lundi 30 septembre 2013

Prisonniers de la Réforme des rythmes scolaires?

Et alors cette réforme elle est bien ?
Sur le papier l’année dernière ça semblait pas mal et je me rassurais naïvement, tel un grand benêt (non sur la photo ce n'est pas moi...), en écoutant les arguments des experts en «bio rythme» ou en «rythme d’apprentissage» des enfants. Après tout cette réforme a été pensée dans l'intérêt des enfants, pour que leurs journées de travail soient moins longues et pour les ouvrir au monde et à la culture...
Mais bien souvent, la pratique diffère de la théorie.
Cela fait à présent plus de trois semaines qu’on expérimente, et même si c’est un peu court pour en tirer des conclusions ça donne quand même un petit aperçu qu’il me faut partager.
Mon inquiétude a commencé un peu avant la rentrée, quand j’ai appris le faible temps de formation (une demi journée) dont avaient bénéficié le personnel en charge des 45 min quotidiennes de TAP (Temps d’Activités Périscolaires) de ma ville.
Dans la plupart des cas, c’est le personnel ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) qui a en charge ce nouveau créneau horaire. Pour être plus clair, ce sont les "dames de cantine" ou "dames de ménage" ou les personnes qui s'occupent de la garderie. Donc, hop hop hop, je finis vite fait le ménage de la cantoche et je me transforme comme par enchantement en super animateur éducateur pour gosses ! Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas de compétence, ni de bonne volonté de leur part. Mais au regard du peu de temps de formation dont ces personnes ont bénéficié, il est impossible d’atteindre les objectifs ambitieux évoqués par les experts théoriciens.
Un autre point. Chez nous l’école commence 15 minutes plus tôt que l’année dernière et il y a 4,5 jours d’école par semaine (versus 4 l’an passé). Moi je veux bien croire que c’est mieux de travailler le matin plutôt que l’après midi, mais dormir c’est bien aussi. Bon d’accord, alors il faut les coucher plus tôt qu’ils nous disent. Et bien oui ça aussi c’est un excellent conseil, sauf que quand tu ne finis pas ton travail à 16h30, qu’il faut gérer les devoirs, la préparation des sacs pour le lendemain, le repas, les fringues, la toilette, l’histoire guili bisous dodo et tout ça pour tes trois loulous, il arrive parfois que le timing dérape légèrement. 
Et paf tout fout le camp, on s'éloigne un peu plus du pays des Bisounours ! Exit la pause du mercredi matin, à la place, à l’heure du garde à vous, tu te payes une brochette de têtes dans le cul mal réveillées avec méga cernes en face de toi au petit déj ! Aller aller les enfants, direction l’école !! Sisisi, c’est pas évident comme ça à première vue mais là vos cerveaux seront bientôt au top pour retenir ce que vont vous expliquer vos instits.
Le constat général est sans appel, après trois semaines d'école, les enfants sont crevés!
Sinon en ce qui concerne les activités des TAP, c’est "tip top". Ma fille de 9 ans doit s’entraîner d’arrache pied aux championnats du monde de balle au prisonnier puisque cela fait plus de 15 jours qu’elle fait cette activité pendant son TAP. Autrement, il y a "jeux de société", "béret", "hip hop", "chaises musicales" et aussi "théâtre" pour faire bien... "Ouverture au monde et à la culture" qu'ils disaient... Ce qui est sympa c’est qu’après les TAP il y a garderie et qu’ils peuvent continuer à faire exactement la même chose… Je pense qu’à ce rythme ma fille a toutes ses chances pour une médaille!
Impossible de savoir ce que fait la plus petite qui a 5 ans. En réalité, je crois qu’elle n’a rien fait. D’ailleurs nous venons d’apprendre qu’ils arrêtaient les TAP pour les maternelles parce que le temps de faire l’appel, d’emmener les enfants faire pipi, d’installer une activité, de ranger, et de refaire l’appel à la fin, il ne restait que trop peu de temps pour faire quelque chose ! Evidemment, les penseurs de la réforme n'avaient pas pensé à ça...
Je passe rapidement sur le fait que les personnels en charge des TAP, quelque peu livrés à eux-même et au regard exigeant de parents inquiets, ont du supporter la forte pression d’une mise en place ratée. Je passe aussi sur la difficulté des parents à communiquer avec les enseignants qui, terminant plus tôt (je précise ici qu'ils ne travaillent pas moins puisqu'ils ont classe le mercredi matin), ne font plus systématiquement la sortie des classes.
Voilà pour l’aspect pratique des choses.  
Alors si on pense que l’idée de base conduisant à la réforme est bonne pour nos enfants, le temps de formation des animateurs, les moyens matériels mis à disposition sont insuffisants, et l’organisation  est à revoir en profondeur et pas en surface.
Nul doute que le maire de ma ville, lui même ancien enseignant et "oreille" du Président Hollande, saura écouter les problèmes évoqués et ne baissera pas pavillon pour faire en sorte que les choses s'améliorent. 
Une dernière remarque sur le coût de cette réforme en cette période de forte augmentation de la pression fiscale. Bizarrement, les politiques n’évoquent pas ce point et sans être un spécialiste (je ne sais que payer…), les heures payées aux personnels des TAP le seront tôt ou tard grâce à l’augmentation des nos impôts locaux (l’Etat décentralise). Alors allons y gaiement Vincent, payons !

