mercredi 9 mars 2022

L'exode

 

Hier matin je suis tombé sur cette photo à la Une du site internet du Monde, puis dans Libération. J’ai immédiatement été saisi par la puissance de cette image qui m’a hanté toute la journée. Je la trouve si intense et si belle alors qu’elle montre une réalité d’une tristesse infinie.
Prise le 7 mars 2022 par
Dimitar DILKOFF, elle illustre l’exode forcé de la population ukrainienne qui ici, fuit la ville d’Irpin. Située à 15 km au nord-ouest de Kiev, cette ville subit les bombardements incessants de l’armée russe.


Les visages sont graves et fermés et on y devine à la fois de la colère, de la résignation, et de
l’abattement. Pas un seul sourire… Évidemment.
Un matin alors qu’ils étaient pris pour cible et tiraillés, ils ont dû quitter leurs maisons à la hâte et parfois aussi leurs proches, emportant avec eux l’important et l’utile dans de simples sacs. On n’emporte pas sa vie dans un sac.

On devine le déchirement qui doit déglinguer leurs entrailles.

Pour l'instant, ils sont à l’abri sous un pont dont la structure massive style bloc de l'Est, les protège des bombes. Ils attendent le prochain convoi qui les mènera, loin de l'horreur, loin de chez eux. Question de survie. Avant cela il faudra traverser le fleuve et ce ne sera pas simple car juste après, le solide pont est totalement détruit.

Un caddie est à l’abandon. Les canons grondent. Ailleurs le Monde inquiet consomme, ici le pays violé se consume. Contraste.

Au fond à gauche, sur un pilier, le dictateur sanguinaire Vladimir P. un Minion veille cyniquement au bon déroulement de son crime, version œil de Moscou.
Dans un film de 2015, les Minions sont de petites créatures dont le seul but est de … servir les méchants les plus ambitieux de l’histoire ! Coïncidence…


Sous le noir de la chape de béton armé qui semble peser des tonnes sur les épaules des innocents, percent malgré tout des touches de couleurs vives, petites lueurs d’espoir auxquelles il faut bien s’accrocher. Liberté.


jeudi 7 mai 2020

Balade à Dinard



Dinard plage de l'écluse. La promenade Pablo Picasso a pour décor une enfilade de cabines de plage portant les noms d'artistes de cinéma, festival du film oblige. Je m'arrête devant celle de Monica Bellucci, n'osant pas frapper. Je poursuis mon chemin à l'abri du vent en empruntant le sentier des douaniers. Je longe la côte ici constituée de hauts rochers sombres et suintants.


Le chemin de béton que je foule à présent porte les stigmates des dernières tempêtes. Il en manque parfois des morceaux qu'on retrouve éparpillés aux alentours.
Au dessus presque en surplomb, trônent de majestueuses villas endormies. On imagine la beauté du panorama visible depuis les fenêtres ou les verrières de ces demeures suspendues. L'architecture est élégante, les toitures d'ardoises sont élancées, les boiseries joliment peintes et les murs de granit bordés de briques rouges semblent solides. Il faut au moins ça pour abriter les fortunes et préserver la quiétude des capitaines d'industrie. Horizon dégagé. D'abrupts escaliers permettent un accès direct à la Manche. Privilèges. D'immenses pins se dressent comme des figures de proue. Les jardins sont des parcs. Ou des musées. Posée sur un haut tronc d'arbre mort, une énorme pierre oblongue joue les équilibristes donnant l'impression d'une grosse ruche sauvage. C'est spectaculaire mais moche. La nature aurait mieux fait les choses. 
Je croise des gens polis comme des galets qui me disent bonjour. La marée découvre petit à petit de jolis bancs de sable. La mer s'en va bien loin par ici. Après sa colère des derniers jours elle est sage aujourd'hui et retrouve peu à peu sa superbe couleur émeraude. En contrebas de la promenade, pieds nus, des mamies "tai-chi(ent)" avec élégance sur la plage. Étonnant.

J'accède bientôt à une petite plage bordée de cabines ensablées jusqu'à mi hauteur. Le sable est aussi doré que les cartes Gold des résidents du secteur. Un bruit répétitif agresse soudain mes oreilles. Je me demande quel type de staccato est-ce? Un pivert (de rage) énervé? Un martin pêcheur? Non c'est le ramdam d'un marteau piqueur... C'est la saison des travaux et dans les villas, les ouvriers triment vue mer... Ce n'est pas le Pérou mais c'est déjà ça. Au large, fendant la mer d'un sillon d'écume, el Condor passa vogue direction Jersey.
Je fais demi tour en remontant par le boulevard de la mer. C'est encore plus calme. Les haies sont taillées au cordeau. L'odeur des mimosas me surprend, il fait doux et il n'y a plus personne. Ça sent la station balnéaire endormie et la retraite dorée. Derrière les grilles en fer forgé, les demeures hibernent attendant le retour des beaux jours et des estivants. Les camélias en fleur égayent les jardins où sont parfois garées, de belles décapotables ou d'imposantes voitures hybrides... Quelques rares villas abandonnées rajoutent au charme de l'endroit.
Je passe devant la villa "Les Roches Brunes" qui domine la petite baie. C'est beau comme un symbole trop rénové.
Je termine mon agréable ballade dans ce havre de paix distingué et une chose me manque. C'est délicat, c'est élégant, c'est propre mais ça ne sent pas le goémon ni la marée comme par chez moi. Ça manque d'iode! Zéro algue en vrac,  zéro bernique sur les rochers, zéro coquillage sur le sable. Trop bien rangé,  trop lisse, trop clean. Une mer de riche.
Bon d'accord j'exagère un peu. J'aime bien les effets de manche...
Fin du travelling, j'arrête mon cinéma et m'en retourne auprès des miens admirer l'intensité authentique du seul et unique....mon Océan Atlantique.

samedi 8 décembre 2018

Néo flic, néophyte et total flip


Le grand costaud débarque, gavé d’ambition, beau et fier comme un danseur de flamenco jouant des castagnettes.
Comme son maître, le type communique s’écoute mais jamais n’entend, décide de façon boy-scout la façon dont on s’y prend.
L’orage gronde fort, mais l'orgueilleux rossignol chante toujours la messe version Castafier Castafiore.
Le gars nous rase tellement (il nous barbe de 7 jours), qu’on rêve qu’un Gillette jaune lui face la peau lisse.
Puis soudain le silence est écrasant, ça ne rigole plus, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. On sent bien que ça va casta(g)ner.
Les pavés volent place de l’Etoile, Castaner regarde, Castaner pavane, joue à Star Wars en plein Paname...

Petit Padawan Christopher sauvera-t-il la République en maîtrisant la force du peuple en marche?




