jeudi 26 février 2009

Afin d’avoir ou avoir faim

Lorsque Yann m’a sollicité pour aider les Restos du Coeur, je n’ai pas bien vu ce que je pouvais écrire. L'enfoiré que je suis a même failli abandonner.

Et puis je me suis imaginé moins bien loti, manquant de l’essentiel pour nourrir ma famille. Un frigo vide et rien dans le garde-manger. Je me suis vu, fatigué, les yeux dans les godasses, du vent dans les poches, un sac plastique à la main devant la porte des Restos, dans le froid et les courants d'air. Pas assez d'argent pour subvenir seul à ce besoin primaire. Et mes enfants qui ont faim. Alors j'ai ravalé ma fierté, puis j'ai tendu la main. La porte s'est ouverte et un sourire m'a accueilli...

Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais connu la faim. Elle ne s’est jamais inivitée chez moi. Bien sûr je l'ai souvent aperçue à la télé mais elle n’a jamais crevé la dalle de mon plasma. Et même à l'écran je n‘ai jamais osé la regarder en face. Chaque semaine je dépense égoïstement mes sous en remplissant mon caddie de choses qui ont l’air bonnes. C’est rassurant l’opulence. J’achète afin d’avoir, bref je consomme pendant que d’autres ont faim et consument leurs quelques calories. Parfois même je jette.

Alors que ceux qui fabriquent comme Danone ou vendent comme Carrefour se donnent ensuite bonne conscience et redorent leur image en aidant les Restos du Cœur ne me choque pas. C’est la loi du marché à défaut d'être un marché de bon aloi... Mais ce soir cela m’énerve. Et puis sur l’étal de la générosité, je préfère les initiatives plus discrètes, les petites choses anodines... Zidane. Emblème de la marque... Enfin, c’est connu, chez Danone, ils sont bons « Prince ». Mais j’ai une transaction de retard, c’est une histoire déjà Lu(e).

Désolé Yann, je n’ai pas respecté le jeu à la lettre. Mais pas question que je ne dONNE naDA à cette belle association. Je ferai ce que je peux de mon côté pour me rattraper. Je vous invite donc à faire de même, pour que les gondoles de la banque alimentaire des Restos du Coeur, à défaut de rappeler Venise et ses richesses, ne ressemblent jamais à celle d’un triste « Darfour Market »…  

jeudi 19 février 2009

Beignets, chocottes et autres histoires de gaufres


Cet après midi nous avons fait des beignets aux pommes! Et oui quand tu as des vacances, de l'imagination et que les sports d'hiver c'est carrément ton truc mais cette année c'est pas le moment, il ne te reste plus qu'à cuisiner. Hier soir je me suis fendu d'une blanquette version "Perret Gourmand": extra! Et aujourd'hui, pour le goûter, de délicieux beignets aux pommes. J'en mangerais des pleins caddies. 
Voici la recette pour 4 à 6 personnes :
  • Quatre belles pommes. Des Golden c'est impeccable.
Pâte à beignet : 
  • 4 cuill. à soupe de farine
  • 1 cuill. à café de fécule (remplacer par Sauceline ou Maïzena)
  • 2 cuill. à soupe d'huile
  • 1/2 verre d'eau
  • 1 pincée de sel
  • 1 oeuf
  • 1 sachet de sucre vanillé
  • 1 cuill à café de levure chimique
Mélangez le tout délicatement, puis laissez reposer une heure environ.
Coupez les pommes en tranches après les avoir épluchées et "détrognonées".
Reste ensuite à plonger les rondelles ainsi obtenues pour les enduire de pâte.
Puis direction la friteuse pour le bain d'huile!
Sortir les beignets lorsqu'ils ont une belle couleur dorée.
Sucrez à volonté et régalez vous!
Pour l'élimination du gras éventuellement stocké, bougez-vous les fesses!

Une seule fois j'ai failli laisser ma part. Ceux qui me connaissent très bien, parce qu'ils étaient à côté de moi sur le canapé par une lugubre soirée d'hiver, le savent. Bande de trouillards!
En fait nous étions 4 et nous regardions le film Shining, à moitié terrorisés. Ce soir là, personne ne voulait quitter son voisin pour aller, seul, sortir les beignets de la friteuse dans la cuisine. Trouille de se faire sauter dessus par un dangereux psychopathe à la Jack NicholsonRedrumredrumredrumredrumredrumredrumredrumredrumredrum...
Voilà pour les souvenirs.
Houla, j'oubliais! L'après midi aurait pu se terminer en soirée gaufre puisque mon fiston a ensuite décidé de faire du skate, vous savez le skateboard Spiderman, celui avec lequel tu ne roules pas mais tu peux voler. Et bien ça y est, ça a pris du temps mais à présent il sait voler. Bon, je ne vous apprends rien : le plus dur c'est pas la chute, c'est l'atterrissage... Donc première grosse gamelle avec du sang, du nez râpé et une dent dedans! A priori on ne s'en sort pas trop mal! Merci au voisin qui a récupéré la dent sur la route, la petite souris pourra opérer tranquilos! Enfin ça c'est une autre histoire...

mardi 3 février 2009

Les voyages forment la jeunesse...

