestait de sa lente agonie. Le sac plastique disposé à ses pieds pour recueillir son futur cadavre, ne serait pas une digne sépulture pour ce petit corps décharné.
Autour de nous la fête battait son plein. Moi, vissé à ce mur, j'assistais au spectacle et j'étouffais. Le feu dans la cheminée me faisait des œillades suicidaires. Je n'avais jamais été aussi triste. Cela faisait longtemps que ne croyais plus au Père Noël...

Pas d'happy-end en ce jour de la fin Sylvestre.

lundi 7 décembre 2009

Un jour de pluie

A peine avais-je mis le nez dehors, que je fus saisi par un froid humide. Je frissonnai. Une pluie fine tombait insidieusement. Je n'avais marché que quelques minutes et j'étais déjà trempé. Mon fidèle caban n'était plus tout à fait imperméable. J'étais parti rapidement de chez moi et j'avais malheureusement sous estimé les précipitations. Je pressais le pas.
Alors que j'allais rentrer encore un peu plus ma tête dans mes épaules, j'aperçus, de l'autre côté de la rue, une élégante silhouette féminine vêtue de noir, au dessus de laquelle dansait un grand parapluie rouge. La jeune femme marchait vite, elle courait presque, sautant les flaques avec légèreté. Elle s'engouffra dans la bouche de métro en dévalant les marches avec la souplesse d'une danseuse. Elle avait l'air belle, en tout cas elle m'intriguait. Pour l'instant et malgré ce dédale de couloirs, nos routes se suivaient.
La rame arrivait et nous pressâmes le pas pour ne pas rester à quai. Je la perdis du regard dans ce flux et ce reflux désordonné. Je m'adossai dans un coin. Je la cherchais du regard dans ce déprimant mélange humain. Je la localisai enfin. Elle était assise à l'autre bout du wagon sur un petit strapontin. Elle rassemblait ses longs cheveux bruns pour les attacher en queue de cheval. Je n'arrivais pas à apercevoir son visage.
Le métro commença sa remontée abandonnant la pénombre pour prendre l'air et la lumière du jour. Une respiration. Je regardais dehors, la tête dans les nuages. De grosses gouttes s'accumulaient sur la vitre. Elles glissaient, entraînées par la vitesse, formant de longues traînées humides. Dehors tout était gris et flou.
Un soubresaut me ramena à la réalité. Les portent s'ouvrirent. Mon inconnue n'était plus à sa place. Je me précipitais dehors, manquant de chuter sur le sol glissant.
Je vis juste le haut de son parapluie rouge disparaître dans les escaliers au bout du quai. Je courus pour la rattraper. Elle avait déjà traversé la rue et je me jetai sans réfléchir à sa poursuite. Un scooter venu de nulle part fit une belle embardée pour m'éviter. Je m'étais à peine arrêté et je n'entendis pas les noms d'oiseaux dont me gratifia le motard.
Enfin, mon regard retrouva la silhouette élancée. Je la suivais à distance tout en réfléchissant. Aurais-je le courage de l'aborder? Qu'allais-je trouver d'original à lui dire? Qu'allait-elle penser de moi? Qu'est ce qui m'avait pris, moi d'habitude si timide?
La pluie redoublait d'intensité.
Elle tourna à l'angle d'une rue et je la perdis une nouvelle fois des yeux. Je trottinais pour refaire mon retard et alors que je prenais mon virage avec précaution, je la vis face à moi. Elle m'attendait, immobile. Je m'arrêtais maladroitement. J'étais stupéfait et totalement pris au dépourvu. Elle était grande, son visage était fin et bien proportionné. Nullement impressionnée, elle me questionna un peu sèchement :
- Que me voulez vous?
Je ruisselais et j'étais essoufflé. Dans un élan de courage, venu de je ne sais où, je parvins à lui répondre :
- Vous m'avez fait peur! Mais vous tombez bien, je commençais à prendre l'eau. Puis-je abuser de votre abri?
Elle me regarda l'air amusé et me rétorqua sans détour :
- Arriverez-vous à me suivre?

lundi 23 novembre 2009

Awardisé par une Duchesse!