#castaner #giletsjaunes #macron #republique #manifestations #coupemulet #beauf #flic #police


samedi 5 novembre 2016

Lettre à Mr FERY Président du Football Club de Lorient,





Je suis supporter du FCL depuis près de 20 ans et abonné fidèle avec mon père et mes enfants. A ce titre, je vous livre ici le fond de ma pensée partagée par nombre de nos voisins de tribune, eux aussi supporters de base.
Vous avez racheté le club en 2009. Les bretons sont méfiants et alors que vous arriviez avec vos 15 millions d'euros et votre grand sourire, vous avez pu penser que l'accueil était un peu réservé... Nous jugeons dans la durée. Aussi au départ, vous avez bien fait attention à ne froisser personne, surfant tranquillement sur la vague sportive. Et puis au fil du temps, vous avez mis votre organisation en place et vous avez fait vos choix. La construction de l'Espace FCL étant sans doute le plus louable. Mais en 2014, à l'issue d'un Mercato bouclé dans l'urgence et d'une bataille d'égo sous jacente, vous avez provoqué le départ de l'emblématique et très respecté Christian GOURCUFF. Les supporters l'adoraient pour sa science du jeu, sa fidélité et son franc parler, vous un peu moins... Mais vous avez fait là une erreur de taille car chez les bretons, la rancune est parfois tenace... Et le choix de Sylvain RIPOLL pour assurer la continuité technique sans trop froisser les supporter abattus, s'est avéré un échec (sans que ses qualités soient véritablement remises en question). Son éviction récente n'est finalement que la suite logique du mode de fonctionnement que vous avez instauré, à l'instar de cette fin de Mercato 2016 une nouvelle fois rocambolesque et déstabilisante.
Vous gérez donc le club FCL comme un financier sérieux et ambitieux mais cela ne suffit pas pour réussir dans cette entreprise de spectacle. Le club dégringole, les tribunes se vident malgré des tarifs qui restent raisonnables (bien que régulièrement en hausse), les spectateurs s'ennuient ferme en se remémorant le beau jeu auquel ils avaient le droit il y a peu de temps encore... il n'y a plus d'émotion.
Vous avez structuré notre club certes, mais à ce jour vous êtes en passe de le vider de son sens. Les finances vont bien, la machine s'est embellie, tant mieux, mais elle a perdu son âme...
Les supporters lorientais ne rêvent pas d'Europe ou d'un club prestigieux qui enchaînerait les victoires sans jamais faillir. Ils se moquent de ce qui brille, ils veulent juste un football généreux, solidaire, si possible élégant, un football qui génère des émotions, pas uniquement de l'argent. Vous êtes le roi des transferts, le king des affaires.
Et l'avenir alors ?
Malgré vos propositions tous azimuts pour la place de nouvel entraîneur, les refus s’enchaînent et en disent long sur l'image du FCL aujourd'hui. Vous en êtes responsable et votre égo doit en souffrir. Alors, en habitué des transferts de dernière minute vous allez finir par nous trouver quelqu'un à ce poste. Et si par chance celui çi avait un peu de talent, sera-t-il plus respecté que ses prédécesseurs dans ses choix sportifs au moment de la grande valse des dollars ? Aurez-vous appris de vos erreurs ? J'en doute car finalement depuis 7 ans que vous dirigez froidement le club à votre main, vous avez appauvri la « maison orange » en la vidant petit à petit des valeurs qui faisaient sa force... une certaine forme de simplicité et surtout une intelligence de jeu collective.


vendredi 13 mai 2016

Orage



Le matin n’annonçait rien de bon. J'avais d'abord enfilé mes lunettes de soleil mais à mesure que je conduisais vers la côte où je travaillais ce jour-là, une brume épaisse s'était installée laissant difficilement apercevoir les nuages noirs qui s'amoncelaient au loin sur la mer. Un marin plus averti aurait déjà flairé l'orage, sans compter qu'à l'agence, Brigitte était de sale poil.
Moi je pensais que ça allait se lever. Je me trompais. Une pluie éparse avait ensuite eu raison de mon pique-nique du midi face à l'océan et l'après-midi me confirma qu'il y avait un peu d'électricité dans l'air.
Le soir, une fois de retour au bercail et alors que le ciel s'obscurcissait vraiment, je décidai malgré tout d'enfiler mes Nike estampillées « H2O Repel » et ma veste de pluie pour aller nager courir.
A peine avais-je mis le nez dehors que de grosses gouttes tièdes se mirent à tomber, ne laissant le sol sec que sous les arbres au feuillage dense où je décidai de m'abriter. La pluie redoubla d'intensité et après m'être demandé ce que je foutais là, je continuai ma route alors que le tonnerre commençait à gronder.
Je n'étais pas très rassuré car l'âge adulte n'avait pas vraiment atténué la trouille de l'orage que je traîne depuis l'enfance.

J'étais le seul couillon à patauger sur le chemin de halage à présent détrempé. Si la foudre venait à tomber dans les parages, j'étais la cible parfaite. Je m'imaginais touché en plein vol par une saloperie d'éclair, puis gisant électrisé dans la bouillasse, les chaussures encore fumantes... Cela me motivait pour avancer et c'est à belle allure que je passai fièrement sous le pont où s'étaient massés des promeneurs en sucre qui attendaient en vain l'accalmie. Par rapport à ces petites natures, j'éprouvai une certaine fierté à braver ainsi les éléments. Seuls les « sqwitch sqwitch » ponctuant chacune de mes foulées me ramenaient à une certaine humidité humilité. Mes chaussures soi-disant étanches avaient en effet pris l'eau depuis belle lurette !

J'arrivai en ville où les caniveaux s'étaient transformés en torrents, les rues en rivières. Les voitures projetaient des gerbes d'eau et les gouttières percées crachaient de puissants jets d'eau. Les bouches d’égout dégueulaient leur trop plein et l'Odet se marronnisait version fleuve Amazone. Pour naviguer plus sereinement au milieu des ces éléments, il me manquait juste une bouée car la mousson continuait son œuvre et les eaux montaient.
Derrière mes lunettes embuées, mes yeux clignaient de peur à chaque éclair puis soudain le tonnerre déchira l'air d'un craquement sinistre.
Les lumières bleues des gyrophares des pompiers débordés se reflétaient dans ces millions de gouttes. La cathédrale pointait courageusement ses deux flèches vers les cieux déchaînés et moi je filai comme une flèche humide sur le chemin du retour.
Nouveau coup de foudre ! Au café de l'épée, à l'abri d'une terrasse couverte, un couple échangeait ses numéros de téléphone.
Le déluge s'intensifia, annonçant sans doute la fin des hostilités, les grenouilles chantaient à tue tête pour fêter ces trombes d'eau. L'orage enfin s'éloignait.
Rincé, je regagnai mon chez moi sous le regard inquiet des filles, baignant dans le jus de ma veste Décathlon qui, en terme d'étanchéité humide, n'avait rien à envier au bon vieux Kway de ma jeunesse.
Car s'il est vrai que le temps passe et que l'eau coule sous les ponts, parfois en abondance, au fond rien ne change vraiment...
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
Et moi de retourner bayer aux corneilles...