Bon vous me direz, je râle c’est vrai, mais si grâce à tout ce chambard ma fille devient championne du Monde de balle au prisonnier, on aura déjà bien avancé… 


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Quelques réflexions sur le sujet au Café Pédagogique

lundi 23 septembre 2013

Un taxi parisien

Le week-end dernier, j'ai fait un bref séjour à Paris. Au programme visite du passionnant musée des Arts Primitifs quai Branly, soirée et dodo chez sister Lolo, puis virée en région parisienne pour récupérer une Twingo.
Je dois récupérer le bolide à Marly La Ville, dans le 95. Comme c'est à plus de deux heures de chez ma sœur en s'enfilant un cocktail complet de transport en commun (tramway, RER, métro, train de banlieue), j'adopte une stratégie plus simple. Joyeuse traversée de Paris en RER jusqu'à Charles de Gaulle pour me rapprocher puis taxi. Efficace. Bon, je me galère un peu à trouver un tacos mais je finis par caser mes grands pinceaux dans un C4 Picasso conduit par un petit gros. Je suis un peu déçu car j'aime bien profiter de me payer un taxi pour rouler en Audi ou en Benz Benz Benz! Et me voilà parti pour un périple interminable...
Comme le type ne connait pas le bled où je vais, il tapote l'adresse sur son GPS TomTom. Calcul de l'itinéraire, pas de péage, pif paf pouf, on est à 14 km du but et on en a pour 23 minutes. Relax, je m'avachis tranquilos sur la banquette en skaï (le skaï c'est comme le cuir sauf que dès que tu bouges les fesses on croit que tu pètes...) en grignotant un Nuts et en me grattant les noisettes. Mais on n'a pas fait 500 mètres que les keufs m'arrêtent le type râle déjà après son GPS qui cherche sa position l'espace d'un instant. Son TomTom le gonfle et sans plus attendre, le taxi man décide de se la jouer à l'instinct : "On va passer par l'A86" qu'il me dit. Je ne réponds rien car pour moi c'est du chinois. Et hop c'est parti, bretelle d'accès, voie d'accélération, et paf bouchon. Bingo! J'suis tombé sur un as du sixième sens, le roi du plan foireux. Ça finit par avancer doucement, on roule un peu, je surveille le GPS d'un oeil et je commence à m'inquiéter quand je m'aperçois que le type ne suit pas les indications du TomTom. Je me dis qu'il est vraiment Con Con et je l'interpelle quand je vois que la distance jusqu'à l'arrivée est à présent de 30 km. "On est à combien de km de l'endroit où je veux aller ?" Il me dit qu'il ne sait pas, je lui réponds que c'est marqué sur son GPS, il me dit que c'est la distance aller retour et je lui demande de ne pas me prendre pour un con. "Ne vous inquiétez pas, on va prendre un raccourci". Je bouillonne, ce mec me met la fièvre.
Il quitte l'autoroute aussi sec. Inspiration divine? Un instant, je me dis que si ça se trouve je suis tombé sur le roi du chemin le plus court. Un instant seulement. Le compteur indique 40 euros, on est parti depuis trois quart d'heure, on a déjà fait 30 km et le GPS indique qu'on est à 40 km du but!!! On est à Eaubonne mais moi je l'ai très mauvaise. 

Je lui dis qu'on est à pétaouchnok et pas du tout où je veux aller, donc soit il me dépose de suite et je ne le paye pas, soit il se décide enfin à suivre les indications de son GPS à condition qu'on se mette d'accord sur le prix de la course. Il me propose 50 euros et je lui dis que je ne lui filerai pas plus de 40 euros et que j'ai autre chose à faire que de visiter la banlieue Nord en mode Seine Saint Denis Skaï. Je regrette de n'avoir pas pensé à faire appel à Uber Popopopopop!!!!!!!!
Il me fait le coup du type désolé, qu'on est quand même dans le 95, genre il est pas si nul que ça. Je lui dis que le 95 c'est grand et que je ne lui ai pas demandé d'en faire le tour. Il me dit qu'il est taxi parisien et pas taxi de banlieue et ferme enfin son clapet pour se concentrer sur la technologie. Ce gars est con comme une valoche !
Une fois arrivé à destination, après deux heures de trajet et 70 km de route, son compteur indique 115 euros. Je lui pose alors une question : "Bon en fait cette course de 14 km, elle aurait du me coûter combien ?","Ben je ne sais pas" qu'il ose me répondre. Je lui dis que décidément soit il me prend pour une andouille, soit il ne sait pas grand chose, que moi j'ai bien regardé son compteur et que c'est une course d'une vingtaine d'euros maxi. Je lui file 30 euros, bon prince au regard du temps que j'ai perdu mais soulagé d'être arrivé parce qu'à un moment j'ai cru que j'allais y passer la journée ! Il n'est pas content du tout, il gueule, je ne peux plus le voir en peinture lui et son Picasso. Je sors de la voiture en calculant la probabilité qu'il me suive et me fasse du rentre dedans refasse le portrait façon Guernica. Vu son gabarit j'ai du souci à me faire, les petits gros et trapus c'est du genre qu'on peut pas casser en deux, c'est trop mou ! Il ne bronche pas donc en guise d'au revoir et pour clore les débats, je lui demande si ça ira pour le retour...