Un grand merci à Anne Laure d'avoir pensé à moi pour ce petit jeu.
En voici les 7 règles d'or:

1. Remercier le gentil camarade de blog.
2. Copier l'image ci contre.
3. Mettre le lien du blog qui régale en évidence.
4. Raconter 7 choses inconnues sur soi.
5. Faire l'offrande à 7 amis bloggers.
6. Ajouter leur lien dans ses favoris.
7. Leur annoncer qu'ils doivent à leur tour se dévoiler, et ...partir en courant!
Alors voila mes confidences :


  1. Quand j'étais petit, en jouant au foot à la récrée, j'ai éclaté les lunettes d'un instit et une autre fois j'ai envoyé une praloche dans les seins de la directrice transformant les deux supposés obus en véritables oeufs au plat... Je possède donc, en plus d'un sens aigu de la poésie, d'une bonne frappe de balle. Mais comme dit l'adage : "Sans maîtrise, la puissance n'est rien..."
  2. En ce moment sur la route du travail le matin, j'aime écouter du jazz clarinnette swing charleston. Vous voyez le genre? Désolé, je n'ai pas d'exemple sous la main là. Bonne humeur garantie!
  3. J'ai un petit faible pour les bonbons. Il m'arrive d'en piquer à mes enfants sans aucun état d'âme. Passées les premières fois où, incrédules, je leur faisais croire que les bonbons s'étaient volatilisés, ils ont depuis vite fait d'identifier le coupable! 
  4. J'ai horreur des chaînes. Celle ci m'amuse.
  5. J'aime les choses et les gens simples. Je suis quant à moi parfois un peu compliqué...
  6. J'aime admirer la mer en furie (depuis la plage au chaud dans un gros manteau).
  7. Sans générer autour de moi un sentiment de jalousie, j'aime bien bricoler mais j'ai en horreur de poncer du plâtre avant de peindre ARGHHHH!! Rien que d'y penser ça me fout de sale poil. Pour les tringles à rideau, je vous laisse entre les mains d'un spécialiste...

Eh oui j'ai une vie passionnante chers amis!
Et comme en plus d'être curieux je suis partageur, et que j'apprécie beaucoup :  Yann, Ladyblogue, Bouille de Grenouille, Balmeyer, Miss Rainette, Aude de Nectar du Net et pour finir le père Vinvin, rien de moins, je leur offre à mon tour mes lauriers et la possibilité de nous dévoiler un peu de leur personnalité!
Aller au boulot les amis, si le coeur vous en dit!
A bientôt

mardi 17 novembre 2009

La Surprise (4/4)

Je me laissai guider à l'intérieur de l'appartement où régnait toujours un calme inquiétant. Mon hôte ne disait pas un mot, je percevais juste sa respiration mesurée. J'étais dans un état second et je n'osai pas rompre ce lourd silence. Une épaisse moquette amortissait le bruit de nos pas, seul le froissement de nos vêtements était perceptible. La nonchalance avec laquelle je me laissais faire me surprenait. La main qui m'avait jusque là accompagné, se détacha délicatement de mon avant bras et soudain un bruit de pas fit craquer un plancher en bois. J'étais là, planté comme un piquet, ne sachant quoi faire de mes bras. Mon coeur tambourinait furieusement à mes oreilles. Une voix féminine qui m'était inconnue se fit enfin entendre :
- "Vous pouvez libérer vos yeux Simon".
Je détachai aussitôt le foulard aux délicieuses senteurs et je dus attendre que mon regard se fut habitué à la lumière ambiante pour découvrir la personne qui m'avait conduit jusqu'ici. Une belle femme brune vêtue de noir me faisait face. Elle était grande, plutôt mince, et un sourire amusé se dessinait sur ses lèvres. Son visage allongé et élégant me disait quelque chose mais bien qu'ayant quelques ressemblances avec Louise, je ne connaissais pas cette femme. La même allure élancée peut-être...
 "Qui êtes-vous ? lui demandai-je la fixant droit dans les yeux.
- Mon nom est Louise, vous ne vous rappelez donc pas?" me répondit-elle soudain sérieuse.
Elle jouait la comédie à merveille.
"Je me souviens de Louise dans les moindres détails, et je ne crois pas que nous nous connaissions.