samedi 28 novembre 2015

Je n'ai pas pu chanter la Marseillaise


L'autre jour je suis allé au stade supporter ma petite équipe de foot lorientaise qui affrontait l'ogre qatari du Paris Saint Germain. Ah oui je sais, j'ai toujours eu un petit faible pour les petits, les minus, ceux qui arrivent à faire des choses avec pas grand chose justement. Et j'aime aussi la poésie, le foot en étant sans doute une de ses expressions la moins évidente! Mélanges étonnants, paradoxes, bref tout ce qui fait la richesse du Monde et de la nature humaine!
Je reviens à ce samedi après midi au contexte si particulier, une semaine après les attentats si meurtriers du 13 novembre 2015. 
A cette occasion, la Ligue de Football Professionnel avait prévu la diffusion de notre hymne national pour rendre hommage aux nombreuses victimes. Aux premières notes, tout le stade se lève et entonne la Marseillaise à l’unisson. Mais alors que mon père, mon fils de 13 ans, mes voisins et voisines (oui oui il y a aussi des supportrices) chantent en chœur, je n'arrive pas à pousser la chansonnette. Ce n'est pas que je ne veuille pas partager ce moment fort et émouvant, c'est notamment pour cette communion que j'aime venir dans un stade, mais ça ne sort pas. J'ai envie mais ça bloque, l'émotion viendra plus tard, dans le recueillement collectif et en silence. A cet instant je réalise que ce chant guerrier ne m'a jamais plu. Il a été écrit en 1792 par Rouget de Iisle pour donner du courage aux soldats qui partaient en guerre pour défendre la Patrie. Très bien, c'était il y a plus de 200 ans. Alors oui nous sommes peut être en guerre contre des terroristes endoctrinés et/ou décérébrés, et oui il faut que nous soyons solidaires, unis et dignes mais l'aspect belliqueux de notre hymne est terriblement réducteur. Notre pays de libertés avec toutes les belles valeurs qui fondent la République mérite à mes yeux un hymne de rassemblement plus pacifique.
Tout le monde chante, c'est beau un stade qui chante et vibre d'une même émotion, ensemble malgré les différences. Moi je suis à côté, je ressens la violence des mots, j'aperçois la haine de l'ennemi à qui il faut aller régler son compte alors que j'avais juste envie d'amour et de fraternité.
Alors voilà je n'ai pas pu...

vendredi 4 septembre 2015

Lettre à mon père

Cher papa
Tu sais je ne t'en veux pas. Pour le voyage j'avais mis ma tenue préférée. J'adorais ce short bleu que maman m'avait acheté et ce tee-shirt rouge que je ne voulais jamais quitter. A présent j'ai un peu froid. On dirait que la nuit est tombée bien vite et à présent je suis trop fatigué pour t'accompagner vers notre rêve. J'ai dans la bouche comme le goût salé de tes larmes, mais ne t'en fais pas, j'entends au loin le bruit des vagues. Ça me berce, un peu comme tu le faisais il y a peu de temps encore. Je suis bien, juste si quelqu'un pouvait me réchauffer un peu... Je resterais posé là pour qu'on se souvienne.
Tu m'avais parlé d'un long voyage vers la liberté et la paix. Avais-tu le choix? Moi je voulais surtout vous revoir sourire toi et maman et aussi jouer au foot avec Ghaleb.
Je sais que tu ne t'en remettras pas mais surtout ne t'en veux pas, c'est moi qui ai glissé. Et puis tu sais, j'ai toujours rêvé d'aller à la plage.
Je t'embrasse
Aylan

mardi 28 juillet 2015

On the road again


Cet été, direction l’est de la Grèce, du côté de Thessalonique. Ceux qui me connaissent depuis longtemps savent que c’est notre destination favorite. D’habitude, pour le voyage c’est avion en passant au choix par l’Italie, la Hongrie ou la Bulgarie (les vols directs sont souvent hors de prix pour une famille de 5) + location de voiture. Cette année, on a choisi la solution de dingue à savoir : 18 h de voiture jusqu’à Ancône en  Italie, puis 14h de ferry sur la mer Adriatique et enfin encore quelques 4 h de voiture pour arriver d’abord dans les montagnes grecques puis sur l’île de Thasos. Le paradis ça se mérite !
 
Au départ le critère de décision était plutôt financier. Mais à  mesure que les dépenses s’empilent (révision de la voiture, achat d’une tablette pour que les enfants se chamaillent encore plus dans la voiture regardent des films, batterie portable, glacière réfrigérée, sans oublier le budget essence + péage + hôtel + bateau+ bouffe etc…), il se pourrait bien que cela soit une erreur. Mais passons, le choix est fait et je cherche des raisons de croire qu’au final ça va être l’occasion d’offrir aux enfants des souvenirs de famille qui sortiront un peu de l’ordinaire !
D’ailleurs, je me rappelle d’avoir fait avec mes parents diverses équipées à travers la France et l’Espagne. Je pense que la plus folle a consisté à traverser la France en direction des Pyrénées en Renault 20 TS à 8 !!! 
Bon il faut que je vous  parle un peu de cette voiture qui a m’a longtemps impressionné parce que je la trouvais hyper classe. Je m’imaginais que mon père devait être une sorte de Ministre pour avoir une voiture pareillement imposante et confortable. Faut dire qu’à côté, les autres parents roulaient en R12 ou en R18. Et ma mère avait une R5 orange affectueusement surnommée « Titine »... Du coup, la R20 c’était le grand luxe, sièges immenses, vitres électriques, accoudoir central, essuie glace arrière, etc… Bon ça c’était avant de découvrir qu’il y avait un niveau de finition au dessus, la R20 TX et surtout  la R30, luxe absolu… version française. Sinon elle était bordeaux, mais ça c’est pas grave !

Je disais donc 8 dans la R20… Ah oui, mes parents ont eu 4 enfants et avaient décidé d’emmener avec eux Carmen notre nounou… ainsi que sa jeune sœur qui n’avait ja ja jamais voyagé olé olé !!! (ça c’est pour restituer l’ambiance festive qui régnait dans la voiture et OUI Carmen était bien d'origine espagnole). Allongé sur le plancher, si proche de la route, je ressentais les vibrations de la voiture dans tout le corps ce qui me procurait à la fois une sensation de vitesse et de sécurité mais aussi un bercement d’une redoutable efficacité.  Le tout sans climatisation, sans DVD, et surtout sans ceinture de sécurité ! La voiture devait être si chargée, le bas de caisse arrière embrassant l’asphalte et le nez pointant vers les étoiles, que je me demande si mon père pouvait voir correctement la route! 

Quand la montagne arrivait enfin, ma mère s’extirpait difficilement des sacs de provisions qui l’entouraient pour nous distribuer des sucres imbibés de menthe Ricqlès afin que nous ne soyons pas malades dans les virages. Je pense qu'à force d'en sucer on devait finir par être complètement "pompette" (expression maternelle reprise pour l'occasion) et que nous sombrions dans un sommeil profond! Elle ponctuait régulièrement le trajet de ses observations poétiques à propos des campagnes que nous traversions et de la faune qu’elle pouvait y apercevoir (avec une spéciale dédicace à ces fameuses bergeronnettes qu’elle seule voyait voler ici ou là et dont nous n’avions que faire).

Mon père, concentré et impassible malgré le tumulte qui régnait à l’arrière de la voiture, écoutait du Brassens sur le radio cassette, chemisette et bouclettes au vent, le bras fièrement posé sur le rebord de la portière.  Il filait droit devant, nous conduisant vers notre Eldorado estival fait de piques niques, de jeux rafraichissants dans les torrents de montagne, de délicieuses tartes aux myrtilles que nous ramassions dans la forêt et autres belles randonnées… Bref, c’était les vacances !

lundi 9 février 2015

Choisir c'est renoncer

Lettre ouverte au Maire de ma ville.

