lundi 15 septembre 2014

Au fond de mon âme

Texte écrit pour un concours de chez WeloveWords fin 2013.
L'idée était d'écrire un texte en s'inspirant de tableaux peints par Felix Vallotton. J'avais choisi celui là.


D’après « Madame Alexandre Bernheim, née Henriette Adler, femme du marchand » de Felix Vallotton 
 
J’avais accepté d’être modèle  en laissant à ce jeune peintre que je connaissais peu, le loisir de faire de moi ce qu’il voulait. C’est mon mari qui me l’avait proposé car il aimait beaucoup le travail et la sensibilité de ce Monsieur Vallotton dont il me disait le plus grand bien. Pour moi ce fut une première et si au fond je regrettais qu’on ne m’ait pas croquée plus jeune, je décidai de jouer le jeu, surtout par curiosité. Non pas que je me trouvais belle, je ne l’avais jamais été, mais je voulais voir ce que cet artiste trouverait de vrai en moi. Pourrait-il m’apprendre quelque chose que mon miroir froid ne pouvait pas me renvoyer ? Quelque chose que j’ignorais… Cela ne se voit peut être pas mais l’idée m’amusait !
Bien sûr vous devinez mes regrets, mes doutes, mes inquiétudes comme autant de cheveux gris. Et pourtant ma chevelure avait été flamboyante. Je n’avais laissé qu’à peu de mains le plaisir de la caresser ou de s’y perdre, ce qui rend aujourd’hui ces souvenirs plus nets et plus intenses. J’ai connu peu d’hommes dans ma vie mais chacun m’avait aimé pour ce que j’étais. Vous ne le saviez pas et moi j’avais oublié.
 Mais au fond qui suis-je véritablement, et que voit-on de moi sur ce portrait ?
Une femme  triste et renfermée  à l’image de ses mains jointes qui laissent à penser que son corps et son cœur ont froid ? Un peu de cette élégance dont les femmes d’esprit ne se départissent jamais ? Du gris qui s’accroche à moi comme un nuage dans le ciel azur ? Des lèvres généreuses à défaut d’avoir été gourmandes ? L’esquisse d’un sourire  empreint de nostalgie amoureuse ? Des petits travers à l’image de ce tableau de guingois juste derrière moi ? Un penchant pour la littérature que l’on devine aux livres et aux feuilles posés sur le petit secrétaire à mes côtés?
Il est vrai que j’ai toujours aimé lire et écrire. Mon mari n’avait d’yeux que pour les courbes, les formes, les matières, les couleurs et l’intensité des toiles qu’il vendait. Mes pensées, elles, se perdaient dans les mots. J’aimais imaginer des personnages, décrire des paysages, les mettre en  situation, les faire vibrer, amener une intrigue et suggérer le reste. Nous avions ça en commun ce peintre et moi, la danse de nos mains caressant le papier blanc pour offrir à chacun  la liberté d’y trouver ce qu’il voulait. Nous partagions le même dessein, celui de  faire naître l’émotion et rendre toutes ces choses vivantes. Une plume ou un pinceau exprimant nos sentiments cachés.
Je me souviens de ce jeune homme travaillant à ce portrait dans notre maison de la rue Laffitte. Il était appliqué, minutieux, et mettait un temps infini à choisir ses couleurs comme je le faisais avec mes mots. Sa tête disparaissait par intermittence pour se cacher derrière le chevalet. J’entendais le frôlement du pinceau sur la toile. Il parlait peu ou alors pour dire des choses étonnantes : « Il faut du mouvement, il faut que ça vive ! Mais surtout ne bougez pas… ».  Parfois il n’y arrivait pas, son esprit était ailleurs, il divaguait, ou s’agaçait  et moi je restais plantée là, inconfortablement accoudée à ce fauteuil en attendant que l’inspiration lui revienne. Mais pourquoi diable avait-il choisi  cette pose ! Alors pour passer le temps, je m’évadais dans un ailleurs, laissant mes pensées et mes souvenirs courir librement. Souvent quand je revenais à moi, je le trouvais en pleine action, peignant frénétiquement, presque  transfiguré. Dans ces moments-là, lorsqu’il m’observait, on aurait dit que son regard  transperçait mon âme. Il m’avait attrapée. Il ne peignait plus les objets qui m’entouraient ni même mon visage, il peignait le plus profond de moi.
Au fond, je crois que ce portrait dit de moi bien plus que ce que je n’en sais moi-même…