- Tiens donc, vous êtes perspicace cher ami! Remarquez, vous même, vous ne ressemblez que d'assez loin à la description que l'on m'a faite de vous... Qu'est-il arrivé à votre oeil?" me répondit-elle avec malice alors qu'elle s'allongeait pratiquement dans un petit canapé rose pâle.
Sur le mur derrière elle trônait un immense miroir dans lequel se reflétaient ma silhouette longiligne et mon visage amoché. Je n'étais pas très à mon avantage.
Je restais sans voix.
- "Asseyez-vous donc mon cher."
Je trouvai refuge dans un fauteuil club aux confortables rondeurs.
Nous nous trouvions dans un salon baroque où le fushia et le gris anthracite contrastaient fortement. De lourds rideaux occultaient les fenêtres et une lampe discrète ainsi que plusieurs bougies diffusaient une lumière tamisée.
"Pourquoi m'avez-vous fait venir jusqu'ici?
- Vous le saurez bien assez tôt Simon. Puis-je vous offrir à boire?
- Pas avant de m'avoir dit qui vous êtes et ce que je fais ici.
- Je m'appelle Elisa, je suis la soeur de Louise. Et vous savez aussi bien que moi ce que vous faites ici."
J'essayai tant bien que mal de conserver mon flegme pour ne pas trahir ma surprise.
Elle s'empara d'une carafe à Cognac sur une petite table basse à côté d'elle pour en remplir deux grands verres.
 "Louise m'a dit que vous aimiez les alcools forts.
- Nous ne jouons pas à armes égales. Que vous a-t-elle dit d'autre à mon sujet?
- Elle m'a tout raconté, dans les moindres détails.
- C'est avec elle que j'avais rendez-vous ce soir. Où est-elle?
- Elle n'est pas ici. Elle m'a chargé de vous dire de vive voix qu'elle ne voulait plus jamais vous voir. Elle veut se protéger. C'est moi qui vous ai fait venir.
- Pourquoi tout ce mystère?
- Cette mission n'était pas très enthousiasmante. J'ai décidé d'en faire un moment amusant. me dit-elle en éclatant de rire.
- Je suis ravi de vous procurer un tel plaisir, mais j'ai peur de ne pas pouvoir le partager.
- La soirée ne fait que commencer Simon. Ne soyez pas déçu." répliqua-t-elle avant de poser sensuellement ses lèvres rieuses sur le rebord de son verre tout en me dévisageant d'un regard profond.
Le cognac réveillait mes sens et le charme subtil de cette étonnante inconnue faisait doucement son effet.
Je baissai la garde.
 "Qu'attendez-vous de moi à présent?
- Avez-vous apporté la clé Simon?" dit-elle en décroisant lentement les jambes.
A cet instant précis, une voix sensuelle venant de derrière moi vint rompre le silence.
- "Bonsoir Simon."
Je me retournai aussitôt pour voir apparaître Louise, avançant vers moi de sa démarche féline, un large sourire illuminant son visage. Son corps parfait et sa poitrine généreuse étaient magnifiquement mis en valeur par une longue robe échancrée aux épaules et, devant elle ses mains étaient curieusement jointes par deux bracelets aux reflets argentés. Je n'en croyais pas mes yeux.
Je la suivai en la dévorant du regard et alors qu'elle me faisait face, je remarquai à peine qu'Elisa avait disparu.
- "Mon cher Simon, je crois bien que cette coquine d'Elisa vous a joué un vilain tour! Libérez moi et amusons nous, à moins que vous aimiez ce genre de jeu... Nous n'avons que trop attendu."

FIN

vendredi 30 octobre 2009

Le rendez-vous (3/4)

J'hésitai à dévaler les escaliers pour essayer de rattraper le messager inconnu. J'allais m'élancer à sa poursuite quand je me souvins de l'état dans lequel je me trouvais. Un coup d'oeil dans le miroir de l'entrée me fit en effet apparaître un bien triste spectacle. Sous mes yeux fatigués, une pommette boursouflée ornait mon visage. L'ecchymose avait une drôle de couleur et témoignait du choc encaissé la veille lors de mon éviction musclée. Mon nez, égratigné par quelque surface abrasive, avait également dû saigner généreusement puisque ma chemise blanche était maculée de tâches rouge sombre. Mon pantalon de soirée était déchiré au genou gauche et moucheté d'éclaboussures douteuses. Pour couronner le tout, je ne sentais pas la rose et j'avais mal à un coude.
Aussi, décidai-je de rester sagement chez moi pour me remettre d'aplomb et soigner mes blessures.