J'ai du respect pour les personnes qui, comme vous j'imagine, s'investissent corps et âme dans ce sacerdoce où les égos s'effacent sous l'importance et le poids de l'enjeu commun. Car il faut être solide et déterminé pour faire honnêtement avancer sa ville vers un avenir serein. Montrer la bonne direction, savoir prendre des coups, les rendre avec élégance, écouter les uns, ne pas décevoir les autres, tenir ses promesses, connaitre ses dossiers, savoir s'entourer, respecter son budget, voir plus loin mais pas trop, être présent sur le terrain, faire des choix compliqués et plus difficile encore, les assumer, le tout sous le regard d'électeurs parfois fatigués.
Il est vrai que la vie municipale est faite de décisions complexes dont le simple citoyen peut ne pas mesurer les enjeux.
Heureusement il y a parfois des choses limpides qui n'exigent aucune tergiversation, où le bon sens paysan suffit à lui seul pour savoir ce qu'il faut faire.
Dans notre ville il y a une rivière et des passerelles qui l'enjambent, des routes et beaucoup de ronds points, et puis il y a des enfants qui vont à l'école. Oui je sais jusqu'ici, je ne vous apprends rien et vous cherchez le point commun. J'y arrive.
J'habite une ville où quand une passerelle que plus personne n'utilise fatigue, on décide qu'il faut impérativement la changer. Il est vrai que la passerelle voisine, rénovée il y a peu, se situe à environ 15 mètres... Qu'importe tranche-t-on, et allons-y pour la modique somme de 220000 € (coût des travaux)!
J'habite une ville où l'on dépense beaucoup d'argent pour entretenir de très nombreux ronds points délicatement décorés. Récemment, on a décidé que l'un d'entre eux (celui du Frugy) avait le même habillage paysagé depuis trop longtemps. On y a donc construit de magnifiques murets en pierre de taille pour un coût que j'imagine modique... (15 jours de travaux, pelleteuses, camions de terre, maçonnerie, dallage pavé, paysagiste).
J'habite aussi une ville où des enfants vont à l'école publique et où il pleut de temps en temps (je ne vous fait pas ici le reproche d'une météo trop humide, ce serait injuste). Bien entendu, les écoles maternelles de cette belle ville disposent de préaux pour que les enfants puissent s'aérer lors des récréations les jours de pluie. Une exception cependant à l'école de Kervilien, quartier du Corniguel où les parents d'élèves et la direction de l'école maternelle réclament depuis des années (et bien avant votre récent mandat) la construction d'un préau. Et depuis des années on répond que ça serait bien mais que ça coûte cher!
J'habite donc une ville où, pour une passerelle déserte, l'argent (à défaut du bon sens) coule à flot et où, grands comme petits (les pieds dans l'eau) s'accordent à dire que pour le coup, ça ne tourne point rond!
Je m'éclipse, Monsieur le Maire, en espérant avoir pu éclairer vos réflexions.
Et puisque "Faux monnayeur" vous n'êtes pas, je vous laisse le soin de méditer à une maxime d'André Gide, prix Nobel de Littérature : "Choisir c'est renoncer".
En jeu le prix Nobel du bon sens...
Salutations distinguées.

samedi 24 janvier 2015

HISTOIRE EN DEUX FOIS


Il était ... AUCUNE FOI(S) 
Je ne crois pas en Dieu (celui-là ou un autre), malgré une éducation teintée de catholicisme.
Ma courte histoire avec Jésus, ses apôtres et ce God tout puissant a sans doute commencé dans la froideur d'une église humide où j'ai dû gueuler comme un putois quand le curé a tenté de dessiner une croix sur mon front innocent.
Il faut dire que je suis un sacré rebelle ayant à nouveau manifesté mon désir d'indépendance face à tout cet improbable fatras idéologique, en refusant de faire ma communion vers l'âge de 12 ans. Contrairement à Mr Vinvin, en Jésus je n'ai obtenu que le premier diplôme et encore malgré foi moi !
Mes parents m'avaient donc offert cette liberté de dire NON à Jésus et je les en remercie. Juste après coup, je n'avais pas bien mesuré la portée symbolique de cette volonté d'indépendance et je m'étais surtout dit que j'avais été con de ne pas saisir l'opportunité de me voir offrir une gourmette en or et la photo dédicacée du Pape...
Je devais tout de même parfois assister Allah messe (pardonne-moi cette offense née d'un humour de basse flemme) et me rendre aux cours de catéchisme où un prêtre barbu aux sandales odorantes, fort patient et sympathique, tentait en vain d'expliquer à mon esprit cartésien les fondements et les us et coutumes du fromage pour les nuls de cette religion. J'en garde encore aujourd'hui une aversion pour les fromages aux odeurs trop prononcées. La Le hic c'est que ce prêtre racontait la vie de Jésus depuis son immaculée conception jusqu'à sa mort sans oublier sa capacité à marcher sur l'eau ou à transformer l'eau en vin.  D'accord, tous ces miracles auxquels je n'ai pas cru (s'y fier eût été une erreur) ne sont que des paraboles. Mais je n'ose pas imaginer les dégâts que de telles sornettes auraient (pu) susciter sur des esprits plus réceptifs.
Lors de ces réunions, mon seul réconfort venait de la présence d'une ou deux jolies filles que je m'efforçais de ne pas trop regarder dans les yeux, de peur de les mettre enceintes... Les différents programmes d'histoire retraçant en parallèle la violence des croisades et autres missions évangélisatrices finissaient définitivement de me convaincre des dangers d'un endoctrinement plus poussé sur ma fragile personne.
A l'époque donc j'étais moins catho qu'athée et c'est longtemps après que j'ai bien failli basculer...


Ah si UNE FOIS !

Brooklyn, New York, un dimanche de mai 2014, j'ai alors 40 ans. L'église The Brooklyn Tabernacle est en fait une grande salle de spectacle où plusieurs paroissiens nous accueillent avec de grands sourires en nous souhaitant la bienvenue. Rien que ça, ça change tout. Je suis accompagné de ma femme et d'un couple d'amis, Pauline et Nicolas. Il y a quelques touristes venus, comme nous, assister à cette messe gospel et surtout beaucoup d'habitués qui se sont mis sur leur trente et un. Rapidos ça se met à chanter de partout et la mamie assise à côté de moi est déjà au taquet les deux mains levées à hauteur d'épaule paumes ouvertes, implorant le Seigneur. Ohhhhh Jesus !!
Moi aussi j'ai envie de chanter et de frapper dans mes mains, pas pour Jésus mais pour me lâcher et faire corps avec cette assemblée vivante. Il y a de bonnes ondes dans ce théâtre et je me surprends à fredonner les paroles qui défilent (entre deux pubs!) sur des écrans plats en version karaoké. Bon c'est en anglais, je ne pige pas tout et du coup, le message religieux paraît plus léger que par chez nous !
Le « preacher » est entouré de choristes et porte un costume élégant, quoiqu'un peu brillant. Il alterne les brefs discours et les chansons sont reprises en chœur par toute la salle. C'est bien plus gai et dynamique que la plus joyeuse des messes de mariage à laquelle j'ai pu assister par chez nous...
A un moment donné tout de même, l'ambiance se fait plus lourde chacun regardant ses godasses pendant le sermon du maître de cérémonie qui, en deux temps trois mouvements, absout collectivement ses fidèles de tous leurs pêchés. Et hop, pour fêter ça, tout le monde se remet à chanter ! Légèreté et sourires retrouvés, efficacité à l'américaine.
Puis vient le moment magique où le pasteur donne deux minutes à la salle pour que les gens se prennent dans leur bras et se disent qu'ils s'aiment. J'ai adoré. Au début, j'étais un peu sur la réserve, habitué que je suis à toujours contrôler l'accès à mon « espace privé ». Et puis je me suis laissé aller en serrant des inconnus contre moi, encore et encore. C'était un des ces moments vrais, intenses et rassurants qui font que la vie est belle. Craignant sans doute que je sois définitivement touché par la grâce du Seigneur, mes petits camarades ont même dû venir me chercher au beau milieu de la foule. Je ne voulais pas arrêter, mais il était déjà temps de partir.
Ce partage-là m'a plu et la religion, vue sous cet angle de fraternité, m'a paru plus simple, accessible et chaleureuse.
Au point que je voudrais revivre ces instants, mais le voyage jusqu'à New York coûte cher et je ne marche pas encore sur l'eau...

