lundi 30 septembre 2013

Prisonniers de la Réforme des rythmes scolaires?

Et alors cette réforme elle est bien ?
Sur le papier l’année dernière ça semblait pas mal et je me rassurais naïvement, tel un grand benêt (non sur la photo ce n'est pas moi...), en écoutant les arguments des experts en «bio rythme» ou en «rythme d’apprentissage» des enfants. Après tout cette réforme a été pensée dans l'intérêt des enfants, pour que leurs journées de travail soient moins longues et pour les ouvrir au monde et à la culture...
Mais bien souvent, la pratique diffère de la théorie.
Cela fait à présent plus de trois semaines qu’on expérimente, et même si c’est un peu court pour en tirer des conclusions ça donne quand même un petit aperçu qu’il me faut partager.
Mon inquiétude a commencé un peu avant la rentrée, quand j’ai appris le faible temps de formation (une demi journée) dont avaient bénéficié le personnel en charge des 45 min quotidiennes de TAP (Temps d’Activités Périscolaires) de ma ville.
Dans la plupart des cas, c’est le personnel ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) qui a en charge ce nouveau créneau horaire. Pour être plus clair, ce sont les "dames de cantine" ou "dames de ménage" ou les personnes qui s'occupent de la garderie. Donc, hop hop hop, je finis vite fait le ménage de la cantoche et je me transforme comme par enchantement en super animateur éducateur pour gosses ! Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas de compétence, ni de bonne volonté de leur part. Mais au regard du peu de temps de formation dont ces personnes ont bénéficié, il est impossible d’atteindre les objectifs ambitieux évoqués par les experts théoriciens.
Un autre point. Chez nous l’école commence 15 minutes plus tôt que l’année dernière et il y a 4,5 jours d’école par semaine (versus 4 l’an passé). Moi je veux bien croire que c’est mieux de travailler le matin plutôt que l’après midi, mais dormir c’est bien aussi. Bon d’accord, alors il faut les coucher plus tôt qu’ils nous disent. Et bien oui ça aussi c’est un excellent conseil, sauf que quand tu ne finis pas ton travail à 16h30, qu’il faut gérer les devoirs, la préparation des sacs pour le lendemain, le repas, les fringues, la toilette, l’histoire guili bisous dodo et tout ça pour tes trois loulous, il arrive parfois que le timing dérape légèrement. 
Et paf tout fout le camp, on s'éloigne un peu plus du pays des Bisounours ! Exit la pause du mercredi matin, à la place, à l’heure du garde à vous, tu te payes une brochette de têtes dans le cul mal réveillées avec méga cernes en face de toi au petit déj ! Aller aller les enfants, direction l’école !! Sisisi, c’est pas évident comme ça à première vue mais là vos cerveaux seront bientôt au top pour retenir ce que vont vous expliquer vos instits.
Le constat général est sans appel, après trois semaines d'école, les enfants sont crevés!
Sinon en ce qui concerne les activités des TAP, c’est "tip top". Ma fille de 9 ans doit s’entraîner d’arrache pied aux championnats du monde de balle au prisonnier puisque cela fait plus de 15 jours qu’elle fait cette activité pendant son TAP. Autrement, il y a "jeux de société", "béret", "hip hop", "chaises musicales" et aussi "théâtre" pour faire bien... "Ouverture au monde et à la culture" qu'ils disaient... Ce qui est sympa c’est qu’après les TAP il y a garderie et qu’ils peuvent continuer à faire exactement la même chose… Je pense qu’à ce rythme ma fille a toutes ses chances pour une médaille!
Impossible de savoir ce que fait la plus petite qui a 5 ans. En réalité, je crois qu’elle n’a rien fait. D’ailleurs nous venons d’apprendre qu’ils arrêtaient les TAP pour les maternelles parce que le temps de faire l’appel, d’emmener les enfants faire pipi, d’installer une activité, de ranger, et de refaire l’appel à la fin, il ne restait que trop peu de temps pour faire quelque chose ! Evidemment, les penseurs de la réforme n'avaient pas pensé à ça...
Je passe rapidement sur le fait que les personnels en charge des TAP, quelque peu livrés à eux-même et au regard exigeant de parents inquiets, ont du supporter la forte pression d’une mise en place ratée. Je passe aussi sur la difficulté des parents à communiquer avec les enseignants qui, terminant plus tôt (je précise ici qu'ils ne travaillent pas moins puisqu'ils ont classe le mercredi matin), ne font plus systématiquement la sortie des classes.
Voilà pour l’aspect pratique des choses.  
Alors si on pense que l’idée de base conduisant à la réforme est bonne pour nos enfants, le temps de formation des animateurs, les moyens matériels mis à disposition sont insuffisants, et l’organisation  est à revoir en profondeur et pas en surface.
Nul doute que le maire de ma ville, lui même ancien enseignant et "oreille" du Président Hollande, saura écouter les problèmes évoqués et ne baissera pas pavillon pour faire en sorte que les choses s'améliorent. 
Une dernière remarque sur le coût de cette réforme en cette période de forte augmentation de la pression fiscale. Bizarrement, les politiques n’évoquent pas ce point et sans être un spécialiste (je ne sais que payer…), les heures payées aux personnels des TAP le seront tôt ou tard grâce à l’augmentation des nos impôts locaux (l’Etat décentralise). Alors allons y gaiement Vincent, payons !

