mardi 19 octobre 2010

I will survive !

J'ai passé week-end fort sympathique dans un charmant gîte rural du Maine et Loire, entourés d'amis.
Rendez-vous dès le vendredi soir où la soirée monte très vite en température sur la terrasse extérieure et malgré le froid. Une soirée heureuse à base de surprise, de dégustation de bons vins, de charcuteries locales, de fromages goûteux et autres délicatesses. Une vraie bonne soirée avec un "Dirty Dancing show" millimétré, des chorégraphies féminines, des blagues tourangelles en fil rouge, du saut de bambou et même une apparition lumineuse de la Fée Clochette (je porte toutefois une réclamation eu égard à la qualité de l'épilation!).
Bon dans ce genre de soirée, il faut toujours un vainqueur, et ce vendredi là, ce fut moi. Une fois n'est pas coutume. De la fatigue, une dose d'émotion de la bonne humeur en veux tu en voilà et hop la soirée bascule version maillot jaune! S'ensuivit une nuitée agitée comme jamais dont je tairais ici les détails peu glorieux. 
La journée du samedi fut malheureusement quasi inexistante. Alors que j'avais promis à mes amis de leur faire des crêpes, je ne fis que de belles galettes... 
Bref, le dimanche matin je tâchai de me racheter une conduite dans une épreuve sportive et matinale : le "Kayathlon". Deux disciplines : Kayak et course à pied, le tout à deux pour former une équipe masculine tristement intitulée "Les pas gais". Je sais ce n'est pas bien drôle, mais c'est de moi. Bilan honorable compte tenu des circonstances et malgré le supplice abdominal des 7km de Kayak.
Retour au bercail fatigué mais heureux, on récupère les louloutes, on explique à Papi et Mamie pourquoi Papa est si fatigué, une soupe et au lit. 

Aujourd'hui ma femme m'annonce que ma fille cadette (qui a les oreilles qui traînent) a expliqué à sa maîtresse de CP que ce week-end son papa avait été malade parce qu'il avait trop bu... Voili voilà!
Il y a 15 jours je suis allé accompagner sa classe au cinéma, j'ai bien fait, je crois que je n'oserai plus!

Bon en même temps je reviens de loin. Ah oui, j'avais oublié de vous dire qu'au début de l'année, elle a raconté à ses copines que son papa était mort! Gloups

I will survive, enfin j'espère!

dimanche 3 octobre 2010

Into the water

C'est la fin de l'été. Il pleut. J'hésite mais je décide quand même d'y aller. La voiture navigue sous des trombes d'eau. Alors que j'approche du but, j'aperçois à l'horizon un coin de ciel bleu par lequel perce un rayon de soleil. La petite route est déserte et sinueuse. Les balais d'essuie glace dansent sous mes yeux. D'un coup de klaxon, je salue au passage quelques vaches en mal d'animation. Je bifurque à droite au niveau de l'élégante chapelle. Une longue ligne droite s'étire jusqu'à l'océan. J'accélère sur la route défoncée, pressé d'en découdre. Je me gare derrière les hautes dunes sur le parking quasiment vide. On ne voit pas la mer. J'ouvre la portière et j'entends enfin ce bruit sourd qui roule comme un tambour. J'inspire avec bonheur l'air iodé. Je me précipite sur la plage pour apprécier le paysage. Il pleut toujours et le ciel s'est à nouveau assombri. Il n'y a qu'un surfeur dans l'eau. Les vagues déferlent à un rythme soutenu. La mer sera bientôt haute.
Je retourne m'équiper, à l'abri sous le coffre de la voiture.
Un type du cru sort de sa camionnette avec sa canne à pêche et son ciré. Il porte une espèce de combinaison de pêcheur verte à bretelles avec les bottes intégrées. Vu de loin, on se demande comment les bretelles vont tenir, parce que son bide a vraiment l'air de vouloir se faire la malle. Il me regarde et m'explique qu'il va pêcher le bar. Son visage est vraiment rouge... Il a l'air de s'y connaître. Il espère qu'il y aura moins de courant que la semaine dernière. Mais il y a du "bouillon" et ça c'est bon. Je me dis qu'il tient un putain de slogan. Je lui souhaite bonne pêche et je me retiens de lui dire de faire gaffe à ne pas m'éborgner avec ses hameçons.
J'arrive au bord de l'eau, ma planche sous le bras. Une vague, sans doute plus forte ou plus curieuse que les autres, vient me saluer en me chatouillant les pieds. Elle disparaît aussi vite qu'elle est arrivée, laissant mes extrémités s'enfoncer dans le sable. Droit devant, j'admire le grand bain bouillonnant. Le néoprème m'opprime encore. J'asperge mon visage et ma tête avant de plonger dans l'eau. L'habit moulant se détend. L'eau fraîche glisse, puis s'immisce -quel délice- par les interstices. Je me retourne vers la plage où le pêcheur solitaire installe sa gaule. Je l'ai à l'oeil car je redoute la tuile. Une vague éclate soudain dans mon dos et je me retrouve le nez dans l'écume. Surpris, je me laisse emporter par le courant.
Rapidement, je reprends pied et je me lance à l'assaut de l'Océan. Je dois franchir la "barre" où les rouleaux se désagrègent dans un bouillonnement de mousse et d'embruns. Au delà, les vagues offrent des courbes généreuses et lisses que je rêve de caresser. Pour les atteindre, je dois d'abord faire face à l'adversaire. L'océan protège ses merveilles à grands coups de battoirs. Sur ma gauche, le blockhaus affaissé et à moitié immergé porte les stigmates de ce déchaînement. Je plonge dans le creux de la vague pour éviter la lessiveuse version programme intensif. Je ressors de l'autre coté et je me remets vite à ramer pour gagner un peu de terrain. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle qu'un nouvel obstacle écumant se dresse droit devant. J'avance doucement.
Par moment l'océan se calme et semble s'aplatir. Je profite de ce court instant de répit et j'aperçois la bonne vague qui se forme au large. Aussitôt, je me retourne vers la plage, je palme et je rame comme un damné -vu d'en haut ça doit être marrant à voir- pour essayer de prendre de la vitesse. Mais la vague naissante et affamée m'aspire en arrière avec un appétit féroce. Je lutte encore et je me trouve soudain propulsé par cette puissante virgule qui me ramène au rivage, ponctuant mon effort d'un pur moment de bonheur. 
Je suis seul dans l'eau. La mer forcît mais le ciel se dégage transformant le gris des flots en un superbe vert émeraude. Il fait bon, l'endroit est magnifique. Tout là haut, un avion file vers l'Amérique. Je continue mes ablutions dans cet immense jaccusi.
Une dernière vague puissante m'emporte jusque sur le sable fin et me dépose face à un vieux couple assis au bord de l'eau. Le monsieur semble amusé. Il est torse nu et arbore un magnifique bronzage marcel. Je me relève en leur souriant. Nous échangeons quelques mots et des sourires.
Il est temps de rentrer. Le pêcheur de bar a disparu. Trop de courant sans doute.