mardi 17 juin 2014

Le Défi Breton 2014


Bon ce Défi Breton 2014 première édition c'était quand même quelque chose!
L'idée est lancée 9 mois plus tôt autour d'un mojito par Delphine Jory aka Ladyblogue et Marc Delalleau responsable communication de la Maison du Patrimoine de Quimper.
Delphine, les quimpérois la connaisse parce qu'elle fait mille choses qu'elle nous raconte de sa belle plume sur son blog, dans ses chroniques pour Ouest France, son Facebook, son Twitter, et j'en passe... La miss est connectée, branchée sur je ne sais quelle énergie intérieure qu'elle maîtrise avec délicatesse et qui la fait avancer à la vitesse de l'éclair! Je ne connaissais pas Marc ni son équipe de choc et j'ai été surpris par leur jeunesse. Ben oui je sais j'ai parfois des a priori de vieux schnock mais quand on parle patrimoine, ça peut vite sentir la naphtaline. Rien à voir à Quimper city où ça bouge, ça partage et ça communique!
Rien d'étonnant donc à ce que la rencontre entre toutes ces énergies donne naissance à un événement ultra chouette, le Défi Breton. 
Un mélange de sport, de culture, de goûts, d'énigmes, de débrouillardise, de mémoire, un peu de chance aussi, le tout agrémenté de soleil, de sourires, de bon esprit, d'un soupçon de benêts rouges le tout sous le regard amusé des quimpérois invités à aider les concurrents pour les épreuves qui se déroulent au centre ville.
Dix binômes ont été sélectionnés. Je fais équipe avec Laurent, un mec top rencontré à l'école des enfants (il en a 3 et moi aussi, ça créé des liens!). Nous sommes ravis d'avoir été sélectionnés, et dès les photos de présentation on se marre bien. Notre binôme s'appellera : Les two be two good!
Première soirée rencontre très sympa avec les organisateurs et les autres équipes. On mesure l'ampleur du travail réalisé pour monter le projet, on fait des photos de groupe, des vidéos en binôme, on mange des plats faits par chacun et au final on se quitte sans trop savoir à quelle sauce on va être mangé, suspense...
Nos familles nous supportent les amis aussi, on bosse un peu l'histoire de la ville, le nom des rues, les jardins, les musées,  les spécialités, les personnages connus, les anecdotes, et on fait un peu de sport histoire de ne pas passer pour des gugusses!
Le jour J arrive... on est motivé comme rarement (!!)
Et c'est parti pour la première épreuve qui consiste pour chaque binôme à réunir le plus de quimpérois sur la place Saint Corentin, le tout en 20 minutes chrono. Et nous voici dès 9 h à courir le centre ville pour rameuter le maximum de monde! Pas facile, il faut passer en mode compète, et aller au delà de ses inhibitions. Je suis à fond, mon binôme aussi. On se sépare pour être plus efficace, on vend le truc aux passants pour la plupart amusés. Ils sont plutôt réceptifs mais ce n'est pas de la tarte quand même. Il faut expliquer vite et surtout convaincre. Bon moi j'étais tellement au taquet qu'en voulant en faire trop j'ai dépassé le chrono et suis arrivé en retard... Heureusement Laurent assure l'affaire pour nous! OUF
Passage au second défi, éliminatoire celui-ci. Chaque équipe reçoit une enveloppe dans laquelle se trouve une grille de mots croisés qui une fois remplie donne un lieu de rendez-vous! Hop hop hop les idées fusent, on trouve vite une réponse mais on décide de vérifier notre idée avant de foncer en direction de la tour Névet. On est les 3 ou 4 èmes, pas mal pour un début! On discute avec les autres mais on se rend compte qu'une nouvelle enveloppe nous attend dans la tour. Une énigme! Il faut filer à Locmaria à la maison Fouillen. On commence la trajet en mode running mais arrivé sur les quais on décide d'attraper une voiture! Une gentille mère de famille nous embarque pour