Je me penchai donc pour ramasser l'enveloppe.
Elle était plutôt épaisse pour ne pas dire dodue. Je déchirai délicatement le papier kraft pour y découvrir un long foulard de soie noire qui diffusait la fragrance enivrante qui émoustillait mes sens depuis trop longtemps. J'y trouvais également un papier à lettre sur lequel un petit mot était inscrit. Une belle écriture féminine aux courbes déliées avait écrit le message suivant :
"Rendez-vous ce soir 21 heures, 3 place des Archers, 1er étage appartement de droite. Bandez-vous les yeux avec l'accessoire ci-joint puis frappez trois fois. Je serai là. 
Louise.
PS : N'oubliez pas la clé"
Je n'avais pas remarqué la présence d'une clé dans l'enveloppe que je m'empressais de retourner. Un objet métallique ricocha sur le sol. C'était une petite clé argentée dont le format m'était tout à fait inconnu.
J'étais totalement dérouté à l'idée que Louise puisse revenir à la surface de cette manière. Depuis notre unique rencontre, qui avait suffi à me tourner la tête, la belle m'avait toujours évité. Elle qui envoûtait mes nuits, venait mystérieusement jusqu'à moi pour m'attirer à nouveau dans ses filets.
Je me trouvais dans une situation inédite et pour le moins étrange. Bien qu'un peu inquiet, j'étais également impatient et curieux de me livrer à cet étrange petit jeu avec elle. Je voulais la  revoir et découvrir son mystère, quelqu'en soit le prix à payer.
Je me glissai sous la douche brûlante pour reprendre mes esprits et débarrasser mon corps des stigmates de la veille.
Puis je passai le reste de la journée à tourner en rond et à attendre que l'heure du rendez-vous approche enfin. La grande aiguille de l'horloge de la cuisine avait profité de ce long moment pour rivaliser de lenteur avec sa petite soeur. Pendant tout ce temps, j'avais pu m'imaginer toutes sortes de situations pour ce rendez-vous inespéré. A présent que le taxi m'emportait vers la destination indiquée, je priais en silence que seules les plus agréables d'entre elles se réalisent.
Le taxi me déposa devant un immeuble cossu. Le numéro 3 surmontait une imposante porte en bois qui arborait une belle couleur rouge sang. Mon coeur battait la chamade. Je me décidai à pousser la lourde porte cochère. Depuis le hall d'entrée, un magnifique escalier en colimaçon s'enroulait vers les étages supérieurs. Je commençai à monter les marches une à une, en prenant soin de réguler ma respiration déjà malmenée par le stress.
Le premier étage arriva vite et sans hésiter, je tournai à droite pour me trouver face à une porte d'appartement. Sans plus réfléchir, je fouillai ma poche pour en sortir le foulard de soie noire avec lequel je me bandai les yeux.
Je frappai les trois coups et j'attendis. Rien ne se passa. Je ne percevais aucun bruit. J'étais là, ridicule, planté comme un piquet devant cette porte inconnue, et ces secondes d'attente dans le noir complet m'étaient insupportables. J'avais fait une erreur de me rendre ici. Alors que j'allais libérer mes yeux de leur obscurité et rebrousser chemin, un déclic se fit entendre et un long grincement m'indiqua que la porte s'ouvrait lentement.
Un courant d'air frais balaya mon visage et parcourut mon échine avant de pénétrer jusqu'au plus profond de mes entrailles. Puis une main se posa fermement sur mon bras pour m'emporter à l'intérieur...

mardi 13 octobre 2009

L'enveloppe (2/4)

Je ne sais plus vraiment comment j'avais réussi à rejoindre mon refuge cette nuit là.
J'avais dû traîner ma carcasse meurtrie dans les rues froides de la ville endormie. Des passants attardés avaient sans doute croisé une silhouette fantomatique. J'avais certainement divagué en mode automatique, indigne, le regard vissé au trottoir, rasant les murs, perdant l'équilibre, enlaçant des lampadaires distraits, narguant le caniveau d'assez près jusqu'à embrasser goulûment quelques bouches d'égouts aguicheuses.
Comme par enchantement, je m'étais retrouvé devant la porte de mon appartement.
Contrairement à Louise, mon lit, lui, ne s'était pas dérobé quand il avait vu apparaître mon corps affaibli. Au moment où mes forces m'abandonnaient pour de bon, il m'avait délicatement recueilli. J'avais directement sombré dans les bras de Morphée, comme si l'édredon douillet avait absorbé le moindre de mes souvenirs.
Puis j'avais dormi d'un sommeil agité. J'avais eu chaud et les vêtement que je n'avais pas pris le temps de retirer, entravaient mes mouvements. Mes membres s'étaient empêtrés dans les tissus de ma literie. Mon estomac nauséeux avait maudit mes excès d'alcool. Régulièrement ma bouche desséchée avait réclamé de l'eau et ma tête avait supplié l'étau qui la comprimait de desserrer son étreinte.
Ma nuit fut jalonnée de rêves torturés dans lesquels Louise incarnait le personnage central. Elle faisait preuve à mon égard d'une éprouvante cruauté.

