mercredi 13 février 2008

Chez "Nénette"

J'aime beaucoup les bonbons.
Pendant mon enfance, ma mère a toujours surveillé ma consommation de sucreries. Aujourd'hui qu'elle n'est plus derrière mon dos, je rattrappe le temps perdu et je machouille de la gomme en tout genre (ou presque!). L'autre soir en dégustant un paquet de Haribo devant l'ordi (j'ai arrêté de fumer je ne vous ai pas dit?), je me suis souvenu d'il y a longtemps.

Devant l'école primaire où j'ai appris tant de choses que j'ai oubliées, il y avait un "bar boulangerie épicerie". Aujourd'hui, cet étonnant mariage commercial n'existe quasiment plus, même en Bretagne! La petite boutique était juste en face de la sortie de l'école. Il n'y avait qu'à traverser la rue sur le passage piéton, grimper quelques marches, pousser la vieille et lourde porte vitrée, et on entrait dans cet endroit particulier, un tintement de clochette signalant votre arrivée.
La tolière s'appelait "Nénette" de son vrai nom Mme DOUGUET. Elle me paraissait plutôt âgée et elle s'occupait seule de son "pluri commerce". Je n'ai jamais su si elle était veuve ou vieille fille. Elle portait une blouse de travail décorée de motifs à fleurs dans les tons vieux mauve ou vieux bleu, ainsi que d'antiques lunettes à large monture derrières lesquelles on apercevait à peine ses yeux. Elle était toujours un peu trop maquillée avec beaucoup de rouge aux joues. J'ai toujours été persuadé qu'elle portait une perruque et celà suffisait à me foutre les chocottes. Nénette sans sa moumoute ça ne devait pas être beau à voir! En fait, je suis sûr qu'elle était gentille mais son accoutrement et son air sévère impressionnaient les marmots qui auraient voulu s'attaquer à son magot.

Car dans ce lieu à la décoration vieillotte, où se mélangeaient les genres et les odeurs, il y avait un véritable trésor pour les gourmands de friandises. Dans de grands bocaux en verre, elle donnait en spectacle à nos yeux d'enfants des stocks considérables de fraises tagada, de bouteilles de coca, des colliers de bonbons, de sucettes, de planètes, de rouleaux de réglisse, de Treets, de carambars, de schtroumph, de malabars, de buble gum, et j'en oublie tant d'autres! Une multitude de goûts, de couleur, de formes dansaient sous nos nez et nous faisaient saliver.

Quand ma mère me chargeait d'acheter le pain, elle me laissait parfois la posibilité de choisir quelques bonbons avec les centimes restants. Quelle joie! Mais aussi quelle torture de n'en sélectionner que quelques uns, puis de devoir les partager avec mon frère et mes soeurs. Si vite engloutis aussi.

Et comment résister à la tentation de s'en fourrer plein les poches puis de ficher le camp à toute berzingue? C'était mal connaître Nénette!
J'ai le souvenir d'être rentré un jour dans la boutique et de m'y être retrouvé seul. La clochette avait pourtant bien sonné. Il n'y avait personne au bar situé sur la gauche. Un alignement de petits verres de "rouge lim" vides sur le comptoir indiquait qu'il y avait eu du passage.
Personne derrière la caisse. Un regard aux bonbons. Un grand silence (de ceux qui annoncent les catastrophes). Je m'approche sans bruit de l'eldorado coloré et sucré ... Et soudain je m'arrête, me souvenant de la fameuse vitre sans teint (à l'inverse de Nénette qui en abusait à fond) qui permettait à Nénette de ne pas trop se faire chourrer. C'était moins une car aussitôt la fameuse porte s'ouvre et la petite dame apparait, un petit sourire aux lèvres que je lui rend le moins naturellement du monde...

