lundi 10 septembre 2012

Sur la route des vacances

Eté 2012, pour les vacances direction l'Italie en automobile. Au programme Rome, la Toscane et tutti chianti quanti!
La voiture est prête... Enfin, le plein est fait, les pneus neige sont gonflés à bloc, j'ai aussi ouvert le capot du moteur mais je n'ai rien pigé à ce que j'ai vu... J'ai quand même dévissé puis revissé un truc pour faire genre je m'y connais et j'ai aussi chargé à fond le réservoir du lave glace anti-moustique. Ensuite j'ai refermé le capot dans un grand bruit et j'ai dit à ma femme, plein d'assurance, "Tout est OK".
Pour une fois, les bagages tiennent dans le coffre sans problème ce qui laisse à penser qu'on a oublié des trucs ultra indispensables comme le bateau gonflable, les doudounes, l'appareil à raclette, la collection de cahiers de devoir de vacances et les culottes des filles (une fâcheuse habitude)... Rien de bien grave en tout cas. Les lecteurs DVD pour l'anesthésie durable des enfants sont parfaitement en place et prêts à diffuser la totale des épisodes de Tom Sawyer et de Rémi sans famille. Pas de GPS embarqué, on y va à l'ancienne avec la carte routière du siècle dernier sur les genoux. Ça va le faire, le GPS c'est pour les glands!
Je m'installe aux commandes, j'enfile mes Ray-Ban Aviateur et j'entame une check-list avec ma copilote :
"Pipi?" OK
"Doudou?" Embarqués
"Pique nique?" Dans la glacière
"Glacière?" Dans le coffre
"Coffre?" Fermé
"Crème solaire?" T'inquiète, dans la voiture on risque rien...
"Ceintures?" Bouclées
"Salon de jardin?" Rangé
"Maison?" Fermée (j'en connais qui ont failli partir en laissant la porte grande ouverte...!!)
Pour un peu, on se croirait dans TOP GUN! C'est au moment où je demande l'autorisation de décoller à la tour de contrôle que mes enfants me demandent d'arrêter de me prendre pour un pilote de chasse. Je redescends donc sur terre, je passe la première et roule ma poule, les milliers de km qui nous attendent n'ont qu'à bien se tenir, la famille est prête pour l'aventure.
Evidemment, on n'a pas roulé 50 km que la question fatidique arrive : "C'est quand qu'on arrive?". A ce stade du voyage, cette question peut avoir des effets dévastateurs, pour qui n'est pas préparé mentalement. Quant à moi, je gère la situation paisiblement. Mais assez rapidement ça enchaîne à base de "J'ai plus de batterie dans mon lecteur MPtruc!", "Est ce qu'on peut avoir des bonbons?", "Qui c'est qu'a pété?", "Maman, machin il m'a dit que j'étais moche!", " Papa est ce que je peux jouer à ton I Phone?", "Maman, j'ai mal au ventre"... 
Du coup, sans tarder on allume le DVD. Mais aussitôt, la sanction tombe : "Papa on n'entend rien!" (pour les problèmes techniques on appelle papa). Bon c'est vrai que le matos est un peu limite, alors j'ai une idée de génie qui est de brancher le son du lecteur DVD sur les hauts parleurs de la voiture... La stéréo dolby est parfaite, on en a plein les oreilles, générique à fond et c'est parti pour une douce rengaine à base de : "Tom Sawyer, c'est l'Amérique, le symbole de la liberté!!!!" et on alterne avec "Je suis sans famille, je m'appelle Rémi et je me ballade dans la vie!". A ce moment précis, je ne sais pas qui il faut envier de Tom Sawyer libre comme l'air ou de Rémi qui se ballade sans famille, mais je me dit qu'ils devaient être assez peinards!
On vient à peine de quitter la Bretagne et les nuages arrivent (et oui!). Le premier péage d'autoroute se dresse aussi face à nous. A mesure que nous descendons dans le sud, le soleil  réapparaît et la carte bleue frôle la surchauffe tant les péages sont nombreux! Une spéciale dédicace au tunnel du Fréjus qui, avec un aller simple à presque 40 euros, offre un rapport paysage / prix au km absolument nul!
Une fois passée la frontière, c'est un enchaînement de tunnels qui donne l'impression de voyager au coeur d'une meule de gruyère!
Sinon tout s'est bien déroulé, sauf qu'à peine revenu, on vient de recevoir une première contravention pour un excès de vitesse enregistré en France sur le trajet du retour. On n'en fera pas un fromage car si on en reste là, 45 € pour 4600 km parcourus, c'est une moyenne honorable. Mais rien n'est moins sûr car on n'a jamais vraiment compris les limitations de vitesse en Italie, faute de panneaux indicateurs. Enfin si, il y en a plein d'indications qui précisent qu'en cas de neige ou de brouillard il faut rouler à 50 km/h... Manque de bol, il n'y avait ni neige ni brouillard! Rien compris non plus à leur système de radar fixe. Donc pour être clair, après avoir dépensé une petite fortune en péage et en essence (le gasoil était 20% plus cher là bas), je redoute la dégustation d'amendes italiennes, une spécialité locale au léger goût amer parait-il...

Ah oui, j'oubliais, on n'a pas été au top non plus sur la lecture des cartes routières, ce qui nous a valu des trajets souvent rallongés. Les enfants, dépités par nos erreurs de parcours et de timing, ont malgré tout fait preuve de beaucoup de bon sens... Voila donc un aperçu de ce qui a pu se raconter dans notre dos lors d'un voyage initialement prévu pour 2 heures et dont la durée a presque doublé :
La moyenne : "Pfffff, ça fait une heure qu'on aurait du arriver!"
Nous (légèrement à cran) : "C'est ce qu'on pensait les enfants. Si vous croyez que ça nous fait plaisir de tourner en rond, nous aussi on serait mieux dans la piscine!"
La moyenne : "Décidément, on ne peut pas vous faire confiance" (et pan dans les dents!)
Le grand : "Ben si tu leur fais pas confiance, tu vas faire confiance à qui alors?" (ben oui à qui tiens?)
La moyenne : "Ben à moi tiens!" (et re-pan dans les dents!)
Les voyages forment la jeunesse!
Et si jamais on reprend la route l'année prochaine, c'est décidé, on achète un GPS, on aura l'air moins cons, enfin si on arrive à le faire fonctionner!!


PS / A un moment j'ai même pensé que sur la carte routière ci dessus, ils avaient écrit "INDÉCHIFFRABLE"...