Je me souviens d'une scène où elle apparaissait devant moi, lascive, vêtue d'une tenue raffinée mais pour le moins suggestive. Je me tenais assis sur une chaise inconfortable au beau milieu d'un pièce dénudée elle aussi. Elle me tournait autour dans une sorte de danse envoûtante, voluptueuse et hypnotique. J'étais incapable de la lâcher des yeux tant elle était désirable. Elle semblait si proche et pourtant inaccessible. Alors que mon corps entier et mes mains se tendaient pour tenter d'effleurer son corps parfait, elle m'interdisait ce plaisir d'un violent coup de badine sur les avant bras. Je me recroquevillai de douleur. Elle me jaugeait alors d'un air sévère et dédaigneux avant de me tourner le dos et de disparaître dans son mystère, m'offrant en spectacle le délicieux balancement de ses hanches et la sublime courbe de ses fesses.
Plusieurs fois je m'étais réveillé en sursaut, les poings serrés, dégoulinant de sueur, assoiffé, avant de sombrer vers d'autres supplices frustrants que la belle m'infligeait.
Tard dans la matinée une envie pressante me tira de mes songes malsains. Je m'arrachai de mon lit et je me traînai jusqu'aux toilettes où je me soulageai abondamment.
Alors que j'engloutissais une demi bouteille d'eau fraîche pour étancher ma soif et avaler un Doliprane 1000 dans la cuisine, j'entendis du bruit derrière la porte d'entrée. Aussitôt le tintement de la sonnette carillonna dans le silence environnant.
Je restai immobile et silencieux, ne donnant aucun signe de vie. Je n'attendais personne.
Je portais toujours mes habits de la veille qui, comme moi, n'étaient plus d'une grande fraîcheur. Aussi hésitai-je à ouvrir ma porte. Je me décidai finalement à zieuter en douce le visiteur surprise par le judas. Alors que j'approchais mon visage de la porte, une odeur fétide m'agressa soudain les narines. Il me fallut quelques instants pour me rendre à l'évidence que mon haleine n'avait rien à envier à celle d'un cheval malade. Je retins donc mon souffle et j'écarquillai les yeux pour voir qui me rendait visite.
A mon grand étonnement, la lumière du palier éclairait un petit chien apeuré assis sur ses pattes arrières. Je me frottai les yeux pour me les remettre en face des trous et regardai à nouveau par l'œilleton. Le noir complet avait repris possession des lieux. Saloperie de minuterie!
Sans plus réfléchir je décidai d'ouvrir la porte. Le chien avait disparu.
Une enveloppe m'attendait sur le paillasson. Dans l'air flottait un doux parfum qui ne m'était pas inconnu...

lundi 21 septembre 2009

En attendant Louise (1/4)

Cela faisait déjà quelques mois que nos chemins s'étaient croisés. Nous n'avions fait que nous effleurer, une seule fois. Depuis tout ce temps, je n'avais pensé qu'à elle.
Quand j'avais accepté l'invitation, le souvenir de son parfum enivrant était aussitôt venu réveiller mes sens. Je savais qu'elle viendrait.
Avachi dans ce caniveau, reniflant à plein nez la pisse des autres et mes propres effluves écoeurantes, je commençais à avoir quelques doutes...
Le costume seyant que j'avais enfilé quelques heures auparavant n'avait plus la même tenue. Moi non plus d'ailleurs.


Je m'étais donc rendu à cette soirée avec pour seul espoir d'y retrouver Louise.
Tandis que je guettais son arrivée, je m'efforçais de faire bonne figure. Mes verres se remplissaient à mesure que je les vidais. Je laissais couler, incapable de contrôler ce flux incessant. Mais à mon désespoir, la charmante Louise ne venait pas.