C'était l'époque où on payait avec des francs. Avec une pièce de 1 franc (c'est à dire pas beaucoup d'euros), on pouvait acheter une baguette de pain ou un sachet de bonbons bien rempli.
Je me souviens qu'un jour, une éléve de l'école avait acheté pour 10 francs de bonbons. Je ne vous raconte pas la taille du paquet de bombecs, ni l'évènement que cela fut dans la cour de récré! Je crois que pendant longtemps j'ai rêvé d'avoir entre mes mains un tel monticule de friandises. Il paraissait inépuisable, tout comme "Nénette" d'ailleurs. Au final, le paquet fut rapidemment dévoré et quelques années plus tard, j'appris avec peine que "Nénette", elle aussi, avait rendu l'âme.

Un sacré personnage donc que la Nénette! A sa manière, elle aura participé à l'éducation de plusieurs générations de petits gourmands : Apprendre à traverser la route pour arriver jusqu'à son échoppe, savoir compter pour payer ses bombecs, résister à la tentation (et délivre nous du mal!) sous peine de prise la main dans le sac, partage du butin en famille en ayant pris soin de s'en fourrer un de plus au fonds du gosier, etc.

Nénette avait 2 soeurs qui elles aussi faisaient dans le commerce. La triplette formait le gang des soeurs DOUGUET ! L'une d'elle tenait une crêperie (spécialité locale) et l'autre un bar tabac (autre spécialité locale) plus bas dans la même rue. J'y ai fait mes armes (médiocres) au baby foot, j'ai du y boire mon premier "monaco" et peut-être bien fumé ma première clope...

17 commentaires:

Ronan a dit…

les quelques marches à grimper pour entrer chez Nénette, y en avait pas 3 ? du genre "les 3 marches", le troquet en face de l'école de mes enfants qui permet aux arsouilles du quartier et aux parents d'élèves de se mélanger et d'échanger sur les pratiques pédagogiques le soir vers 16 h 45?

Anonyme a dit…

Ah, tout ça pour en revenir à la clope !
Le rouleau de réglisse est bouclé, mais attention, sort de ton esprit les fumeuses idées ;-)

Mr SuperOlive a dit…

@ Ronan : et oui mon grand, c'est bien à cet endroit que se situait naguère le repère de Nénette! Je n'y suis pas retourné depuis mon enfance. L'endroit a du bien changer depuis tout ce temps... Quand tu veux je t'offre un rouge lim là bas amigo, top classe!

@ Frenchmat : à bien y réfléchir, Nénette devait dèjà vendre des cigarettes au chocolat!! En fait j'ai un peu de mal avec mon arrêt de la clope, c'est obsédant cette cochonnerie

merci à vous deux et bon week end!

Anonyme a dit…

Ah oué alors chez moi, c'était Marcelle.
Tous les trucs qu'on a pu lui piquer, la pauvre,quand j'y repense, je suis sûre qu'elle nous laissait faire.
En revanche, elle est encore vivante et quand je la croise, j'ai toujours la trouille bleue qu'elle me dénonce à mes parents.
des bizettes

Anonyme a dit…

Ah oué alors chez moi, c'était Marcelle.
Tous les trucs qu'on a pu lui piquer, la pauvre,quand j'y repense, je suis sûre qu'elle nous laissait faire.
En revanche, elle est encore vivante et quand je la croise, j'ai toujours la trouille bleue qu'elle me dénonce à mes parents.
des bizettes

Insom-Gniaque a dit…

Et qui se souvient de cette marque de chewing-gums qui étaient soient rouges soit verts, hop surprise, si on avait le rouge on gagnait deux chewing gums supplémentaires ? Je me sens bien seule face à ce souvenir flou.
Ce qui me fait flipper sur le mode "tu as bien vieilli ma grande", c'est de repenser en effet aux enfants qui s'achetaient "Dix francs de bonbons". Les stars de la cour de récré. Menfin souvenez-vous le paquet était énoooorme. Mais aujourd'hui, 1,50 euros de bonbecs, c'est quoi hein... Aaaah t'as vieilli ma grande.

ismaoul a dit…

je te reconnais bien là......
petit garnement ;)
bisous à vous 4.

Mr SuperOlive a dit…

@ Zette : il y a prescription Mélina, keep cool!