FIN.

lundi 15 septembre 2014

Au fond de mon âme

Texte écrit pour un concours de chez WeloveWords fin 2013.
L'idée était d'écrire un texte en s'inspirant de tableaux peints par Felix Vallotton. J'avais choisi celui là.


D’après « Madame Alexandre Bernheim, née Henriette Adler, femme du marchand » de Felix Vallotton 
 
J’avais accepté d’être modèle  en laissant à ce jeune peintre que je connaissais peu, le loisir de faire de moi ce qu’il voulait. C’est mon mari qui me l’avait proposé car il aimait beaucoup le travail et la sensibilité de ce Monsieur Vallotton dont il me disait le plus grand bien. Pour moi ce fut une première et si au fond je regrettais qu’on ne m’ait pas croquée plus jeune, je décidai de jouer le jeu, surtout par curiosité. Non pas que je me trouvais belle, je ne l’avais jamais été, mais je voulais voir ce que cet artiste trouverait de vrai en moi. Pourrait-il m’apprendre quelque chose que mon miroir froid ne pouvait pas me renvoyer ? Quelque chose que j’ignorais… Cela ne se voit peut être pas mais l’idée m’amusait !
Bien sûr vous devinez mes regrets, mes doutes, mes inquiétudes comme autant de cheveux gris. Et pourtant ma chevelure avait été flamboyante. Je n’avais laissé qu’à peu de mains le plaisir de la caresser ou de s’y perdre, ce qui rend aujourd’hui ces souvenirs plus nets et plus intenses. J’ai connu peu d’hommes dans ma vie mais chacun m’avait aimé pour ce que j’étais. Vous ne le saviez pas et moi j’avais oublié.
 Mais au fond qui suis-je véritablement, et que voit-on de moi sur ce portrait ?
Une femme  triste et renfermée  à l’image de ses mains jointes qui laissent à penser que son corps et son cœur ont froid ? Un peu de cette élégance dont les femmes d’esprit ne se départissent jamais ? Du gris qui s’accroche à moi comme un nuage dans le ciel azur ? Des lèvres généreuses à défaut d’avoir été gourmandes ? L’esquisse d’un sourire  empreint de nostalgie amoureuse ? Des petits travers à l’image de ce tableau de guingois juste derrière moi ? Un penchant pour la littérature que l’on devine aux livres et aux feuilles posés sur le petit secrétaire à mes côtés?
Il est vrai que j’ai toujours aimé lire et écrire. Mon mari n’avait d’yeux que pour les courbes, les formes, les matières, les couleurs et l’intensité des toiles qu’il vendait. Mes pensées, elles, se perdaient dans les mots. J’aimais imaginer des personnages, décrire des paysages, les mettre en  situation, les faire vibrer, amener une intrigue et suggérer le reste. Nous avions ça en commun ce peintre et moi, la danse de nos mains caressant le papier blanc pour offrir à chacun  la liberté d’y trouver ce qu’il voulait. Nous partagions le même dessein, celui de  faire naître l’émotion et rendre toutes ces choses vivantes. Une plume ou un pinceau exprimant nos sentiments cachés.
Je me souviens de ce jeune homme travaillant à ce portrait dans notre maison de la rue Laffitte. Il était appliqué, minutieux, et mettait un temps infini à choisir ses couleurs comme je le faisais avec mes mots. Sa tête disparaissait par intermittence pour se cacher derrière le chevalet. J’entendais le frôlement du pinceau sur la toile. Il parlait peu ou alors pour dire des choses étonnantes : « Il faut du mouvement, il faut que ça vive ! Mais surtout ne bougez pas… ».  Parfois il n’y arrivait pas, son esprit était ailleurs, il divaguait, ou s’agaçait  et moi je restais plantée là, inconfortablement accoudée à ce fauteuil en attendant que l’inspiration lui revienne. Mais pourquoi diable avait-il choisi  cette pose ! Alors pour passer le temps, je m’évadais dans un ailleurs, laissant mes pensées et mes souvenirs courir librement. Souvent quand je revenais à moi, je le trouvais en pleine action, peignant frénétiquement, presque  transfiguré. Dans ces moments-là, lorsqu’il m’observait, on aurait dit que son regard  transperçait mon âme. Il m’avait attrapée. Il ne peignait plus les objets qui m’entouraient ni même mon visage, il peignait le plus profond de moi.
Au fond, je crois que ce portrait dit de moi bien plus que ce que je n’en sais moi-même…