Peu à peu, les bulles réchauffaient mes joues, déliaient ma langue et réjouissaient mes neurones.
Finalement, tout allait plutôt bien. J'étais occupé à paraître. Je parlais fort, riais à gorge déployée, souriais alentour, grignotais poliment, monopolisais l'attention, brillais, bref je faisais le beau. Si seulement Louise pouvait admirer le spectacle.

La soirée avançait et mes yeux s'égaraient peu à peu vers les formes que les invitées suggéraient à mon regard. Les robes frôlaient les courbes, les bouches s'entrouvraient, les joues s'empourpraient, les jambes s'élançaient, les cheveux caressaient les épaules, les nuques frissonnaient, les boucles d'oreilles pinçaient des lobes sans défense et les décolletés plongeaient sur de délicieuses promesses. Certaines femmes jouaient de leurs charmes sans retenue, d'autres paraissaient plus délicates et inaccessibles. Mon imagination faisait le reste. L'alcool et les rondeurs m'émoustillaient.

Louise ne viendrait pas. Mes propos perdaient de leur légèreté et de leur finesse. Je m'égarais.
Cela devait commencer à se voir et certains regards qui m'étaient destinés avaient perdu de leur sympathie et témoignaient d'un début d'agacement. L'assistance n'était plus sous le charme. Je m'en voulais et maudissais l'absence de Louise. Je déambulais bientôt d'un groupe à l'autre livrant à haute voix mes pensées les moins avouables. Mon attitude devenait inconvenante mais je ne m'en souciais guère. J'avais lâché prise et naviguais seul dans un autre ailleurs.
Aussi, quand la maîtresse de maison s'approcha de moi pour me glisser à l'oreille qu'il fallait songer à me faire plus discret, je réagis fort mal. Mon orgueil était touché et je décidai de quitter les lieux. C'est en titubant que je saluai la dame en la traitant de vieille salope mal baisée, criant ma rage et ma frustration aux convives médusés.

Son charmant mari me raccompagna à l'extérieur d'une main ferme avant de me congédier d'un uppercut massif qui mit un terme à cette triste soirée.
Je me trouvai seul et meurtri, vomissant mes excès sur la chaussée humide et malodorante.
Le visage de Louise me revint soudain à l'esprit.
A cet instant précis, le souvenir de son parfum avait une toute autre saveur...


lundi 7 septembre 2009

Fichu pour fichu

Ma fille est en grande section de maternelle. Elle a les cheveux coupés au carré. Elle porte très souvent un fichu pour maîtriser sa jolie tignasse. C'est très pratique.
Le matin de la rentrée elle me dit que les fichus sont interdits avec sa maîtresse. Dans la précipitation du moment j'entends sa remarque d'une oreille distraite, occupé que je suis à vérifier que tout le monde est prêt pour le grand jour. Je n'ai évidemment pas le temps d'imaginer une autre coiffure pour la miss... Je fourre la clique dans la voiture direction l'école où tout se passe comme sur des roulettes. Je redescends enfin en température après le détour par la crèche.
Ce soir ma femme me confirme que la maîtresse ne veut pas de fichu sur les têtes des petites filles. Ben oui, c'est parce qu'elle ne voit pas leurs cheveux! C'est vrai qu'ils sont beaux mais c'est un peu léger comme explication... D'ailleurs, elle doit faire une fixette car elle n'aime pas non plus que les garçons mettent du gel. On pourrait parler d'une obssession quasi permanente...
Bref, ma femme cherche à comprendre, questionne. On arrive enfin à l'explication : "Nous sommes dans une école laïque et les fichus ressemblent aux foulards islamiques". Or, les symboles distinctifs religieux sont interdits à l'école depuis 2004.
Je tombe des nues. Je ne suis pas fortiche en religion mais je ne connais pas bien celle dont le signe ostentatoire d'appartenance est le fichu " Papa pique et maman coud" . La maîtresse, elle, ne voit pas bien la nuance.
Manifestement on est en plein délire. La dame est un peu rigide mais là on frôle la catalepsie. Et l'argument complémentaire "les casquettes sont bien interdites" ne m'arrache qu'un sourire désabusé. Aucun rapport.
Bon elle doit savoir qu'elle est un peu"border line" sur l'affaire car elle n'interdit pas formellement de porter cet accessoire. Elle insiste juste très fortement pour que les fillettes n'en mettent pas. Pour le coup on est dans la nuance.
J'ai bien envie faire monter la sauce en local et de lui défriser son brushing mais je vais m'en garder pour préserver ma fille d'éventuels dégâts collatéraux.
Du coup, elle autorise les bandeaux. J'espère qu'elle aime bien John RAMBO...

