
Je suis dans l'avion du retour.
Je ferme les yeux et j'entends les conversations qui s'entremêlent. Je passe de l'une à l'autre, j'en attrape des bribes. A peine ai-je le temps de suivre le fil d'une d'entre elles que je me laisse aussitôt embarquer par d'autres effluves acoustiques plus attirantes. Mon esprit divague, comme à la dérive. Je me laisse bercer par le rythme et la variété de ce mélange sonore. C'est agréable.
Tiens c'est comme à Marseille. Ce qui m'a plu là bas (je passe sur la pluie... un vrai temps de breton!) c'est ce "melting-pot" culturel. J'ai adoré déambuler dans cette ville et pouvoir passer d'un monde à l'autre en l'espace de deux ou trois rues, sans véritable rupture. Il y a dans cette ville un brassage et une imbrication de cultures qui s'assemblent harmonieusement.
D'abord le "Souk" bruyant, sale, coloré et bordéliquement organisé où l'ambiance et les odeurs vous transportent ailleurs, loin, vers d'autres rives méditerranéennes. Cette ville désoriente l'occidental. Je me promène encore, je m'enfonce, je m'éloigne, je me sens partir, je me laisse aller, gagné par ces délicieux relents "afros-orientaux". Ça discute, ça se touche, ça négocie, je ne comprends rien, ça clope sur clope comme au bon vieux temps, ça s'époumone... Taxiphones, salons de beauté afro, coiffeurs et barbiers, boucheries où s'exposent des kilos de viande, boutiques de tissus, vendeurs de babioles, de fruits et légumes, épiceries, pâtisseries tunisiennes, tout cela se jouxte, parfois même se superpose, pour mon plus grand bonheur. J'aime cette fusion des univers où l'on sent la vie, simplement.
Puis, avec un certaine douceur, on revient au calme feutré de boutiques plus chics dont les devantures impeccables et millimétrées répondent aux codes aseptisés de nos riches économies. Les ruelles étroites s'embourgeoisent pour devenir des avenues, jamais prétentieuses. Là, tout est calculé, rien ne dépasse, c'est beau, c'est propre mais ça ne sent rien et c'est un peuchère (désolé, je n'ai pas pu m'empêcher!). Pour un peu ça foutrait les boules tout ce rêve en sachet. De la poudre aux yeux!
Étonnamment, les deux univers cohabitent sans cloisonnement apparent. Je n'aime pas l'un plus que l'autre, ce que j'aime c'est cet amalgame qui a fait et fera sans doute la richesse de cette ville généreuse et authentique.
Le Vieux Port et la Mer. Une belle ouverture sur le monde en guise de conclusion, non?
Je me dis que si la mer a toujours éloigné les marins de leurs ports, elle a aussi permis aux civilisations de se rapprocher et d'échanger. A Marseille on peut vivre cette diversité.