jeudi 15 mai 2014

New York City

Quand tu t'envoles pour la première fois de ta vie aux Etats-Unis à 40 ans, t'es un peu excité comme une puce aux hormones et tu as aussi une tonne d'idées en tête. Du cliché plein la caisse à outil, alimenté par 40 années de culture télé-ciné à base de Starsky et Hutch, Arnold et Willy, Huit ça suffit, Spiderman (oui je sais le niveau n'est pas brillant mais mes parents ne voulaient pas que je regarde Dallas...). Donc toi le petit péquenot breton t'es un peu intimidé à l'idée d'aller voir ce qui se passe chez les maitres du Monde, les rois du capital libéré, les princes de la modernité.
Comme c'était la moins chère, j'ai choisi une compagnie américaine qui sonne bien : American Airlines. Je passe rapidos sur l'épisode du check spécial sécurité débile à souhait fait par un agent très sérieux mais que ma femme a trouvé très drôle croyant presque à une caméra cachée, un vrai sketch!

Ce qui est amusant c'est que quand tu vois l'avion avec sa carlingue en métal brillant tu as l'impression d'être dans les années 60 et t'es quand même rassuré de ne pas voir d'hélices sur les ailes mais bien des réacteurs. J'hésite entre trouver ça classe ou carrément has-been et j'opte pour le second choix quand je découvre la déco et l'équipage. On fait clairement dans le vintage, moquette gris tristounet, sièges bleu à motif jacquard. A bien y regarder, la compagnie hongroise Maleev qui m'avait filé la frousse il y a quelques années fait, en comparaison, figure de compagnie branchée! Quant à la business-class, les places sont certes spacieuses mais le décor me rappelle une salle d'informatique à la fin des années 80... Pour ce qui est des hôtesses dont le physique avantageux aurait pu agrémenter le voyage, je préfère ne pas m'étendre sur le sujet mais y'en a quand même une ou deux qui doit presque se faire la rangée centrale en mode pas chassés pour ne pas rester coincée entre deux sièges. Je sais c'est pas bien de se moquer, mais à force de te faire réveiller par des coups de postérieur sur l'épaule à chaque passage, à un moment donné tu deviens un peu con.
Ceci dit j'ai une théorie la dessus. Comme les amerloques sont persuadés que les français sont chauds comme la braise (merci DSK) ils choisissent des hôtesses inhibitrices de libido sur les vols au départ de Paris, histoire d'être peinard. Ça tombe bien je n'avais pas mis mon peignoir...
Pour ce qui est de la bouffe c'est pareil, ils mettent le paquet, ce qui a l'avantage de faire passer le temps.
Tout ça est anecdotique je vous l'accorde, et tu finis par arriver sans encombre sur le sol américain où tu es très bien accueilli puisque les douaniers y sont aussi aimables qu'en France...
Te voilà en train de fourrer tes grosses valises dans le coffre immense d'un vieux taxi jaune qui pourrait en avaler deux ou trois autres. Comme dans un rêve, la Skyline New Yorkaise défile sous tes yeux ébahis tandis que sous tes fesses, ronronne un gros V8 automatique qui te berce calmement. Tu souris et tu te dis que t'es bien crevé tu as de la chance et que tu vas adorer cette ville.
Et ce fut le cas avec en prime un accueil tip top chez des amis expatriés. Un grand merci à eux!
Ce qui m'a le plus plu ce sont les mélanges et la variété des styles. Culturels, culinaires, vestimentaires, architecturaux, etc. Et puis vu du haut d'un gratte ciel, la verdure entourée par la ville, la ville entourée par les rivières et la mer, le tout au soleil couchant c'est classe. 
Une ville de contrastes. Partout le moderne cohabite avec l'ancien avec une certaine élégance finalement. De vieilles églises coincées entre d'immenses buldings modernes, une ville en construction perpétuelle bétonnée et vitrée pousse à côté d'anciennes maisons en brique rouges habillées par des escaliers de secours, des ponts en pierre d'autres en métal, une gare maritime récente protégée par de vieux pieux en bois, d'énormes bagnoles rutilantes et des camions rétros, un métro un peu pourri mais efficace où tout le monde surfe sur le dernier I Phone, un téléphérique improbable qui enjambe l'East river, des écureuils en pagaille, des new-yorkaises en leggings et baskets flashy ou en bottes de pluie quand le temps se fâche...
Car oui, même la météo est surprenante, passant d'un jour à l'autre du déluge avec 8 degrés à une belle journée d'été sous 24 degrés!
J'ai aussi pris une vraie claque sur les deux deniers étages du MoMA où j'ai pu admirer une flopée de tableaux de peintres célèbres, tous plus magnifiques les uns que les autres.
Times Square cœur de la ville qui ne dort jamais, symbole de la modernité où tu tournes en rond abreuvé de lumière, tel un insecte pris au piège.
Et puis, ce n'est pas nouveau mais ils sont forts en matière de business avec des habitudes très simples que certains commerçants français ignorent. Dans chaque magasin ou restau dans lequel tu entres, tu es systématiquement accueilli chaleureusement avec un grand "hi guys, how are you doing?" même lorsque l'endroit est bondé. Le truc c'est que ça sonne vrai, les gens sont vraiment cool. Je me doute bien que pour eux c'est une simple formule de politesse mais quand on n'est pas habitué, c'est agréable de se sentir bienvenu comme un client fidèle et du coup t'as presque envie de raconter ta vie t'es dans de bonnes conditions pour acheter... So simple!
La ville est plutôt propre, tout est bien organisé, les new-yorkais sont respectueux et très prévenants et ils lorsqu'ils te voient perdu cherchant ta route sur un plan, ils n'hésitent pas à proposer de l'aide. Même à l'heure de pointe les rames de métro sont respirables et les gens attendent le prochain métro plutôt que de procéder au bourrage de rame version sardines à la parisienne.
Je n'ai pas ressenti la moindre agressivité et je me suis sentis tout le temps en sécurité. Faut dire que tu ne peux pas faire 500 mètres sans voir une voiture de flics NYPD, mais finalement cette omniprésence est plutôt discrète.
Ah j'allais oublier, je me suis fait plaisir avec quelques délicieux donuts et burgers mais j'ai surtout mangé le meilleur steak de ma vie chez Dudleys, simple et efficace!
Une ville que l'on découvre avec émerveillement en ayant la sensation de déjà la connaître et une seule envie y retourner un jour!