dimanche 13 janvier 2013

J'ai la guitare qui me démange...


Après deux années de cours de guitare à la très très cool, c'est décidé, le fiston va passer à la vitesse supérieure. Direction ce qui se fait de mieux en matière de rigueur et de professionnalisme : l'Ecole de musique. Que dis-je, le Conservatoire de musiques et d'arts dramatiques!
Dossier de pré-inscription pour la guitare en juin, commission en juillet, refus immédiat. 
On nous explique que pour cet instrument, il ne suffit pas de vouloir apprendre, il faut savoir attendre parfois 3 ans avant de taquiner le bout de bois. Pour patienter, il faut faire du solfège assidûment. Je n'étais pas contre un peu de travail suivi, mais le "priver" d'instrument, je trouve ça salop. Vous imaginez la frustration si aux sports d'hiver, le prof de ski passait uniquement les quatre premiers jours à apprendre à un débutant comment on utilise le tire fesses et ne lui permettait de faire sa première descente à ski que le dernier jour... tout ça pour qu'il se croûte la gueule vingt fois sur le verglas.  
Heureusement le prof de trombone cherche des élèves. Il a l'air sympa, mon fiston accroche, no problem pour l'inscription, l'affaire est dans le sac. Bon, il ne sait pas encore que le plan trombone sur la plage autour d'un feu ça peut être compliqué avec les filles... quoique!
Retour de vacances en fanfare. Un petit tour par l'école de musique nous apprend toutefois que le fiston n'est ni inscrit au cours de trombone, ni aux leçons de solfège. Personne n'a fait le changement de l'instrument sur le dossier initial, et pour l'administration c'est trop tard et à l'année prochaine!
Nous contournons l'obstacle car heureusement le prof de trombone est toujours dispo pour recueillir des débutants éconduits. Il va essayer d'arranger l'affaire en coulisse, c'est sa spécialité.... 
Après plusieurs visites, suppliques, réunion à base de "le solfège n'est pas une punition", un mail nous informe que le fiston est enfin inscrit pour les cours de trombone et de solfège. Youpi!
Arrive enfin le jour du premier cours de solfège, mon garçon n'est pas spécialement enchanté mais l'inverse m'aurait presque inquiété. Nous passons à l'accueil pour vérifier son inscription, la secrétaire ne trouve pas son nom, elle va chercher sa collègue qui s’occupe de rien de ça et qui nous dit que c'est bon pour lui mais que les listes ne sont pas encore à jour... Elle nous accompagne jusqu'à la salle de cours où des enfants sont déjà assis. Le mien s'installe aussi, la prof arrive après tout le monde, je quitte les lieux avec le reste de ma troupe. Direction maison, devoirs et préparation d'un délicieux gratin de courgettes. Mais déjà le téléphone sonne.
"Oui allo?"
"Mr Machin?"
"Oui c'est moi "
"C'est Mme Trucmuche du Conservatoire. Nous avons eu un petit problème avec votre fils...
Gloups
... C'est qu'en fait il n'est pas inscrit au cours de solfège, contrairement à ce que nous vous avons dit, il est sur liste d'attente..."
La dame m'apprend que la prof, ne voyant pas le nom de mon garçon sur sa liste, a choisi de ne pas le garder dans son cours. Pédagogie, épanouissement, le solfège c'est ludique, ce n'est pas une punition qu'ils disaient... 
Je bouillonne, j'écume, je fume, j'embarque ma petite fille (une sorte d'assurance vie), je retraverse la ville en version accéléré. Je vais me faire le dirlo direct, à la mexicaine ou version OK chorale Corral, lui dire ce que je pense du foutoir complet qui règne dans son établissement prétentieux. Une clé de sol peut être mais une clé de bras c'est sûr, une bonne soufflante et on verra bien où finira le trombone à coulisse...
La secrétaire m'attend avec mon garçon directement sur le parking comme s'il avait fait une connerie. C'est le monde à l'envers! En fait, c'est stratégique. Au téléphone, elle a senti que j'étais passé en mode bourrin énervé et elle veut me tenir à l'écart des bureaux où ses chefs doivent être en train de peaufiner leur "Air organisation" en jouant aux cartes. Elle est très gentille, bli bli bla bla, je vois bien qu'elle essaye de m'entourlouper version flûte enchantée. Je la remercie de s'être occupé de mon fils, mais je ne baisse pas pavillon et demande à voir un responsable de suite, si tant est qu'il en existe un dans la boutique...
Je rencontre donc la responsable de rien à qui j'ai pu dire qu'elle faisait très bien son travail qu'il était lamentable de faire supporter le manque de professionnalisme de l'école à un enfant de dix ans, le tout sans gueuler comme un putois baryton, parce c'est bien connu, la musique adoucit les moeurs.
Elle me joue un concerto pour pipeau en adagio de toute beauté, et je quitte les lieux contrarié.

Passons. A force d'insister, miracle, les choses se sont finalement arrangées...
Il y a quelques jours, nous sommes donc retournés à la leçon de solfège du fiston. En attendant le début du cours avec lui, j'ai bien vu que ça n'allait pas fort. On s'est isolé, il a lâché ses larmes..., je lui ai expliqué que cette fois ci tout se passerait bien, qu'il avait une sacrée chance d'apprendre la musique. Un trésor inépuisable. Puis on y est retourné, il a vu un garçon qu'il connaissait, la prof est arrivée en retard, je suis parti rejoindre les filles dans la voiture.
Cette fois ci à la maison, j'ai pu finir tranquillement un Chili con carne, autre spécialité mexicaine, et le soir il est rentré avec un grand sourire aux lèvres. C'était bien!
Et en avant la musique!