mardi 17 juin 2014

Le Défi Breton 2014


Bon ce Défi Breton 2014 première édition c'était quand même quelque chose!
L'idée est lancée 9 mois plus tôt autour d'un mojito par Delphine Jory aka Ladyblogue et Marc Delalleau responsable communication de la Maison du Patrimoine de Quimper.
Delphine, les quimpérois la connaisse parce qu'elle fait mille choses qu'elle nous raconte de sa belle plume sur son blog, dans ses chroniques pour Ouest France, son Facebook, son Twitter, et j'en passe... La miss est connectée, branchée sur je ne sais quelle énergie intérieure qu'elle maîtrise avec délicatesse et qui la fait avancer à la vitesse de l'éclair! Je ne connaissais pas Marc ni son équipe de choc et j'ai été surpris par leur jeunesse. Ben oui je sais j'ai parfois des a priori de vieux schnock mais quand on parle patrimoine, ça peut vite sentir la naphtaline. Rien à voir à Quimper city où ça bouge, ça partage et ça communique!
Rien d'étonnant donc à ce que la rencontre entre toutes ces énergies donne naissance à un événement ultra chouette, le Défi Breton. 
Un mélange de sport, de culture, de goûts, d'énigmes, de débrouillardise, de mémoire, un peu de chance aussi, le tout agrémenté de soleil, de sourires, de bon esprit, d'un soupçon de benêts rouges le tout sous le regard amusé des quimpérois invités à aider les concurrents pour les épreuves qui se déroulent au centre ville.
Dix binômes ont été sélectionnés. Je fais équipe avec Laurent, un mec top rencontré à l'école des enfants (il en a 3 et moi aussi, ça créé des liens!). Nous sommes ravis d'avoir été sélectionnés, et dès les photos de présentation on se marre bien. Notre binôme s'appellera : Les two be two good!
Première soirée rencontre très sympa avec les organisateurs et les autres équipes. On mesure l'ampleur du travail réalisé pour monter le projet, on fait des photos de groupe, des vidéos en binôme, on mange des plats faits par chacun et au final on se quitte sans trop savoir à quelle sauce on va être mangé, suspense...
Nos familles nous supportent les amis aussi, on bosse un peu l'histoire de la ville, le nom des rues, les jardins, les musées,  les spécialités, les personnages connus, les anecdotes, et on fait un peu de sport histoire de ne pas passer pour des gugusses!
Le jour J arrive... on est motivé comme rarement (!!)
Et c'est parti pour la première épreuve qui consiste pour chaque binôme à réunir le plus de quimpérois sur la place Saint Corentin, le tout en 20 minutes chrono. Et nous voici dès 9 h à courir le centre ville pour rameuter le maximum de monde! Pas facile, il faut passer en mode compète, et aller au delà de ses inhibitions. Je suis à fond, mon binôme aussi. On se sépare pour être plus efficace, on vend le truc aux passants pour la plupart amusés. Ils sont plutôt réceptifs mais ce n'est pas de la tarte quand même. Il faut expliquer vite et surtout convaincre. Bon moi j'étais tellement au taquet qu'en voulant en faire trop j'ai dépassé le chrono et suis arrivé en retard... Heureusement Laurent assure l'affaire pour nous! OUF
Passage au second défi, éliminatoire celui-ci. Chaque équipe reçoit une enveloppe dans laquelle se trouve une grille de mots croisés qui une fois remplie donne un lieu de rendez-vous! Hop hop hop les idées fusent, on trouve vite une réponse mais on décide de vérifier notre idée avant de foncer en direction de la tour Névet. On est les 3 ou 4 èmes, pas mal pour un début! On discute avec les autres mais on se rend compte qu'une nouvelle enveloppe nous attend dans la tour. Une énigme! Il faut filer à Locmaria à la maison Fouillen. On commence la trajet en mode running mais arrivé sur les quais on décide d'attraper une voiture! Une gentille mère de famille nous embarque pour nous emmener à bon port. Merci à elle! Une autre énigme nous attend dans le jardin de l'évêché. Pif paf pouf (et oui ça cogite à peu près à cette vitesse là!) il faut repartir au centre ville vers le Musée des Beaux Arts en quête d'une copie de la statue du Roi Gradlon. On se la refait Pékin express avec l'aide d'un gars super agréable qui en plus tient un restau sympa à Quimper, le Prieuré. On crève de chaud si bien qu'à la fin du parcours sa voiture est tellement embuée que le gars s'est payé ne petite séance de hammam gratos!! Avec ça on est en tête mon Lolo! Et hop une nouvelle énigme dont on pense qu'elle nous envoie à l'ancien couvent des Ursulines où se trouve aujourd'hui la Médiathèque. On court en mode pleine balle, et notre sympathique accompagnateur "anti gruge"  prénommé Edern, commence à s'éloigner dans le rétroviseur. On approche du but, on traverse la rue sur les passages piétons quand au loin, on entend notre Edern beugler comme un veau! Claquage, cheville en vrac, coup de soleil fulgurant ??? Non rien de tout cela Dieu merci, nous finissons par comprendre qu'emportés par notre élan, nous avons traversé la route alors que le "bonhomme" était rouge, ce que le règlement interdit formellement et pénalise de 2 minutes de stand by! Nos gentilles tentatives de négociation échouent lamentablement car Edern ne mange pas de ce pain là! Il est intransigeant ce qui n'est pas étonnant car, nous l'apprendrons plus tard, il fait un peu de politique. Et puis les 2 minutes lui permettent de reprendre son souffle! Et c'est reparti direction la Médiathèque où nous tournons à la recherche d'un indice mais rien, nada, que dalle, peau de zob!! Du coup comme la Média tique, on médite, on check pour choisir un immédiat changement de tactèque (je sais y'a un hic mais c'est juste pour la rime mec!). Demi tour vers les Halles, où l'on fini par trouver l'indice final. On doit être 5èmes. Donc en résumant, le tarif pour une boulette c'est 4 places de perdues. Le niveau est relevé ma parole!
Les deux dernières équipes sont éliminées et franchement ça nous fait tous de la peine de voir partir les "Petra Zo" et les "Celtic Warriors".
Pour la troisième épreuve, chaque binôme rescapé a deux heures pour apprendre par cœur un poème de Max Jacob qu'il devra réciter dans la cour du restaurant "Chez Max" ancienne demeure du célèbre écrivain. Ma mémoire n'est pas ce que j'ai de plus fiable et la perspective de cette restitution, qui plus est devant pas mal de monde (et surtout mes enfants!), ne me convient pas vraiment. Je suis un peu fébrile et pour un peu on pourrait dire que je flippe ...un max, ou que je ne suis pas ravi ... Jacob (je sais celle là elle est très nulle!)! Mon Lolo assure la première partie du "Bateau chargé de blé" comme un chef et j'enchaîne correctement avec un bon petit blanc avant le dernier verre vers. OUF, place aux autres!
Dans l'ensemble ça se passe plutôt bien certains allant même jusqu'à jouer leur texte de façon théâtrale. Chapeau! 
Nous devons voter pour éliminer un binôme et le choix se porte sur celui qui avait été le moins bon. Dur à digérer pour le duo "L'un et l'autre" qui quitte le navire chargé d'émotions
Quatrième épreuve : Les équipes sont mélangées et je me trouve séparé de Laurent pour jouer avec la jeune Perrine avec qui on part plein pot! Il nous faut retrouver une petite statue qui orne une vieille maison quimpéroise et se faire prendre en photo devant elle en compagnie de trois autres personnes. C'est parti pour un tour dans la vieille ville les yeux en l'air. On trouve assez vite la statue sur la facade d'une maison rue René Madec. Retour au camp de base où 4 ou 5 équipes sont déjà présentes mais pas celle de mon coéquipier! Je comprends que son indice est particulièrement difficile (une sorte de visage sculpté dans une pierre de granit qui fait l'angle d'une vieille maison) et je pars l'aider. On galope comme des dingues dans les ruelles escarpées du vieux Quimper vers la place Mesgloaguen mais sans succès!
Fin de l'aventure pour nous et les "Bel'Droches", c'est moche, et grosse grosse frustration...
Mais je jeu continue et alors que la cinquième épreuve commence (la même que celle d'avant mais en mixant les indices et en reconstituant les vrais binômes), Laurent dépité retourne dans les rues de Quimper à la recherche de son indice qui restera introuvable!
L'épreuve suivante, la sixième, se passe au Comptoir à Tapas dans les Halles où les équipes restantes participent à une superbe épreuve culinaire. Je trépigne, je déguste des pupilles les plats originaux concocté par Xavier HAMON. Il faut en goûtant des plats, parfois à l'aveugle, reconnaître le nom ou le nombre d'ingrédients qui la composent. Pas facile du tout mais que ça avait l'air bon! Les papilles de "Maud et Céline" flanchent tout comme celles des "Finistos Déglingos".
A l'issue de cette épreuve c'est la finale où vont s'affronter les trois dernières et valeureuses équipes, les "Bricomax", les "Krampouc'h" et les "Arthuriens".
Comme certains accompagnateurs sont un peu cramés, Laurent et moi nous accompagnons les "Krampouc'h", un sympathique couple de néo-quimpérois qui sont les favoris tellement ils semblent connaître Quimper sur le bout des doigts. Ils partent au taquet et en moins de temps qu'il en faut pour faire une complète miroir, ils trouvent les trois premiers indices et se ruent à Locmaria pour un petit tour en barque où, à l'aide d'une seule rame, ils doivent récupérer des fléchettes lors d'un petit parcours sur l'Odet et alors que le vent souffle! Ils survolent l'épreuve mais héritent d'une pénalité de temps pour s'être trompés sur l'un des indices précédents... Les poursuivants sont désormais tout proches avant d'entamer la montée du Frugy et un parcours au pas de course au cours duquel il faut récupérer une sarbacane. Ils sont rejoints et doublés par les "Arthuriens" juste avant d'arriver à la Maison du Patrimoine où se déroule une apparemment tranquille épreuve d'éclatage de ballons de baudruche au tir à la sarbacane... Épreuve insupportable pour les nerfs et qui sera d'ailleurs fatale à nos "Krampouc'h" victimes d'une "Francis Cabrel" comme on dit dans le jargon! Les "Arthuriens" eux, ont le compas dans l'oeil et, en véritables Mimi Siku, ils sortent en tête pour nous offrir une version étonnante des "Arthuriens dans la ville"! C'est en effet eux qui remportent la finale à l'issue d'un ultime parcours dans les rues du vieux Quimper, devançant les "Bricomax" revenus de nulle part grâce à un mental d'acier! Terrible!!
Au final, j'ai adoré l'idée que ce ne soit pas forcément les plus sportifs qui gagnent, le fait de faire des trucs originaux et variés qui te font réfléchir un peu et sortir de ta coquille, d'aller au devant des gens afin qu'ils t'aident (avec le sourire c'est mieux), rencontrer les autres équipes avec une super mentalité, apprendre des choses sur la ville que tu habites depuis si longtemps mais que tu connais si mal!
Pour tout dire, je crois bien que ce jeu m'a rappelé un des mes meilleurs souvenir d'enfance lorsque pour mes dix ans (ça remonte!), mes parents m'avaient organisé un merveilleux anniversaire en mode jeu de piste avec tous mes amis! 
Voilà j'ai joué comme un gosse avec une espèce de légèreté qui fait un bien fou...
Alors merci à tous ceux qui ont pensé, organisé, accompagné, filmé, photographié, supporté et participé de près ou de loin à cette magnifique journée!
Et à l'année prochaine!!!