nous emmener à bon port. Merci à elle! Une autre énigme nous attend dans le jardin de l'évêché. Pif paf pouf (et oui ça cogite à peu près à cette vitesse là!) il faut repartir au centre ville vers le Musée des Beaux Arts en quête d'une copie de la statue du Roi Gradlon. On se la refait Pékin express avec l'aide d'un gars super agréable qui en plus tient un restau sympa à Quimper, le Prieuré. On crève de chaud si bien qu'à la fin du parcours sa voiture est tellement embuée que le gars s'est payé ne petite séance de hammam gratos!! Avec ça on est en tête mon Lolo! Et hop une nouvelle énigme dont on pense qu'elle nous envoie à l'ancien couvent des Ursulines où se trouve aujourd'hui la Médiathèque. On court en mode pleine balle, et notre sympathique accompagnateur "anti gruge"  prénommé Edern, commence à s'éloigner dans le rétroviseur. On approche du but, on traverse la rue sur les passages piétons quand au loin, on entend notre Edern beugler comme un veau! Claquage, cheville en vrac, coup de soleil fulgurant ??? Non rien de tout cela Dieu merci, nous finissons par comprendre qu'emportés par notre élan, nous avons traversé la route alors que le "bonhomme" était rouge, ce que le règlement interdit formellement et pénalise de 2 minutes de stand by! Nos gentilles tentatives de négociation échouent lamentablement car Edern ne mange pas de ce pain là! Il est intransigeant ce qui n'est pas étonnant car, nous l'apprendrons plus tard, il fait un peu de politique. Et puis les 2 minutes lui permettent de reprendre son souffle! Et c'est reparti direction la Médiathèque où nous tournons à la recherche d'un indice mais rien, nada, que dalle, peau de zob!! Du coup comme la Média tique, on médite, on check pour choisir un immédiat changement de tactèque (je sais y'a un hic mais c'est juste pour la rime mec!). Demi tour vers les Halles, où l'on fini par trouver l'indice final. On doit être 5èmes. Donc en résumant, le tarif pour une boulette c'est 4 places de perdues. Le niveau est relevé ma parole!
Les deux dernières équipes sont éliminées et franchement ça nous fait tous de la peine de voir partir les "Petra Zo" et les "Celtic Warriors".
Pour la troisième épreuve, chaque binôme rescapé a deux heures pour apprendre par cœur un poème de Max Jacob qu'il devra réciter dans la cour du restaurant "Chez Max" ancienne demeure du célèbre écrivain. Ma mémoire n'est pas ce que j'ai de plus fiable et la perspective de cette restitution, qui plus est devant pas mal de monde (et surtout mes enfants!), ne me convient pas vraiment. Je suis un peu fébrile et pour un peu on pourrait dire que je flippe ...un max, ou que je ne suis pas ravi ... Jacob (je sais celle là elle est très nulle!)! Mon Lolo assure la première partie du "Bateau chargé de blé" comme un chef et j'enchaîne correctement avec un bon petit blanc avant le dernier verre vers. OUF, place aux autres!
Dans l'ensemble ça se passe plutôt bien certains allant même jusqu'à jouer leur texte de façon théâtrale. Chapeau! 
Nous devons voter pour éliminer un binôme et le choix se porte sur celui qui avait été le moins bon. Dur à digérer pour le duo "L'un et l'autre" qui quitte le navire chargé d'émotions
Quatrième épreuve : Les équipes sont mélangées et je me trouve séparé de Laurent pour jouer avec la jeune Perrine avec qui on part plein pot! Il nous faut retrouver une petite statue qui orne une vieille maison quimpéroise et se faire prendre en photo devant elle en compagnie de trois autres personnes. C'est parti pour un tour dans la vieille ville les yeux en l'air. On trouve assez vite la statue sur la facade d'une maison rue René Madec. Retour au camp de base où 4 ou 5 équipes sont déjà présentes mais pas celle de mon coéquipier! Je comprends que son indice est particulièrement difficile (une sorte de visage sculpté dans une pierre de granit qui fait l'angle d'une vieille maison) et je pars l'aider. On galope comme des dingues dans les ruelles escarpées du vieux Quimper vers la place Mesgloaguen mais sans succès!
