samedi 27 février 2010

Habla usted espanol?

Je prépare mes vacances d'été en Espagne. Nous partons à plusieurs, et l'autre jour, quelqu'un me dit : "Olive on compte sur toi pour parler espagnol". Ah bon, mince alors. Il y a quinze ou vingt ans, je n'étais pas mauvais en langues, mais comme depuis je ne pratique pas, je suis devenu plutôt mauvais. Heureusement, ma belle soeur nous accompagne et elle est à moitié trilingue! Si j'applique à la phrase précédente une simple règle mathématique, j'arrive à la conclusion qu'elle parle 1,5 langue. Comme elle parle français parfaitement, avec un peu de chance elle a de bons restes en espagnol. En passant, vous comprendrez aisément que mon niveau de maths en terminale scientifique était un peu limite! Enfin, je vais essayer d'ici cet été de me rappeler un peu de vocabulaire pour ne pas avoir l'air trop con et dépasser le niveau La Bamba "Yo no soy marinero, Yo no soy marinero, soy capitan, soy capitan,...". Ca va revenir! hum hum hum...
Les autres de mes amis ont fait allemand et force est de constater que la plupart d'entre eux sont incapables de faire 3 phrases cohérentes d'affilée. Cela en fait, à mes yeux, la langue la moins pratique du monde (après le slovaquistanais, qui elle au moins, a le mérite d'être drôle!) en plus d'être une des plus moches. Si mes amis germanistes pensent que j'exagère, on pourra sûrement tester leur niveau d'allemand en Espagne, autre pays du teuton en été!
Et vous, vous en êtes où de vos vacs et de vos pratiques linguistiques?

dimanche 14 février 2010

Dans les bras de Marguerite (2/2)

Alors, j'attendais le vendredi soir avec impatience. Je me rendais dans le village voisin où, dans l'arrière salle du café, étaient organisées des soirées dansantes. En chemin, je m'arrêtais prendre Marguerite. Comme moi, elle se débattait seule dans un quotidien sans avenir, surnageant avec difficulté.
Le vendredi soir donc, on oubliait tout ça. On se lavait, on se parfumait, on se faisait beau, on enfilait une belle chemise repassée ou une robe élégante, des chaussures de ville vernies ou des talons hauts. Sur le parquet, dans les bras l'un de l'autre, nous nous sentions légers et libres. Nous parlions assez peu, tous deux concentrés sur le rythme, enchainant avec dextérité les pas les plus compliqués. Mais nos yeux se croisaient souvent et, pour les spectateurs alentours, nos regards aimantés en disaient long sur notre complicité.
Marguerite avait de sensuelles rondeurs et elle dansait divinement bien. Je n'étais pas peu fier d'être son cavalier. Les orchestres enchaînaient les standards avec plus ou moins d'habileté. Peu importait. Bien sûr, les couples se mélangeaient au cours de la soirée mais, avec les autres femmes, ce n'était pas pareil. Marguerite vivait la musique, les autres la subissait. Elles étaient soit trop molles, soit trop brusques, trop proches ou trop distantes. Je n'avais qu'une seule hâte, l'attraper à nouveau par la hanche, tenir sa main, la faire tourner puis s'éloigner de moi pour ensuite mieux sentir ses formes, son parfum, et la caresse de ses cheveux sur mes joues.
Lorsque nous dansions ensemble, nos corps se cherchaient en cadence jusqu'à l'étourdissement. Malgré les kilos accumulés, je n'avais rien perdu de ma souplesse et de mon sens du rythme. Ces soirs là, je me sentais comme un jeune homme, plein d'énergie et croquant la vie à pleine dents, sans me soucier du lendemain.
Ainsi passaient nos vendredi soirs.
Nous rentrions chez nous brûlants, les joues rougies par cette débauche d'énergie. Je déposais Marguerite devant chez elle. Elle me faisait un petit signe de la main sur le pas de sa porte. Alors, je démarrais et je la regardais s'éloigner doucement dans le rétroviseur. Une fois de plus, je maudissais le manque de confiance qui m'avait empêché de lui déclarer ma flamme...
Fin


Crédit photo Eros

samedi 6 février 2010

Une vie bien ordinaire (1/2)

Cela faisait deux ans que l'usine avait fermé ses portes. J'y avais passé plus de la moitié de ma vie, alternant les "trois huit" et les congés payés. La délocalisation et les financiers étaient passés par là, emportant l'entreprise familiale sur leur passage. Je m'étais démené pour retrouver un travail. Mon CV était maigrelet, mais je mettais toute mon énergie à écrire des lettres de motivation bien tournées... qui ne seraient pas lues. Sinon, je passais le plus clair de mon temps à déprimer sur mon canapé devant cet écran aux mille reflets enchanteurs. Comme tant d'autres, j'étais hypnotisé par ce ramassis de vaines promesses, véritable miroir aux alouettes.
Mais rien. Il ne se passa rien pendant ces deux années. Je décrochais bien quelques entretiens mais, dans cette région à l'industrie sinistrée, et compte tenu de mon âge, rien n'avait abouti. J'étais à bout, en fin de droits et mes petites économies avaient fondu comme neige au soleil. Physiquement aussi, je m'étais laissé aller. Mon compte bancaire était à sec, mes cheveux et mon ventre trop gras, et la tendance ne s'inversait pas.
Le village où j'habitais s'était dépeuplé. L'école avait fermé, les commerces se comptaient sur les doigts d'une main, les volets étaient clos et la grand-rue était déserte. Au PMU où je me réfugiais parfois, la chance non plus ne m'avait pas souri. Une des grandes gueules constamment accoudée au comptoir répétait à l'envi : "Il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur". Il enquillait les verres de blanc avec la régularité d'une machine outil bien huilée. Au moins je n'avais pas sombré dans la bibine, juste deux ou trois Ricard par ci par là, pour oublier... Le médecin m'avait donné quelques pilules pour m'aider à mieux dormir car la nuit, mes insomnies s'étaient faites plus longues et régulières.
Je m'enfonçais.
A suivre...