samedi 24 janvier 2015

HISTOIRE EN DEUX FOIS


Il était ... AUCUNE FOI(S) 
Je ne crois pas en Dieu (celui-là ou un autre), malgré une éducation teintée de catholicisme.
Ma courte histoire avec Jésus, ses apôtres et ce God tout puissant a sans doute commencé dans la froideur d'une église humide où j'ai dû gueuler comme un putois quand le curé a tenté de dessiner une croix sur mon front innocent.
Il faut dire que je suis un sacré rebelle ayant à nouveau manifesté mon désir d'indépendance face à tout cet improbable fatras idéologique, en refusant de faire ma communion vers l'âge de 12 ans. Contrairement à Mr Vinvin, en Jésus je n'ai obtenu que le premier diplôme et encore malgré foi moi !
Mes parents m'avaient donc offert cette liberté de dire NON à Jésus et je les en remercie. Juste après coup, je n'avais pas bien mesuré la portée symbolique de cette volonté d'indépendance et je m'étais surtout dit que j'avais été con de ne pas saisir l'opportunité de me voir offrir une gourmette en or et la photo dédicacée du Pape...
Je devais tout de même parfois assister Allah messe (pardonne-moi cette offense née d'un humour de basse flemme) et me rendre aux cours de catéchisme où un prêtre barbu aux sandales odorantes, fort patient et sympathique, tentait en vain d'expliquer à mon esprit cartésien les fondements et les us et coutumes du fromage pour les nuls de cette religion. J'en garde encore aujourd'hui une aversion pour les fromages aux odeurs trop prononcées. La Le hic c'est que ce prêtre racontait la vie de Jésus depuis son immaculée conception jusqu'à sa mort sans oublier sa capacité à marcher sur l'eau ou à transformer l'eau en vin.  D'accord, tous ces miracles auxquels je n'ai pas cru (s'y fier eût été une erreur) ne sont que des paraboles. Mais je n'ose pas imaginer les dégâts que de telles sornettes auraient (pu) susciter sur des esprits plus réceptifs.
Lors de ces réunions, mon seul réconfort venait de la présence d'une ou deux jolies filles que je m'efforçais de ne pas trop regarder dans les yeux, de peur de les mettre enceintes... Les différents programmes d'histoire retraçant en parallèle la violence des croisades et autres missions évangélisatrices finissaient définitivement de me convaincre des dangers d'un endoctrinement plus poussé sur ma fragile personne.
A l'époque donc j'étais moins catho qu'athée et c'est longtemps après que j'ai bien failli basculer...


Ah si UNE FOIS !

Brooklyn, New York, un dimanche de mai 2014, j'ai alors 40 ans. L'église The Brooklyn Tabernacle est en fait une grande salle de spectacle où plusieurs paroissiens nous accueillent avec de grands sourires en nous souhaitant la bienvenue. Rien que ça, ça change tout. Je suis accompagné de ma femme et d'un couple d'amis, Pauline et Nicolas. Il y a quelques touristes venus, comme nous, assister à cette messe gospel et surtout beaucoup d'habitués qui se sont mis sur leur trente et un. Rapidos ça se met à chanter de partout et la mamie assise à côté de moi est déjà au taquet les deux mains levées à hauteur d'épaule paumes ouvertes, implorant le Seigneur. Ohhhhh Jesus !!
Moi aussi j'ai envie de chanter et de frapper dans mes mains, pas pour Jésus mais pour me lâcher et faire corps avec cette assemblée vivante. Il y a de bonnes ondes dans ce théâtre et je me surprends à fredonner les paroles qui défilent (entre deux pubs!) sur des écrans plats en version karaoké. Bon c'est en anglais, je ne pige pas tout et du coup, le message religieux paraît plus léger que par chez nous !
Le « preacher » est entouré de choristes et porte un costume élégant, quoiqu'un peu brillant. Il alterne les brefs discours et les chansons sont reprises en chœur par toute la salle. C'est bien plus gai et dynamique que la plus joyeuse des messes de mariage à laquelle j'ai pu assister par chez nous...
A un moment donné tout de même, l'ambiance se fait plus lourde chacun regardant ses godasses pendant le sermon du maître de cérémonie qui, en deux temps trois mouvements, absout collectivement ses fidèles de tous leurs pêchés. Et hop, pour fêter ça, tout le monde se remet à chanter ! Légèreté et sourires retrouvés, efficacité à l'américaine.
Puis vient le moment magique où le pasteur donne deux minutes à la salle pour que les gens se prennent dans leur bras et se disent qu'ils s'aiment. J'ai adoré. Au début, j'étais un peu sur la réserve, habitué que je suis à toujours contrôler l'accès à mon « espace privé ». Et puis je me suis laissé aller en serrant des inconnus contre moi, encore et encore. C'était un des ces moments vrais, intenses et rassurants qui font que la vie est belle. Craignant sans doute que je sois définitivement touché par la grâce du Seigneur, mes petits camarades ont même dû venir me chercher au beau milieu de la foule. Je ne voulais pas arrêter, mais il était déjà temps de partir.
Ce partage-là m'a plu et la religion, vue sous cet angle de fraternité, m'a paru plus simple, accessible et chaleureuse.
Au point que je voudrais revivre ces instants, mais le voyage jusqu'à New York coûte cher et je ne marche pas encore sur l'eau...

FIN.