jeudi 15 novembre 2007

Mes 30 ans et le rêve d'Icare...

Ce week-end mon petit frère va avoir 30 ans!

Évidemment j'ai repensé au mien d'anniversaire de 30 ans. Et j'ai eu un beau cadeau : un saut en parachute!

J'en avais glissé l'idée à ma femme. Vous savez le genre de propos qu'on tient puis dont on espère secrètement qu'il sera oublié. Moi j'avais dit ça un peu sur un coup de tête, pour l'impressionner. Bon le fait est qu'elle a une bonne mémoire. Je l'avais bien cherché. En réalité, derrière tout ça il y avait une sorte de défi personnel, et une question en filigrane : 30 ans, toujours au top?
Dans la symbolique, le rêve d'Icare exprime les dangers de l'orgueil des hommes...

Comme mes potes sont sympas, ils ont décidé de faire le grand saut avec moi. Ça réconforte d'être à plusieurs dans la même galère. Ce qui est con c'est d'avoir choisi de se foutre dans cette situation. Ce qui est con aussi, c'est qu'à plusieurs c'est impossible de se dégonfler, on a sa fierté!

Au total nous sommes 5, dont une courageuse.
Après une bonne heure de route pendant laquelle ça fanfaronne pas mal, excitation oblige, nous arrivons à l'aérodrome de Vannes-Meucon (56). Nous avons réservé un saut en tandem (faut pas déconner non plus) dont voici les caractéristiques : on monte à 4000 mètres (quand même), on saute avec un professionnel qui dirige les opérations, chute libre pendant 3000 mètres, puis ouverture du parachute (si tout va bien...) et enfin atterrissage. Le stress monte d'un cran quand la jeune fille qui nous inscrit nous demande si on veut souscrire à l'assurance... au cas où. Non merci mademoiselle, je compte pas y rester!

Ensuite un moniteur nous explique le déroulement du saut. On s'allonge sur de larges planches à roulettes pour une répétition des consignes en vol (en gros c'est bras écartés et genoux légèrement pliés). L'étape d'après consiste à enfiler une combinaison intégrale de couleur "flashy". Une question m'effleure l'esprit : pourquoi ces couleurs vives? Y aurait-il un club de ball-trap à côté?! La gaudriole masquerait-elle une certaine appréhension? On m'affuble également d'un casque mou (si si ça existe, la preuve) et de protège lunettes. J'ai un look d'enfer, la combinaison est moulante à souhait, le casque met en valeur mon crâne d'obus. Avec ça j'ai une bonne tête de gland...


Bien sûr, ma femme est présente (pour ramasser les morceaux) pour assister à ce moment de bravoure que va dignement affronter son homme...
Malgré cette présence motivante, petit à petit, mon trouillomètre montre ses premiers signes d'activité.

Il fait beau, on regarde les premiers décollages de "notre" avion. Il a une vraie gueule, c'est un Pilatus PC6 Porter.
L'avion se livre à un ballet impressionnant. Il décolle aussitôt les amateurs de sensations fortes embarqués et monte en flèche vers les cieux, pour en redescendre en quasi piqué. Le rythme est soutenu. Il atterrit au moment où les premiers habitués de la chute libre qu'il vient de larguer, posent déjà leurs pieds sur la terre ferme!

Pour l'instant j'observe le ciel bleu. Mais on ne voit pas l'avion quand il est à 4000m. Soudain, on distingue par intermittence des points lumineux qui filent à la vitesse de l'éclair. Puis d'un coup, une tâche colorée apparaît lorsque le parachute s'ouvre enfin.

Après je ne me souviens plus précisément de ce qui s'est passé autour de moi. Je sais juste que mon adorable beauf a voulu y aller en premier. A son retour il nous livre rapidos ses impressions, il a eu la trouille, son regard est un peu ailleurs (il a du mal à redescendre sur terre sans doute...), c'est un truc de dingue nous dit-il. A ce moment précis, je partage parfaitement son analyse sur le truc de dingue.

Puis c'est à mon tour. Je découvre mon instructeur au dernier moment. Je pense qu'il n'a pas loin de 65 ans (je ne déconne pas)! Il a de l'expérience, c'est sûr! C'est un ancien militaire chez les "paras" et ça ne plaisante pas! Mais une CERTITUDE statistique me hante l'esprit depuis l'instant où j'ai pu mettre un âge sur le petit bonhomme. Ben oui, ce papi a bien plus de chance de faire un infarctus que l'autre mono qui est un jeune homme. Trop tard, on y va, un dernier coucou à ceux que j'aime et on grimpe dans la carlingue de l'avion. C'est parti!