Fin de l'aventure pour nous et les "Bel'Droches", c'est moche, et grosse grosse frustration...
Mais je jeu continue et alors que la cinquième épreuve commence (la même que celle d'avant mais en mixant les indices et en reconstituant les vrais binômes), Laurent dépité retourne dans les rues de Quimper à la recherche de son indice qui restera introuvable!
L'épreuve suivante, la sixième, se passe au Comptoir à Tapas dans les Halles où les équipes restantes participent à une superbe épreuve culinaire. Je trépigne, je déguste des pupilles les plats originaux concocté par Xavier HAMON. Il faut en goûtant des plats, parfois à l'aveugle, reconnaître le nom ou le nombre d'ingrédients qui la composent. Pas facile du tout mais que ça avait l'air bon! Les papilles de "Maud et Céline" flanchent tout comme celles des "Finistos Déglingos".
A l'issue de cette épreuve c'est la finale où vont s'affronter les trois dernières et valeureuses équipes, les "Bricomax", les "Krampouc'h" et les "Arthuriens".
Comme certains accompagnateurs sont un peu cramés, Laurent et moi nous accompagnons les "Krampouc'h", un sympathique couple de néo-quimpérois qui sont les favoris tellement ils semblent connaître Quimper sur le bout des doigts. Ils partent au taquet et en moins de temps qu'il en faut pour faire une complète miroir, ils trouvent les trois premiers indices et se ruent à Locmaria pour un petit tour en barque où, à l'aide d'une seule rame, ils doivent récupérer des fléchettes lors d'un petit parcours sur l'Odet et alors que le vent souffle! Ils survolent l'épreuve mais héritent d'une pénalité de temps pour s'être trompés sur l'un des indices précédents... Les poursuivants sont désormais tout proches avant d'entamer la montée du Frugy et un parcours au pas de course au cours duquel il faut récupérer une sarbacane. Ils sont rejoints et doublés par les "Arthuriens" juste avant d'arriver à la Maison du Patrimoine où se déroule une apparemment tranquille épreuve d'éclatage de ballons de baudruche au tir à la sarbacane... Épreuve insupportable pour les nerfs et qui sera d'ailleurs fatale à nos "Krampouc'h" victimes d'une "Francis Cabrel" comme on dit dans le jargon! Les "Arthuriens" eux, ont le compas dans l'oeil et, en véritables Mimi Siku, ils sortent en tête pour nous offrir une version étonnante des "Arthuriens dans la ville"! C'est en effet eux qui remportent la finale à l'issue d'un ultime parcours dans les rues du vieux Quimper, devançant les "Bricomax" revenus de nulle part grâce à un mental d'acier! Terrible!!
Au final, j'ai adoré l'idée que ce ne soit pas forcément les plus sportifs qui gagnent, le fait de faire des trucs originaux et variés qui te font réfléchir un peu et sortir de ta coquille, d'aller au devant des gens afin qu'ils t'aident (avec le sourire c'est mieux), rencontrer les autres équipes avec une super mentalité, apprendre des choses sur la ville que tu habites depuis si longtemps mais que tu connais si mal!
Pour tout dire, je crois bien que ce jeu m'a rappelé un des mes meilleurs souvenir d'enfance lorsque pour mes dix ans (ça remonte!), mes parents m'avaient organisé un merveilleux anniversaire en mode jeu de piste avec tous mes amis! 
Voilà j'ai joué comme un gosse avec une espèce de légèreté qui fait un bien fou...
Alors merci à tous ceux qui ont pensé, organisé, accompagné, filmé, photographié, supporté et participé de près ou de loin à cette magnifique journée!
Et à l'année prochaine!!!

