samedi 5 novembre 2016

Lettre à Mr FERY Président du Football Club de Lorient,





Je suis supporter du FCL depuis près de 20 ans et abonné fidèle avec mon père et mes enfants. A ce titre, je vous livre ici le fond de ma pensée partagée par nombre de nos voisins de tribune, eux aussi supporters de base.
Vous avez racheté le club en 2009. Les bretons sont méfiants et alors que vous arriviez avec vos 15 millions d'euros et votre grand sourire, vous avez pu penser que l'accueil était un peu réservé... Nous jugeons dans la durée. Aussi au départ, vous avez bien fait attention à ne froisser personne, surfant tranquillement sur la vague sportive. Et puis au fil du temps, vous avez mis votre organisation en place et vous avez fait vos choix. La construction de l'Espace FCL étant sans doute le plus louable. Mais en 2014, à l'issue d'un Mercato bouclé dans l'urgence et d'une bataille d'égo sous jacente, vous avez provoqué le départ de l'emblématique et très respecté Christian GOURCUFF. Les supporters l'adoraient pour sa science du jeu, sa fidélité et son franc parler, vous un peu moins... Mais vous avez fait là une erreur de taille car chez les bretons, la rancune est parfois tenace... Et le choix de Sylvain RIPOLL pour assurer la continuité technique sans trop froisser les supporter abattus, s'est avéré un échec (sans que ses qualités soient véritablement remises en question). Son éviction récente n'est finalement que la suite logique du mode de fonctionnement que vous avez instauré, à l'instar de cette fin de Mercato 2016 une nouvelle fois rocambolesque et déstabilisante.
Vous gérez donc le club FCL comme un financier sérieux et ambitieux mais cela ne suffit pas pour réussir dans cette entreprise de spectacle. Le club dégringole, les tribunes se vident malgré des tarifs qui restent raisonnables (bien que régulièrement en hausse), les spectateurs s'ennuient ferme en se remémorant le beau jeu auquel ils avaient le droit il y a peu de temps encore... il n'y a plus d'émotion.
Vous avez structuré notre club certes, mais à ce jour vous êtes en passe de le vider de son sens. Les finances vont bien, la machine s'est embellie, tant mieux, mais elle a perdu son âme...
Les supporters lorientais ne rêvent pas d'Europe ou d'un club prestigieux qui enchaînerait les victoires sans jamais faillir. Ils se moquent de ce qui brille, ils veulent juste un football généreux, solidaire, si possible élégant, un football qui génère des émotions, pas uniquement de l'argent. Vous êtes le roi des transferts, le king des affaires.
Et l'avenir alors ?
Malgré vos propositions tous azimuts pour la place de nouvel entraîneur, les refus s’enchaînent et en disent long sur l'image du FCL aujourd'hui. Vous en êtes responsable et votre égo doit en souffrir. Alors, en habitué des transferts de dernière minute vous allez finir par nous trouver quelqu'un à ce poste. Et si par chance celui çi avait un peu de talent, sera-t-il plus respecté que ses prédécesseurs dans ses choix sportifs au moment de la grande valse des dollars ? Aurez-vous appris de vos erreurs ? J'en doute car finalement depuis 7 ans que vous dirigez froidement le club à votre main, vous avez appauvri la « maison orange » en la vidant petit à petit des valeurs qui faisaient sa force... une certaine forme de simplicité et surtout une intelligence de jeu collective.


vendredi 13 mai 2016

Orage



Le matin n’annonçait rien de bon. J'avais d'abord enfilé mes lunettes de soleil mais à mesure que je conduisais vers la côte où je travaillais ce jour-là, une brume épaisse s'était installée laissant difficilement apercevoir les nuages noirs qui s'amoncelaient au loin sur la mer. Un marin plus averti aurait déjà flairé l'orage, sans compter qu'à l'agence, Brigitte était de sale poil.
Moi je pensais que ça allait se lever. Je me trompais. Une pluie éparse avait ensuite eu raison de mon pique-nique du midi face à l'océan et l'après-midi me confirma qu'il y avait un peu d'électricité dans l'air.
Le soir, une fois de retour au bercail et alors que le ciel s'obscurcissait vraiment, je décidai malgré tout d'enfiler mes Nike estampillées « H2O Repel » et ma veste de pluie pour aller nager courir.
A peine avais-je mis le nez dehors que de grosses gouttes tièdes se mirent à tomber, ne laissant le sol sec que sous les arbres au feuillage dense où je décidai de m'abriter. La pluie redoubla d'intensité et après m'être demandé ce que je foutais là, je continuai ma route alors que le tonnerre commençait à gronder.
Je n'étais pas très rassuré car l'âge adulte n'avait pas vraiment atténué la trouille de l'orage que je traîne depuis l'enfance.

J'étais le seul couillon à patauger sur le chemin de halage à présent détrempé. Si la foudre venait à tomber dans les parages, j'étais la cible parfaite. Je m'imaginais touché en plein vol par une saloperie d'éclair, puis gisant électrisé dans la bouillasse, les chaussures encore fumantes... Cela me motivait pour avancer et c'est à belle allure que je passai fièrement sous le pont où s'étaient massés des promeneurs en sucre qui attendaient en vain l'accalmie. Par rapport à ces petites natures, j'éprouvai une certaine fierté à braver ainsi les éléments. Seuls les « sqwitch sqwitch » ponctuant chacune de mes foulées me ramenaient à une certaine humidité humilité. Mes chaussures soi-disant étanches avaient en effet pris l'eau depuis belle lurette !

J'arrivai en ville où les caniveaux s'étaient transformés en torrents, les rues en rivières. Les voitures projetaient des gerbes d'eau et les gouttières percées crachaient de puissants jets d'eau. Les bouches d’égout dégueulaient leur trop plein et l'Odet se marronnisait version fleuve Amazone. Pour naviguer plus sereinement au milieu des ces éléments, il me manquait juste une bouée car la mousson continuait son œuvre et les eaux montaient.
Derrière mes lunettes embuées, mes yeux clignaient de peur à chaque éclair puis soudain le tonnerre déchira l'air d'un craquement sinistre.
Les lumières bleues des gyrophares des pompiers débordés se reflétaient dans ces millions de gouttes. La cathédrale pointait courageusement ses deux flèches vers les cieux déchaînés et moi je filai comme une flèche humide sur le chemin du retour.
Nouveau coup de foudre ! Au café de l'épée, à l'abri d'une terrasse couverte, un couple échangeait ses numéros de téléphone.
Le déluge s'intensifia, annonçant sans doute la fin des hostilités, les grenouilles chantaient à tue tête pour fêter ces trombes d'eau. L'orage enfin s'éloignait.
Rincé, je regagnai mon chez moi sous le regard inquiet des filles, baignant dans le jus de ma veste Décathlon qui, en terme d'étanchéité humide, n'avait rien à envier au bon vieux Kway de ma jeunesse.
Car s'il est vrai que le temps passe et que l'eau coule sous les ponts, parfois en abondance, au fond rien ne change vraiment...
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
Et moi de retourner bayer aux corneilles...