jeudi 15 mai 2014

New York City

Quand tu t'envoles pour la première fois de ta vie aux Etats-Unis à 40 ans, t'es un peu excité comme une puce aux hormones et tu as aussi une tonne d'idées en tête. Du cliché plein la caisse à outil, alimenté par 40 années de culture télé-ciné à base de Starsky et Hutch, Arnold et Willy, Huit ça suffit, Spiderman (oui je sais le niveau n'est pas brillant mais mes parents ne voulaient pas que je regarde Dallas...). Donc toi le petit péquenot breton t'es un peu intimidé à l'idée d'aller voir ce qui se passe chez les maitres du Monde, les rois du capital libéré, les princes de la modernité.
Comme c'était la moins chère, j'ai choisi une compagnie américaine qui sonne bien : American Airlines. Je passe rapidos sur l'épisode du check spécial sécurité débile à souhait fait par un agent très sérieux mais que ma femme a trouvé très drôle croyant presque à une caméra cachée, un vrai sketch!

Ce qui est amusant c'est que quand tu vois l'avion avec sa carlingue en métal brillant tu as l'impression d'être dans les années 60 et t'es quand même rassuré de ne pas voir d'hélices sur les ailes mais bien des réacteurs. J'hésite entre trouver ça classe ou carrément has-been et j'opte pour le second choix quand je découvre la déco et l'équipage. On fait clairement dans le vintage, moquette gris tristounet, sièges bleu à motif jacquard. A bien y regarder, la compagnie hongroise Maleev qui m'avait filé la frousse il y a quelques années fait, en comparaison, figure de compagnie branchée! Quant à la business-class, les places sont certes spacieuses mais le décor me rappelle une salle d'informatique à la fin des années 80... Pour ce qui est des hôtesses dont le physique avantageux aurait pu agrémenter le voyage, je préfère ne pas m'étendre sur le sujet mais y'en a quand même une ou deux qui doit presque se faire la rangée centrale en mode pas chassés pour ne pas rester coincée entre deux sièges. Je sais c'est pas bien de se moquer, mais à force de te faire réveiller par des coups de postérieur sur l'épaule à chaque passage, à un moment donné tu deviens un peu con.
Ceci dit j'ai une théorie la dessus. Comme les amerloques sont persuadés que les français sont chauds comme la braise (merci DSK) ils choisissent des hôtesses inhibitrices de libido sur les vols au départ de Paris, histoire d'être peinard. Ça tombe bien je n'avais pas mis mon peignoir...
Pour ce qui est de la bouffe c'est pareil, ils mettent le paquet, ce qui a l'avantage de faire passer le temps.
Tout ça est anecdotique je vous l'accorde, et tu finis par arriver sans encombre sur le sol américain où tu es très bien accueilli puisque les douaniers y sont aussi aimables qu'en France...
Te voilà en train de fourrer tes grosses valises dans le coffre immense d'un vieux taxi jaune qui pourrait en avaler deux ou trois autres. Comme dans un rêve, la Skyline New Yorkaise défile sous tes yeux ébahis tandis que sous tes fesses, ronronne un gros V8 automatique qui te berce calmement. Tu souris et tu te dis que t'es bien crevé tu as de la chance et que tu vas adorer cette ville.
Et ce fut le cas avec en prime un accueil tip top chez des amis expatriés. Un grand merci à eux!
Ce qui m'a le plus plu ce sont les mélanges et la variété des styles. Culturels, culinaires, vestimentaires, architecturaux, etc. Et puis vu du haut d'un gratte ciel, la verdure entourée par la ville, la ville entourée par les rivières et la mer, le tout au soleil couchant c'est classe. 
Une ville de contrastes. Partout le moderne cohabite avec l'ancien avec une certaine élégance finalement. De vieilles églises coincées entre d'immenses buldings modernes, une ville en construction perpétuelle bétonnée et vitrée pousse à côté d'anciennes maisons en brique rouges habillées par des escaliers de secours, des ponts en pierre d'autres en métal, une gare maritime récente protégée par de vieux pieux en bois, d'énormes bagnoles rutilantes et des camions rétros, un métro un peu pourri mais efficace où tout le monde surfe sur le dernier I Phone, un téléphérique improbable qui enjambe l'East river, des écureuils en pagaille, des new-yorkaises en leggings et baskets flashy ou en bottes de pluie quand le temps se fâche...
Car oui, même la météo est surprenante, passant d'un jour à l'autre du déluge avec 8 degrés à une belle journée d'été sous 24 degrés!
J'ai aussi pris une vraie claque sur les deux deniers étages du MoMA où j'ai pu admirer une flopée de tableaux de peintres célèbres, tous plus magnifiques les uns que les autres.
Times Square cœur de la ville qui ne dort jamais, symbole de la modernité où tu tournes en rond abreuvé de lumière, tel un insecte pris au piège.
Et puis, ce n'est pas nouveau mais ils sont forts en matière de business avec des habitudes très simples que certains commerçants français ignorent. Dans chaque magasin ou restau dans lequel tu entres, tu es systématiquement accueilli chaleureusement avec un grand "hi guys, how are you doing?" même lorsque l'endroit est bondé. Le truc c'est que ça sonne vrai, les gens sont vraiment cool. Je me doute bien que pour eux c'est une simple formule de politesse mais quand on n'est pas habitué, c'est agréable de se sentir bienvenu comme un client fidèle et du coup t'as presque envie de raconter ta vie t'es dans de bonnes conditions pour acheter... So simple!
La ville est plutôt propre, tout est bien organisé, les new-yorkais sont respectueux et très prévenants et ils lorsqu'ils te voient perdu cherchant ta route sur un plan, ils n'hésitent pas à proposer de l'aide. Même à l'heure de pointe les rames de métro sont respirables et les gens attendent le prochain métro plutôt que de procéder au bourrage de rame version sardines à la parisienne.
Je n'ai pas ressenti la moindre agressivité et je me suis sentis tout le temps en sécurité. Faut dire que tu ne peux pas faire 500 mètres sans voir une voiture de flics NYPD, mais finalement cette omniprésence est plutôt discrète.
Ah j'allais oublier, je me suis fait plaisir avec quelques délicieux donuts et burgers mais j'ai surtout mangé le meilleur steak de ma vie chez Dudleys, simple et efficace!
Une ville que l'on découvre avec émerveillement en ayant la sensation de déjà la connaître et une seule envie y retourner un jour!

jeudi 27 mars 2014

Soirée déguisée

Je ne me souviens plus si j'ai vraiment été invité,
Ou bien si j'ai simplement rêvé
De cette amusante soirée déguisée.
Qu'à cela ne tienne, les souvenirs me reviennent en pagaille!