jeudi 15 mai 2014

New York City

Quand tu t'envoles pour la première fois de ta vie aux Etats-Unis à 40 ans, t'es un peu excité comme une puce aux hormones et tu as aussi une tonne d'idées en tête. Du cliché plein la caisse à outil, alimenté par 40 années de culture télé-ciné à base de Starsky et Hutch, Arnold et Willy, Huit ça suffit, Spiderman (oui je sais le niveau n'est pas brillant mais mes parents ne voulaient pas que je regarde Dallas...). Donc toi le petit péquenot breton t'es un peu intimidé à l'idée d'aller voir ce qui se passe chez les maitres du Monde, les rois du capital libéré, les princes de la modernité.
Comme c'était la moins chère, j'ai choisi une compagnie américaine qui sonne bien : American Airlines. Je passe rapidos sur l'épisode du check spécial sécurité débile à souhait fait par un agent très sérieux mais que ma femme a trouvé très drôle croyant presque à une caméra cachée, un vrai sketch!

Ce qui est amusant c'est que quand tu vois l'avion avec sa carlingue en métal brillant tu as l'impression d'être dans les années 60 et t'es quand même rassuré de ne pas voir d'hélices sur les ailes mais bien des réacteurs. J'hésite entre trouver ça classe ou carrément has-been et j'opte pour le second choix quand je découvre la déco et l'équipage. On fait clairement dans le vintage, moquette gris tristounet, sièges bleu à motif jacquard. A bien y regarder, la compagnie hongroise Maleev qui m'avait filé la frousse il y a quelques années fait, en comparaison, figure de compagnie branchée! Quant à la business-class, les places sont certes spacieuses mais le décor me rappelle une salle d'informatique à la fin des années 80... Pour ce qui est des hôtesses dont le physique avantageux aurait pu agrémenter le voyage, je préfère ne pas m'étendre sur le sujet mais y'en a quand même une ou deux qui doit presque se faire la rangée centrale en mode pas chassés pour ne pas rester coincée entre deux sièges. Je sais c'est pas bien de se moquer, mais à force de te faire réveiller par des coups de postérieur sur l'épaule à chaque passage, à un moment donné tu deviens un peu con.
Ceci dit j'ai une théorie la dessus. Comme les amerloques sont persuadés que les français sont chauds comme la braise (merci DSK) ils choisissent des hôtesses inhibitrices de libido sur les vols au départ de Paris, histoire d'être peinard. Ça tombe bien je n'avais pas mis mon peignoir...
Pour ce qui est de la bouffe c'est pareil, ils mettent le paquet, ce qui a l'avantage de faire passer le temps.
Tout ça est anecdotique je vous l'accorde, et tu finis par arriver sans encombre sur le sol américain où tu es très bien accueilli puisque les douaniers y sont aussi aimables qu'en France...
Te voilà en train de fourrer tes grosses valises dans le coffre immense d'un vieux taxi jaune qui pourrait en avaler deux ou trois autres. Comme dans un rêve, la Skyline New Yorkaise défile sous tes yeux ébahis tandis que sous tes fesses, ronronne un gros V8 automatique qui te berce calmement. Tu souris et tu te dis que t'es bien crevé tu as de la chance et que tu vas adorer cette ville.
Et ce fut le cas avec en prime un accueil tip top chez des amis expatriés. Un grand merci à eux!
Ce qui m'a le plus plu ce sont les mélanges et la variété des styles. Culturels, culinaires, vestimentaires, architecturaux, etc. Et puis vu du haut d'un gratte ciel, la verdure entourée par la ville, la ville entourée par les rivières et la mer, le tout au soleil couchant c'est classe. 
Une ville de contrastes. Partout le moderne cohabite avec l'ancien avec une certaine élégance finalement. De vieilles églises coincées entre d'immenses buldings modernes, une ville en construction perpétuelle bétonnée et vitrée pousse à côté d'anciennes maisons en brique rouges habillées par des escaliers de secours, des ponts en pierre d'autres en métal, une gare maritime récente protégée par de vieux pieux en bois, d'énormes bagnoles rutilantes et des camions rétros, un métro un peu pourri mais efficace où tout le monde surfe sur le dernier I Phone, un téléphérique improbable qui enjambe l'East river, des écureuils en pagaille, des new-yorkaises en leggings et baskets flashy ou en bottes de pluie quand le temps se fâche...
Car oui, même la météo est surprenante, passant d'un jour à l'autre du déluge avec 8 degrés à une belle journée d'été sous 24 degrés!
J'ai aussi pris une vraie claque sur les deux deniers étages du MoMA où j'ai pu admirer une flopée de tableaux de peintres célèbres, tous plus magnifiques les uns que les autres.
Times Square cœur de la ville qui ne dort jamais, symbole de la modernité où tu tournes en rond abreuvé de lumière, tel un insecte pris au piège.
Et puis, ce n'est pas nouveau mais ils sont forts en matière de business avec des habitudes très simples que certains commerçants français ignorent. Dans chaque magasin ou restau dans lequel tu entres, tu es systématiquement accueilli chaleureusement avec un grand "hi guys, how are you doing?" même lorsque l'endroit est bondé. Le truc c'est que ça sonne vrai, les gens sont vraiment cool. Je me doute bien que pour eux c'est une simple formule de politesse mais quand on n'est pas habitué, c'est agréable de se sentir bienvenu comme un client fidèle et du coup t'as presque envie de raconter ta vie t'es dans de bonnes conditions pour acheter... So simple!
La ville est plutôt propre, tout est bien organisé, les new-yorkais sont respectueux et très prévenants et ils lorsqu'ils te voient perdu cherchant ta route sur un plan, ils n'hésitent pas à proposer de l'aide. Même à l'heure de pointe les rames de métro sont respirables et les gens attendent le prochain métro plutôt que de procéder au bourrage de rame version sardines à la parisienne.
Je n'ai pas ressenti la moindre agressivité et je me suis sentis tout le temps en sécurité. Faut dire que tu ne peux pas faire 500 mètres sans voir une voiture de flics NYPD, mais finalement cette omniprésence est plutôt discrète.
Ah j'allais oublier, je me suis fait plaisir avec quelques délicieux donuts et burgers mais j'ai surtout mangé le meilleur steak de ma vie chez Dudleys, simple et efficace!
Une ville que l'on découvre avec émerveillement en ayant la sensation de déjà la connaître et une seule envie y retourner un jour!