Avec moi, il y a "Pitch", la copine de mon fréro. Elle arbore toujours un grand sourire d'habitude. Je la regarde mais je n'aperçois ses dents blanches qu'à l'occasion de rares sourires forcés. Comme elle, mon trouillomètre s'est méchamment emballé. L'avion grimpe fort en décrivant une longue spirale. Je vois le sol qui s'éloigne et je respire mal. L'ambiance est lourde. Sans le bruit du moteur, on entendrait une mouche voler. Soudain je sens mon pépé parachutiste s'approcher de moi par derrière...gloups. Il nous attache solidement l'un à l'autre (regloups), enfin je l'espère car je ne peux pas le vérifier. Puis l'avion coupe brusquement les gaz et il retrouve une assiette proche de l'horizontale. On est à 4000m, les maisons sont de la taille d'un timbre Poste et on aperçoit au loin le Golfe du Morbihan. Ça va être l'heure de vérité et mon coeur s'emballe un peu plus encore. Un parachutiste expérimenté fait coulisser la portière, un souffle d'air envahit l'habitacle. Ni une ni deux il saute et disparaît, aussitôt happé par le ciel. C'est hallucinant la vitesse avec laquelle il s'éloigne. C'est à mon tour! On se déplace péniblement à deux pour s'approcher de la porte béante. J'ai l'impression que le papi me téléguide car je n'ai pas vraiment hâte d'y aller. J'avais oublié de vous le préciser, mais il y a déjà un type dehors accroché à l'aile, une caméra sur son casque. Il me filme. C'est un vrai cauchemar, mon trouillomètre a rendu l'âme depuis quelques secondes. J'ai toujours eu le vertige et je pendouille dans le vide, mon pépé de frère siamois fait encore le lien avec l'avion. Avant d'y aller, il me tape sur l'épaule pour que je pense à sourire au cameraman. Tu parles! Pas envie de jouer la comédie, j'ai la gueule d'un condamné à mort sur l'échafaud.
Point de non retour. Et c'est parti pour une chute libre d'environ 3000 m qui va durer 50 secondes (20 secondes de plus et c'est la tapenade, célèbre purée d'olive)!

Après quelques vrilles et loopings désordonnés, on se stabilise. La vitesse de croisière est proche de 200km/h. Au moment du saut, j'ai cru que mon coeur allait exploser. Quant à celui de mon pépé accompagnateur, j'aurais la preuve de sa bonne santé quand il aura ouvert notre toile. Les sensations sont indescriptibles mais il y a une vraie violence. Je n'ai pas franchement l'impression de voler mais plutôt d'être plus que jamais soumis à l'implacable loi de la pesanteur. Je mesure la gravité de la situation.

Enfin, le parachute s'ouvre sans encombre. Papi n'est pas venu alimenter les statistiques de la crise cardiaque en plein vol. A présent c'est une douce promenade, le stress retombe et l'atterrissage est une formalité.
Je remercie mon papi comme j'aurais pu le faire de celui qui m'a mis au monde ou sauvé la vie. J'ai l'impression de revenir d'un truc unique.

Unique c'est le mot, je pense que je n'y retournerais pas, mais ça vaut son pesant de sensations extrêmes et inoubliables.

Voili voilà, c'est fait.

Bilan des courses :
  • 30 ans et moyennement au top!

  • Nous avons tous mal dormi la nuit d'après en revivant cette expérience pendant notre sommeil.

  • Ma mère a eu pitié de moi quand elle m'a vu sur la vidéo au moment où je saute de l'avion (quand le cameraman voulait m'extraire un sourire!).

  • Ma femme m'a dit que pendant mon saut mon fiston lui avait demandé si papa était dans le ciel... Prémonition dramatique? Non juste terre à terre le fiston!

Moralité : courageux mais pas téméraire!

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh mais alors j'avais mal lu saut en parachute...
Des bizettes, ça va, je sors.

Le Suricate a dit…

Tu m'étonnes que t'as eu la trouille...J'ai mal au ventre rien que de te lire.
Sinon "je mesure la gravité de la situation"...ah ah =)

Marie a dit…

En fait moi ce que j'aimerai, c'est une fois que le parachute est ouvert .. mais pas avant ! on non alors !