@ Insom-gniaque : oulalalala!! tu n'es pas seule avec ce souvenir, mais j'ai la mémoire qui flanche quant à la marque des chewing gum dont tu parles. Je les avais oublié ceux là, bien vu!!

@ Ismaoul: punaise Ismaoul, le vrai? celui qui soigne les gens à l'hosto de ma ville? Welcome par ici mon ami! Is it good with you???
j'attends de tes nouvelles sur mon mail (profil blogger)

Anonyme a dit…

On avait une Jeannette dans mon village qui vendait essentiellement des bonbons, des cigarettes et des pelotes de laine... le reste des produits courants étant pour le plus souvent périmé... Son échoppe sentait la pisse pour chat. Mais c'était encore l'époque des vraies langues de chat, celles qui vous limaient la langue au sang ! Délicieux souvenir !

Katy- a dit…

Me dis pas qu'en sortant de l'école y'avait l'église sur la droite ?
Parce que tes souvenirs en ravivent de bien sucrés chez moi !!
Les bonbons qui sautillaient au palais, les fosses dents tout ça ralala... ;)

Ouf pas de magasin de bonbecs à côté de l'école pour nos bambinos !

Valvert a dit…

Souvenirs de douceurs, hummmm !
Nous on allait à la Bonbonnière, mais la tenancière était presque la même.
Oliv', je te passe le BB : http://www.valvert.net/2008/02/27/vos-emotions-vous-les-gerez-ou-vous-les-subissez/
Amuse-toi bien

Unknown a dit…

On se la fait quand cette teuf aux Haribo ?
http://fanette316.blogspot.com/2008/02/haribo-et-moi.html

Anonyme a dit…

Les chewingums dont vous avez oublié le nom, c'était les Veinards.
Et c'était quand t'en avait un vert que t'en avait un gratos.
Nous, chez Marcelle toujours ( pour ceux qui suivent), on y allait en bande, et pendant qu'y en avait qui l'embrouillaient au rayon charcut', les autres ouvraient à peine sans déchirer l'emballage pour repérer les verts et ensuite, on faisait tous nos innocents en plongeant la main dans la boite en carton " ohhh la chance, on en a 12 verts madame, ça nous fait 24!"
Des bizettes

Anonyme a dit…

y'avais un boutique dans ce style dans les vosges où j'ai passé 6 ans de mon enfnace , une boutique boulangerie/fourre-tout où je me souviens encore de l'odeur particulière et où l'on allait dépensé les 10 centimes sur les 20 qu"on devait donner à la quête du dimanche=))))

Mr SuperOlive a dit…

@ Marie : bienvenue par ici! tu as raison, je crois bien que les langues de chat d'aujourd'hui ont perdu de leur piquant, quel dommage...

@ Katy : non non il n'y a pas d'église sur la droite! Tiens, bonne idée, je vais ouvrir une échoppe en face de l'école et me déguiser en vieille peau pour faire revivre le truc!


@ Valvert : Hervé tu m'as eu, je me suis mis à nu, bonbons à l'air(!) à cause de toi!

@ Fanette : j'ai lu ton post, même came que toi! miam!

@ Zette : Bien joué, pour le chewings gum!
Oh la chipie! chez les Loupia, on n'y va pas avec le dos de la cuillère dis moi! par douzaine comme les crêpes quoi!

@ Anne : je crois bien qu'on a tous ces genres de souvenirs un peu cachés au fonds de notre petite tête. Ca fait du bien de les partager et de s'en rapeller tout simplement.

Merci de vos commentaires, à bientôt si j'arrive à enchaîner...

Anonyme a dit…

Ah je confirme, chez Nénette c'était chouette....en plus nous une fois les bonbons dasn la poche, on se faufilait dans l'arrière cour, on empruntait un petit passage presque secret, pis on remontait direct sur l'avenue des saules pour rentrer chez papa maman....
Merci à toi pour ces souvenirs ...
Une quimpéroise exilée...

Anonyme a dit…

Excellent retour dans le passé qu'on aimait tant ! :-)