Je me souviens d'un voyage d'étude au Pays où les gens conduisent à gauche. Pour ceux qui suivent, ça doit se passer à l'époque du pantalon écossais...
Un départ sous la pluie. A l'arrière de la voiture familiale mon frère et mes soeurs se sont comprimés pour accompagner leur aîné.
Nous arrivons à  Roscoff et ses façades de pierres grises. Mon regard se perd sur le paysage austère qu'offre à la mer cette ville portuaire. Sa gare maritime apparaît sous un ciel sombre, comme chargé d'angoisse. Le vent souffle fort. C'est l'été...
Mes yeux sont déjà un peu humides. Je m'acclimate, semble-til. Premier spleen. 
J'aperçois la silhouette massive du Ferry qui, dans quelques instants, m'emportera loin de chez moi pendant trois semaines. Un flot ininterrompu de voitures pénètre ses entrailles. Ce monstre de métal semble les digérer aussitôt et crache par ses cheminées une fumée si noire que le gris du ciel semble s'éclaircir. Pas vraiment rassurant.

Mes parents souhaitent que je dépasse le stade :  "Where is Brian? Brian is in the kitchen!". J'ai de la chance mais sur le moment, j'ai bien du mal à m'en persuader. J'ai plutôt l'impression d'aller au casse pipe sur une mer déchaînée. "Ce n'est rien, mon coco, il faut juste traverser le Channel!" Je dois me débrouiller comme un manche pour que l'on m'oblige à la traverser dans ces conditions... 
Alors que je récupère mes affaires dans le coffre de la voiture, je ne peux retenir mes larmes plus longtemps et j'éclate en sanglots. Mes cuisses de grenouille ne parviennent pas à soutenir le poids de mes tourments. Le frère aîné perd un peu de sa superbe.  
Ce trop plein une fois libéré, je rejoins le groupe de jeunes gens de bonne famille avec lesquels je vais séjourner. J'essaie de faire bonne figure. 
Enfin, le bateau s'éloigne laissant la triste ville et ses pâles lumières s'éteindre rapidement dans la nuit tombante. Je vogue vers de nouvelles aventures, le vague à l'âme. Dans le sillage bouillonnant s'envole l'écume de mes jours d'insouciance.
Je suis secoué mais la séparation est faite et je reprends pied petit à petit malgré la tempête au milieu d'une équipe de jeunes ados où cela fanfaronne dur pour masquer les émotions. J'observe ça et là les dégueulis qui égayent la moquette bleue délavée du navire. Résidus d'angoisse à l'odeur tenace. Une drôle de crème anglaise avec des morceaux dedans... Je suis heureux de n'avoir pas succombé au mal de mer. J'ai le pied marin, c'est déjà ça!
En parlant de crème anglaise, une anecdote me revient. Je loge chez Mr and Mrs Reginal JORDAN, sympathiques citoyens britanniques qui ne partagent pas le repas du soir avec moi... Je mange donc seul devant la télé. Un soir, après une énième plâtrée de beans, j'hérite en guise de dessert d'une volumineuse coupe de jelly goût banane. Je goûte. Ce n'est pas mauvais du tout. Je regoûte et retrouve soudain tous mes esprits : c'est terriblement écoeurant! Je n'insiste pas sur la consistance, ni sur la couleur spermique du mélange... Je n'en peux plus. Que faire? Je ne suis pas assez courageux pour dire à la petite dame que sa spécialité est tout simplement dégueulasse et trop honnête pour lui raconter un bobard sur la fragilité de mon estomac. Mais je suis rusé... En un clin d'oeil je superpose trois kleenex sur la table et dans un élan d'inconscience j'y verse l'infâme contenu. Je referme le tout tant bien que mal et glisse prestement le paquet mou dans ma poche. Direction les toilettes. Je passe l'air de rien devant la cuisine où s'affaire mon hôte. Ma démarche doit manquer de naturel, gêné que je suis pas cette protubérance qui menace d'exploser à tout moment. Mais, j'arrive sans encombre aux Water-closets situés à l'étage. J'extirpe délicatement la chrysalide de ma poche. Elle est miraculeusement intacte! Je la jette à l'eau, je tire la chasse et la vois disparaître dans un tourbillon. Quel soulagement! Ni vu ni connu, je reprends sagement ma place devant la BBC avec le sentiment du travail bien fait.
"Where is Brian? Brian is in the toilets!"
Cette nuit là, je me réveille en sursaut. Je rejoue la scène mais tout ne se passe pas comme prévu... Je rêve que le tuyau d'évacuation des toilettes est transparent et qu'il passe dans la cuisine où ma mémère anglaise fomente son prochain attentat culinaire. C'est donc incrédule qu'elle voit passer sous ses yeux son dessert gluant artisanalement momifié. Quand, à mon retour des toilettes, je repasse devant elle avec mon air innocent, elle m'attrape et me demande droit dans les yeux si je veux encore un peu de dessert. Je comprends qu'elle a découvert mon stratagème. J'ai la nausée, je suis fait comme un rat pris au piège de l'incident diplomatique. Je viens de vivre mon propre Waterloo.
Je garde aussi d'autres souvenirs : 
Les sourires des filles. Des cours de langue encore un peu trop abstraits, à mon grand désespoir. La découverte d'une certaine liberté. Les appels téléphoniques à la maison au cours desquels j'ai tant de mal à contenir mes émotions. Les lettres de soutien de mes parents et frère et soeurs à qui j'avais du faire tant pitié le jour du départ! Je les ai relues il y a peu.
Au retour, j'ai offert à mes parents des bonbons anglais ... made in France!!!
Acte manqué au pays de Shakespeare.