Insom-Gniaque a dit…

C'est drôle, moi je viens de prendre 29 et je me suis toujours dit que j'aimerais tenter le parachute pour mes 30 ans. Une manière de me prouver que je suis assez grande pour faire le grand saut dans une nouvelle dizaine? Mais hmmm ton témoignage m'a presque fait douter... La peur est vraiment pus forte que le rush d'adrénaline, on dirait

Mr SuperOlive a dit…

@ Zette : non non reste, j'aime bien te voir ici!

@ Claire : j'ai eu les grosses pétoches en effet, désolé d'avoir généré du stress et merci d'avoir relevé le clin d'oeil à Galilé

@ Marie : Je crois bien qu'il y a des sauts à plus faible altitude sans la partie chute libre

@ Isom-gniaque : il y a sans doute un petit côté défi personnel dans ce choix. Je crois que des 5, c'est moi qui ai eu le plus peur, donc ne t'arrête pas à mes propos, vas-y, fais toi ton opinion, les souvenirs et les sensations seront inoubliables!

merci à vous pour vos commentaires, à bientôt et bon week end!

Anonyme a dit…

je trouve que t'as eu de la chance de vivre cette expérience , j'adorerais sauter en parachute par contre le saut à l élastique ne me tente pas du tout=))

CoustéMan a dit…

"Tapenade:
recette de cuisine provençale et niçoise, principalement constituée d'olives broyées, d'anchois et évidemment de tapena (câpres en occitan), d'où son nom. Elle peut être dégustée sur canapé, ou simplement en la tartinant sur du pain ou en y trempant des bâtonnets de légumes."

:)
content que tu en sois sorti vivant !

Anonyme a dit…

Allez pour les 40ans : saut à l'élastique le Mr SuperOlive!

Mr SuperOlive a dit…

@ Anne : c'est sûr que j'ai eu de la chance! J'ai juste eu les pétoches mais je suis ravi de l'avoir fait! Quant au saut à l'élastique...j'suis pas chaud chaud

@ Coustéman : merci pour le recette exacte! miam!

@ Msiou : Houla houla, j'suis pas encore prêt, faut que je digère le cadeau des 30 ans! Comme tu as pu le constater j'ai un surnom de super héro mais que le surnom!!

à plus et bon week end!

Katy- a dit…

Bon là, on a presque fait le re-bond avec toi !! wouf ! sauf que nous on avait le sourire en te lisant !

Je le ferai un jour, 100 % convaincue...

Danielito a dit…

Coucou, c'est le beauf qui a été obligé de sauter aussi et qui n'est pas près de l'oublier cette journée.

A chaque fois que je revois la vidéo je me dis que c'était quand même hallucinant de se jeter dans le vide :)

Allez si vous êtes sages et que j'arrive à le faire (c'est technique) je vous ferai un petit cadeau un de ces 4 :)

Mr SuperOlive a dit…

@ Katy : Une grenouille dans les airs, ce sera une première! Fonce!

@ Danielito : Hello mon beauf. Quelle aventure en effet! J'ai peur que le cadeau vienne illustrer mon propos, mais j'aime bien les cadeaux! aller hop à la technique mon grand

la bise

Ladyblogue a dit…

J'ai offert le même cadeau à mon amoureux pour ses 30 ans !!
sauf que 15 minutes avant de sauter, il ne savait pas qu'ilk allait sauter !! :-)))

Anonyme a dit…

Je le ferai un jour...en tout cas joli déroulé, on s'y croirait... =)

Mr SuperOlive a dit…

@ Ladyblogue : sympa, comme ça il n'a pas eu le temps de gamberger! il a aimé j'espère?

@ Osmany : bienvenue à toi si je ne me trompe
Tu as raison, il faut le faire et entre potes c'est encore mieux!
merci

à bientôt et merci de votre visite

Anonyme a dit…

Un seul mot :ENOOOOOORME

Mr SuperOlive a dit…

@ Mec : merci à toi! à bientôt

Anonyme a dit…

Ah ah !
Le saut en parachute raconté par SuperOlive, c'est pas écrasant, c'est tordant.

Tant pis pour la tapenade, hein, t'es une huile ! ;-)

Mr SuperOlive a dit…

@ Frenchmat : merci bcp! tu n'as pas tort concernant l'huile. Ce jour là j'aurais pu en fabriquer si on m'avait coincé une olive là où je pense. J'ai tellement serré les fesse que...!
désolé
à bientôt Mat