jeudi 27 mars 2014

Soirée déguisée

Je ne me souviens plus si j'ai vraiment été invité,
Ou bien si j'ai simplement rêvé
De cette amusante soirée déguisée.
Qu'à cela ne tienne, les souvenirs me reviennent en pagaille!









Spiderman est dans la place, il parait s'ennuyer.
Pour briser la glace il me propose de partager
Un double scotch on the rocks du genre bien tassé.
On ne refuse pas un verre à Peter Parker...
Je m'en cale une rasade tout au fond du gosier
Un cul sec maladroit qu'il me faut recracher,
Sur le costume moulant de l'homme araignée.
Le type est furax et ainsi auréolé,
Se colle aux murs pour se faire oublier.


Mais avant que le remords me ronge
Je tombe sur le roi de la plonge, l'ami Bob l'éponge.
Il s'enfile mousse sur mousse sur un canapé
Et semble littéralement absorbé, pour ne pas dire "scotch brité",
Par un moustachu en Panthère rose déguisé,
Qui de moult postillons ne cesse de l'arroser.
En voyant l'ami Bob ainsi imbibé,
Bibi abandonne l'idée qu'il puisse venir assécher
Le héros de chez Marvel aux WC réfugié.



Plus loin, pavane une blonde sur talons haut perchée.
Telle une icône la miss peinturlurée,
Exhibe ses formes un brin exagérées.
Mais de silicone je la sais rembourrée,
Le genre Paris Hilton en version surgonflée.
Elle ne comprend pas quand on la questionne.
Le dialogue est limité avec cette silly conne...








Dans un coin j'aperçois Catwoman minauder
Je lui propose un Kit Kat ou un chat perché
La miss commence à miauler, se fait à l'idée
Puis elle me sourit, verte
Je l’attrape par la queue,
Je la montre à ces messieurs...
Désolé, je m'égare mais
Ça bouillonne dans mon cortex,
Face à cette dame tout en latex.










En pantouflard à minuit je pense à rentrer
Mais je joue la montre et m'en vais me griller,
Une Lucky que, malchance, d'un strike j'envoie valser
Sur une jolie princesse qui court affolée
Le genre Cendrillon plutôt bien carrossée
Qu'on ne peut pourtant pas confondre avec un cendrier.