Spiderman est dans la place, il parait s'ennuyer.
Pour briser la glace il me propose de partager
Un double scotch on the rocks du genre bien tassé.
On ne refuse pas un verre à Peter Parker...
Je m'en cale une rasade tout au fond du gosier
Un cul sec maladroit qu'il me faut recracher,
Sur le costume moulant de l'homme araignée.
Le type est furax et ainsi auréolé,
Se colle aux murs pour se faire oublier.


Mais avant que le remords me ronge
Je tombe sur le roi de la plonge, l'ami Bob l'éponge.
Il s'enfile mousse sur mousse sur un canapé
Et semble littéralement absorbé, pour ne pas dire "scotch brité",
Par un moustachu en Panthère rose déguisé,
Qui de moult postillons ne cesse de l'arroser.
En voyant l'ami Bob ainsi imbibé,
Bibi abandonne l'idée qu'il puisse venir assécher
Le héros de chez Marvel aux WC réfugié.



Plus loin, pavane une blonde sur talons haut perchée.
Telle une icône la miss peinturlurée,
Exhibe ses formes un brin exagérées.
Mais de silicone je la sais rembourrée,
Le genre Paris Hilton en version surgonflée.
Elle ne comprend pas quand on la questionne.
Le dialogue est limité avec cette silly conne...








Dans un coin j'aperçois Catwoman minauder
Je lui propose un Kit Kat ou un chat perché
La miss commence à miauler, se fait à l'idée
Puis elle me sourit, verte
Je l’attrape par la queue,
Je la montre à ces messieurs...
Désolé, je m'égare mais
Ça bouillonne dans mon cortex,
Face à cette dame tout en latex.










En pantouflard à minuit je pense à rentrer
Mais je joue la montre et m'en vais me griller,
Une Lucky que, malchance, d'un strike j'envoie valser
Sur une jolie princesse qui court affolée
Le genre Cendrillon plutôt bien carrossée
Qu'on ne peut pourtant pas confondre avec un cendrier.





Je m'excuse puis me trouve nez à nez
Avec un lonesome cow-boy un poil décharné
Qui trouve que de trop près je serre
Sa belle cavalière nommée Jolly Jumper.
L'homme prend tout à coup un air sombre,
Pour me dire qu'il tire plus vite que son ombre.
J'imagine son six coup, explosant ma citrouille
J'ai si peur qu'aussitôt je change d'air,
A la vitesse de Buzz l'éclair.


Sur le dancefloor, un vieux type n'arrête pas de se déhancher
Il se tortille et danse comme un damné.
Barbe blanche, bonnet rouge et pull over bleu,
On dirait le grand Schtroumpf en mode je fous le feu.
Sur un rythme latino, des danseuses à gogo,
Enlacent le pépère en flattant son égo.
J'observe jaloux, ce type qui fait merveille,
En me disant qu'un jour je danserai la salsa pareil.





Je m'essaye par défi à quelques pas endiablés
Que je brûle en enfer si je ne sais plus danser.
Aussitôt tout s'accélère, le sol se met à schtroumpfer
Mes jambes scélérates ne peuvent plus me porter.
Sans crier gare, la gamelle est brutale,
Et dansent à mes yeux les sept boules de cristal.
Le cerveau ainsi étoilé, vaincu je dois m'avouer
Que n'est pas qui veut, Patrick Dupon d.


Je rejoins le bar, car je vois bien que l'on me moque,
Où un type fagoté en Capitaine Haddock,
Traite son acolyte de manche à couille, de poule mouillée.
Le binoclard n'entend rien, il lui fait répéter
Le Capitaine braille plus fort, hurle dans son cornet.
L'homme en vert croit comprendre et pour s'en assurer,
Demande a Haddock qui reste médusé :
"Quoi, une moche à couille, la nouille m'a touché?!!!"

Je mate la pendule, il est grand temps de rentrer...







mardi 11 février 2014

Emporté par la houle



“Fly me to the moon” chantait Sinatra dans l’auto-radio. Moi, en ce lendemain de tempête, j’avais décidé d’aller voir la mer en furie. J'aurais bien aimé m’envoler vers la lune, mais la mer se trouve juste à côté de chez moi…
Je file vers l’océan. Dans le ciel gris et torturé les oiseaux font du surplace en se laissant porter par le vent. Moi j’avance, impatient, attiré par l’odeur du goémon, les embruns, la couleur du sable et le rythme des vagues. La portière s’ouvre et l’air iodé remplit enfin mes poumons. Je grimpe en haut de la dune où je manque de m’envoler surpris par la force soudaine du vent. Avant, en haut de cette grande barrière de sable, se dressaient fièrement plusieurs rangées de pins, mais ça c’était avant. Aujourd’hui c’est le désert, un paysage lunaire où la mer a presque tout mangé. La dune hier si ronde et douce est à présent coupée en deux en son sommet, comme guillotinée. J’avais déjà remarqué qu’elle perdait chaque année du terrain. Là, elle s’arrête net et bascule abruptement vers l’océan. Les racines des arbres évanouis pendouillent dans le vide à la recherche d’un sol à jamais disparu sous les coups de boutoir, évaporé, emporté par la houle… Devant moi la mer s’étire dans son immensité. Elle est plutôt calme et d’un gris profond mais je devine sa force. Je la sens dense, lourde, chargée de tout ce qu’elle a charrié. Au lendemain du festin, l’ogresse digère, repue.
Demain, elle se fâchera à nouveau et si le vent, la lune et le réchauffement climatique l’aident à avancer, elle poursuivra son travail de sape. Elle pourra ainsi s’étendre à nouveau de tout son long pour recouvrir les marécages et reprendre possession de son territoire.
Les étés qui viendront n’y changeront rien, cette plage magnifique aura bientôt disparu et mes enfants et les leurs iront se chauffer le cœur ailleurs.
Je rentre chez moi le vague à l’âme. Dans le ciel le temps d’une éclaircie, j’aperçois cette lune inaccessible qui, sûre de son pouvoir d’attraction, me salue d’un mince croissant.

Ile Tudy, le Treustel, hiver 2014



Edit(h):
Pour ceux qui connaissent, je vous laisse vous faire une idée, on lutte à coup de bulldozer mais quelque chose me dit que le combat est perdu d'avance...

















Et ça c'était avant, avec des arbres... et du soleil!!