Une bien belle histoire de la vraie vie, un poil tirée par les cheveux n'est-ce pas?

samedi 29 août 2009

Monsieur connard à l'hôpital

Hôpital de jour. Retour dans la chambre. Ma petite fille dort à poings fermés encore sous l'effet de l'anesthésie.
Dans le lit d'à côté, une jolie petite fille d'environ 5 ans se réveille. Seule. Elle a de beaux cheveux noirs et des yeux presque aussi sombres.
Elle et ma fille viennent de passer le même examen.
Nous attendons un quart d'heure. Sa mère arrive enfin dans un grand fracas vocal. Dans son sillage elle traîne Franz. Franz c'est la trentaine, une sorte de "moustache bouc" du plus bel effet, des cheveux ras ornementés de lunettes de soleil, un pantalon de treillis, une polaire marron (c'est l'été en Bretagne...), un regard dur sans rien derrière. Bref le genre pas commode, limite mauvais. Difficile de faire le lien entre lui et sa fille.
Le mec parle aussi fort que sa copine. Juste à côté, ma fille dort.
Le médecin arrive relax pour expliquer que les résultats de l'examen ne sont pas inquiétants. Franz lui pose des questions sur un mode agressif. Franz s'énerve car les réponses du médecin semblent ne pas correspondre à ce qu'il aurait souhaité entendre. Franz a dû faire des recherches approfondies sur le Net... Et Franz est du genre à taper quand il est en désaccord.
Le médecin s'en va en rappelant qu'il faut attendre un peu avant que la fillette mange et puisse sortir.
Mais ça ne convient pas à Franz qui est très pressé de partir. La fillette a faim et veut du gâteau au chocolat que sa mère vient d'aller acheter à la cafétéria. Elle lui en donne une part.
L'infirmière arrive avec le goûter et constate impuissante que la fillette arbore un beau sourire chocolaté.
De son côté, Franz est au taquet. Il fait les 100 pas entre le couloir et la chambre attendant que sa fille mange. Mais ça n'avance pas assez vite à son goût! La mère sous pression engueule sa fille en lui fourrant des cuillèrées de petit suisse dans le gosier. Le père va et vient en mode psychopathe, répond au téléphone, claque des doigts, tape du pied pour montrer son impatience.
La mère lève la fillette et constate qu'elle titube. Elle annonce à Franz : "Tu vas devoir y aller tout seul Franz".
Franz arrive ausssitôt le regard noir : "C'est du chiqué ça! On est des costauds dans la famille! Allez mets tes chaussures". Ben ouais c'est vrai quoi! Quand il a fallu endormir Franz pour opérer sa hernie, on a dû lui mettre double dose...
La petite elle, est encore dans le cirage.
Nous assistons à la scène, estomaqués. Je rêve d'aller défoncer le crâne vide de Franz. Mais je ne suis pas courageux.
Pour passer le temps, Franz est parti traquer l'infirmière pour qu'elle les autorise à mettre les voiles. Mais elle est occupée. Du coup la mère décide d'arracher les électrodes de contrôle du torse de sa fille.
Ça gueule encore un peu. Notre fille se réveille.
Rien à foutre. D'ailleurs on se casse, on est seuls au monde, sûrs de nous, ignorant la masse de connerie dont nous irradions notre entourage.
Une pensée pour cette petite fille qui va devoir grandir avec ses abrutis de parents.

Si un jour le monsieur passe lui aussi une IRM, pas évident qu'on puisse y voir autre chose que sa connerie. Tiens, j'imagine sans peine le constat du radiologue : "Plus con tu meurs!"

