mardi 28 juillet 2015

On the road again


Cet été, direction l’est de la Grèce, du côté de Thessalonique. Ceux qui me connaissent depuis longtemps savent que c’est notre destination favorite. D’habitude, pour le voyage c’est avion en passant au choix par l’Italie, la Hongrie ou la Bulgarie (les vols directs sont souvent hors de prix pour une famille de 5) + location de voiture. Cette année, on a choisi la solution de dingue à savoir : 18 h de voiture jusqu’à Ancône en  Italie, puis 14h de ferry sur la mer Adriatique et enfin encore quelques 4 h de voiture pour arriver d’abord dans les montagnes grecques puis sur l’île de Thasos. Le paradis ça se mérite !
 
Au départ le critère de décision était plutôt financier. Mais à  mesure que les dépenses s’empilent (révision de la voiture, achat d’une tablette pour que les enfants se chamaillent encore plus dans la voiture regardent des films, batterie portable, glacière réfrigérée, sans oublier le budget essence + péage + hôtel + bateau+ bouffe etc…), il se pourrait bien que cela soit une erreur. Mais passons, le choix est fait et je cherche des raisons de croire qu’au final ça va être l’occasion d’offrir aux enfants des souvenirs de famille qui sortiront un peu de l’ordinaire !
D’ailleurs, je me rappelle d’avoir fait avec mes parents diverses équipées à travers la France et l’Espagne. Je pense que la plus folle a consisté à traverser la France en direction des Pyrénées en Renault 20 TS à 8 !!! 
Bon il faut que je vous  parle un peu de cette voiture qui a m’a longtemps impressionné parce que je la trouvais hyper classe. Je m’imaginais que mon père devait être une sorte de Ministre pour avoir une voiture pareillement imposante et confortable. Faut dire qu’à côté, les autres parents roulaient en R12 ou en R18. Et ma mère avait une R5 orange affectueusement surnommée « Titine »... Du coup, la R20 c’était le grand luxe, sièges immenses, vitres électriques, accoudoir central, essuie glace arrière, etc… Bon ça c’était avant de découvrir qu’il y avait un niveau de finition au dessus, la R20 TX et surtout  la R30, luxe absolu… version française. Sinon elle était bordeaux, mais ça c’est pas grave !

Je disais donc 8 dans la R20… Ah oui, mes parents ont eu 4 enfants et avaient décidé d’emmener avec eux Carmen notre nounou… ainsi que sa jeune sœur qui n’avait ja ja jamais voyagé olé olé !!! (ça c’est pour restituer l’ambiance festive qui régnait dans la voiture et OUI Carmen était bien d'origine espagnole). Allongé sur le plancher, si proche de la route, je ressentais les vibrations de la voiture dans tout le corps ce qui me procurait à la fois une sensation de vitesse et de sécurité mais aussi un bercement d’une redoutable efficacité.  Le tout sans climatisation, sans DVD, et surtout sans ceinture de sécurité ! La voiture devait être si chargée, le bas de caisse arrière embrassant l’asphalte et le nez pointant vers les étoiles, que je me demande si mon père pouvait voir correctement la route! 

Quand la montagne arrivait enfin, ma mère s’extirpait difficilement des sacs de provisions qui l’entouraient pour nous distribuer des sucres imbibés de menthe Ricqlès afin que nous ne soyons pas malades dans les virages. Je pense qu'à force d'en sucer on devait finir par être complètement "pompette" (expression maternelle reprise pour l'occasion) et que nous sombrions dans un sommeil profond! Elle ponctuait régulièrement le trajet de ses observations poétiques à propos des campagnes que nous traversions et de la faune qu’elle pouvait y apercevoir (avec une spéciale dédicace à ces fameuses bergeronnettes qu’elle seule voyait voler ici ou là et dont nous n’avions que faire).

Mon père, concentré et impassible malgré le tumulte qui régnait à l’arrière de la voiture, écoutait du Brassens sur le radio cassette, chemisette et bouclettes au vent, le bras fièrement posé sur le rebord de la portière.  Il filait droit devant, nous conduisant vers notre Eldorado estival fait de piques niques, de jeux rafraichissants dans les torrents de montagne, de délicieuses tartes aux myrtilles que nous ramassions dans la forêt et autres belles randonnées… Bref, c’était les vacances !