Je m'excuse puis me trouve nez à nez
Avec un lonesome cow-boy un poil décharné
Qui trouve que de trop près je serre
Sa belle cavalière nommée Jolly Jumper.
L'homme prend tout à coup un air sombre,
Pour me dire qu'il tire plus vite que son ombre.
J'imagine son six coup, explosant ma citrouille
J'ai si peur qu'aussitôt je change d'air,
A la vitesse de Buzz l'éclair.


Sur le dancefloor, un vieux type n'arrête pas de se déhancher
Il se tortille et danse comme un damné.
Barbe blanche, bonnet rouge et pull over bleu,
On dirait le grand Schtroumpf en mode je fous le feu.
Sur un rythme latino, des danseuses à gogo,
Enlacent le pépère en flattant son égo.
J'observe jaloux, ce type qui fait merveille,
En me disant qu'un jour je danserai la salsa pareil.





Je m'essaye par défi à quelques pas endiablés
Que je brûle en enfer si je ne sais plus danser.
Aussitôt tout s'accélère, le sol se met à schtroumpfer
Mes jambes scélérates ne peuvent plus me porter.
Sans crier gare, la gamelle est brutale,
Et dansent à mes yeux les sept boules de cristal.
Le cerveau ainsi étoilé, vaincu je dois m'avouer
Que n'est pas qui veut, Patrick Dupon d.


Je rejoins le bar, car je vois bien que l'on me moque,
Où un type fagoté en Capitaine Haddock,
Traite son acolyte de manche à couille, de poule mouillée.
Le binoclard n'entend rien, il lui fait répéter
Le Capitaine braille plus fort, hurle dans son cornet.
L'homme en vert croit comprendre et pour s'en assurer,
Demande a Haddock qui reste médusé :
"Quoi, une moche à couille, la nouille m'a touché?!!!"

Je mate la pendule, il est grand temps de rentrer...







mardi 11 février 2014

Emporté par la houle



“Fly me to the moon” chantait Sinatra dans l’auto-radio. Moi, en ce lendemain de tempête, j’avais décidé d’aller voir la mer en furie. J'aurais bien aimé m’envoler vers la lune, mais la mer se trouve juste à côté de chez moi…
Je file vers l’océan. Dans le ciel gris et torturé les oiseaux font du surplace en se laissant porter par le vent. Moi j’avance, impatient, attiré par l’odeur du goémon, les embruns, la couleur du sable et le rythme des vagues. La portière s’ouvre et l’air iodé remplit enfin mes poumons. Je grimpe en haut de la dune où je manque de m’envoler surpris par la force soudaine du vent. Avant, en haut de cette grande barrière de sable, se dressaient fièrement plusieurs rangées de pins, mais ça c’était avant. Aujourd’hui c’est le désert, un paysage lunaire où la mer a presque tout mangé. La dune hier si ronde et douce est à présent coupée en deux en son sommet, comme guillotinée. J’avais déjà remarqué qu’elle perdait chaque année du terrain. Là, elle s’arrête net et bascule abruptement vers l’océan. Les racines des arbres évanouis pendouillent dans le vide à la recherche d’un sol à jamais disparu sous les coups de boutoir, évaporé, emporté par la houle… Devant moi la mer s’étire dans son immensité. Elle est plutôt calme et d’un gris profond mais je devine sa force. Je la sens dense, lourde, chargée de tout ce qu’elle a charrié. Au lendemain du festin, l’ogresse digère, repue.
Demain, elle se fâchera à nouveau et si le vent, la lune et le réchauffement climatique l’aident à avancer, elle poursuivra son travail de sape. Elle pourra ainsi s’étendre à nouveau de tout son long pour recouvrir les marécages et reprendre possession de son territoire.
Les étés qui viendront n’y changeront rien, cette plage magnifique aura bientôt disparu et mes enfants et les leurs iront se chauffer le cœur ailleurs.
Je rentre chez moi le vague à l’âme. Dans le ciel le temps d’une éclaircie, j’aperçois cette lune inaccessible qui, sûre de son pouvoir d’attraction, me salue d’un mince croissant.

Ile Tudy, le Treustel, hiver 2014



Edit(h):
Pour ceux qui connaissent, je vous laisse vous faire une idée, on lutte à coup de bulldozer mais quelque chose me dit que le combat est perdu d'avance...

















Et ça c'était avant, avec des arbres... et du soleil!!