PS : Au fait, tout va bien, merci.

lundi 15 juin 2009

Week-end saucisse à Paris

Aéroport de Quimper, départ pour Paris.
Ici tout est riquiqui : le parking, l'aérogare, la file et le temps d'attente pour l'enregistrement, la salle d'embarquement, et c'est très agréable. L'avion lui même n'est pas bien grand. C'est un Canadair. D'habitude ils font des avions pour éteindre les incendies. C'est amusant mais ce matin là il pleut...
Je grimpe les quelques marches de l'escalier pour monter dans ce petit appareil, sorte de mini "saucisse volante". Tout le contraire de l'hôtesse qui me souhaite la bienvenue à l'entrée. Dans le couloir, je baisse la tête pour éviter de caresser le plafond qui est aussi bas à l'intérieur qu'à l'extérieur (météo oblige) et je m'insère dans mon siège côté fenêtre. Ce coucou m'offre un nid douillet! Le vol se déroule tranquillement. Atterrissage en douceur dans un style épuré (quoi de plus normal pour une saucisse volante, hum hum).
Plus tard, je retrouve mon petit frère qui m'a offert une place pour le concert d'AC/DC. Nous nous rendons ensemble au Stade de France via le RER B. Le trafic est perturbé à cause d'une
grève. Le train semble déjà être à saturation quand nous entrons avec difficulté dans la rame. Mais je sous estime la capacité d'ingurgitation de l'engin. A chaque arrêt il en grimpe plus qu'il n'en sort. Très vite je n'ai plus besoin de me tenir, mes voisins directs amortissent les à coups de conduite. Nous sommes imbriqués les uns dans les autres, nous formons un tout en mouvement version compression de César. Je lévite ou plutôt je dérive dans quelques mètres carrés au gré des va et vient. Je suis plus comprimé qu'une Knacki dans un paquet de 10. Comme elle, je baigne rapidement dans mon jus. La chaleur est étouffante, il n'y a pas d'air. Dans ce chair à chair, de délicates effluves s'entremêlent : "S'il vous plait Mr, baissez les bras" demande fermement une dame black à un "congénère". Lequel a pénétré dans le wagon à grands coups de boutoir et est venu incruster ses aisselles sous les délicates narines de la dame. Il s'exécute avec difficulté, prenant la chose avec humour.
Ça s'engueule et ça pousse un peu plus à chaque arrêt. Je ne suis pas loin de la crise "d'agoraclaustrophobie" et j'envisage de me tirer de ce parc à bestiaux avant notre destination finale. Partir en courant me semble être la meilleure alternative pour me rendre au concert d'AC/DC. Mais je continue (1).
La tension monte et je serre les dents pour rester dans l'ambiance.
La rame finit enfin par vomir son trop plein de matière humaine malaxée et nous expulse sur le quai dégoulinant de sueur.
Petite pensée au passage pour celles et ceux qui subissent cela au quotidien.
Pour me remettre de mes émotions et parce que mon estomac a retrouvé sa forme naturelle, je m'offre un sandwich... saucisse. Ainsi rassasié je me hisse aussitôt au sommet du stade où je profite du concert avec le brother qui arbore un magnifique tee-shirt collector du groupe. Angus Young est au taquet et fait corps avec sa Gibson SG. Le son laisse un peu à désirer mais le moment est unique. Dans le métro pour le retour les gens se causent et l'ambiance est carrément bon enfant. Extra!
Lendemain, ballade autour des Halles, trattoria italienne, expo Kandinski. Un moment de culture (choisi celui là) avec des couleurs magnifiques et des formes en veux-tu en voilà. J'adore! Je corrigerais juste un des crédos du peintre : "Le cercle est la forme qui tend le plus vers la quatrième dimension", mais le moyen le plus sûr de s'y rendre est encore le RER. Bref.
Soirée chez un cousin qui gère un château pour séminaire de luxe dans la Brie. Grande classe, vie de château, champagne, saucisson, grands crus, côte de boeuf, saucisses (eh oui!), débats d'idées, puis petit dodo dans des draps douillets. Demain c'est dimanche.
Le train matinal nous ramène à Paris fatigués. Petit déjeuner puis déambulations le long du canal Saint Martin. Mon frère réalise que le verbe écluser a plusieurs significations! Nous enfourchons ensuite des Vélibs pour une tranquille ballade le long de la Seine.
Pasta au pesto et puis basta, retour au bercail en saucisse volante.

La belle vie quoi!

(1) Le nom « AC/DC » viendrait d'une suggestion de Margaret Young, la sœur d'Angus et de Malcolm, qui a vu ce sigle au dos d'une machine à coudre de marque Singer. AC/DC est le sigle pour alternating current/direct current, soit, en français, « courant alternatif/courant continu ».
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