Bon vous me direz, je râle c’est vrai, mais si grâce à tout ce chambard ma fille devient championne du Monde de balle au prisonnier, on aura déjà bien avancé… 


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Quelques réflexions sur le sujet au Café Pédagogique

lundi 23 septembre 2013

Un taxi parisien

Le week-end dernier, j'ai fait un bref séjour à Paris. Au programme visite du passionnant musée des Arts Primitifs quai Branly, soirée et dodo chez sister Lolo, puis virée en région parisienne pour récupérer une Twingo.
Je dois récupérer le bolide à Marly La Ville, dans le 95. Comme c'est à plus de deux heures de chez ma sœur en s'enfilant un cocktail complet de transport en commun (tramway, RER, métro, train de banlieue), j'adopte une stratégie plus simple. Joyeuse traversée de Paris en RER jusqu'à Charles de Gaulle pour me rapprocher puis taxi. Efficace. Bon, je me galère un peu à trouver un tacos mais je finis par caser mes grands pinceaux dans un C4 Picasso conduit par un petit gros. Je suis un peu déçu car j'aime bien profiter de me payer un taxi pour rouler en Audi ou en Benz Benz Benz! Et me voilà parti pour un périple interminable...
Comme le type ne connait pas le bled où je vais, il tapote l'adresse sur son GPS TomTom. Calcul de l'itinéraire, pas de péage, pif paf pouf, on est à 14 km du but et on en a pour 23 minutes. Relax, je m'avachis tranquilos sur la banquette en skaï (le skaï c'est comme le cuir sauf que dès que tu bouges les fesses on croit que tu pètes...) en grignotant un Nuts et en me grattant les noisettes. Mais on n'a pas fait 500 mètres que les keufs m'arrêtent le type râle déjà après son GPS qui cherche sa position l'espace d'un instant. Son TomTom le gonfle et sans plus attendre, le taxi man décide de se la jouer à l'instinct : "On va passer par l'A86" qu'il me dit. Je ne réponds rien car pour moi c'est du chinois. Et hop c'est parti, bretelle d'accès, voie d'accélération, et paf bouchon. Bingo! J'suis tombé sur un as du sixième sens, le roi du plan foireux. Ça finit par avancer doucement, on roule un peu, je surveille le GPS d'un oeil et je commence à m'inquiéter quand je m'aperçois que le type ne suit pas les indications du TomTom. Je me dis qu'il est vraiment Con Con et je l'interpelle quand je vois que la distance jusqu'à l'arrivée est à présent de 30 km. "On est à combien de km de l'endroit où je veux aller ?" Il me dit qu'il ne sait pas, je lui réponds que c'est marqué sur son GPS, il me dit que c'est la distance aller retour et je lui demande de ne pas me prendre pour un con. "Ne vous inquiétez pas, on va prendre un raccourci". Je bouillonne, ce mec me met la fièvre.
Il quitte l'autoroute aussi sec. Inspiration divine? Un instant, je me dis que si ça se trouve je suis tombé sur le roi du chemin le plus court. Un instant seulement. Le compteur indique 40 euros, on est parti depuis trois quart d'heure, on a déjà fait 30 km et le GPS indique qu'on est à 40 km du but!!! On est à Eaubonne mais moi je l'ai très mauvaise. 

Je lui dis qu'on est à pétaouchnok et pas du tout où je veux aller, donc soit il me dépose de suite et je ne le paye pas, soit il se décide enfin à suivre les indications de son GPS à condition qu'on se mette d'accord sur le prix de la course. Il me propose 50 euros et je lui dis que je ne lui filerai pas plus de 40 euros et que j'ai autre chose à faire que de visiter la banlieue Nord en mode Seine Saint Denis Skaï. Je regrette de n'avoir pas pensé à faire appel à Uber Popopopopop!!!!!!!!
Il me fait le coup du type désolé, qu'on est quand même dans le 95, genre il est pas si nul que ça. Je lui dis que le 95 c'est grand et que je ne lui ai pas demandé d'en faire le tour. Il me dit qu'il est taxi parisien et pas taxi de banlieue et ferme enfin son clapet pour se concentrer sur la technologie. Ce gars est con comme une valoche !
Une fois arrivé à destination, après deux heures de trajet et 70 km de route, son compteur indique 115 euros. Je lui pose alors une question : "Bon en fait cette course de 14 km, elle aurait du me coûter combien ?","Ben je ne sais pas" qu'il ose me répondre. Je lui dis que décidément soit il me prend pour une andouille, soit il ne sait pas grand chose, que moi j'ai bien regardé son compteur et que c'est une course d'une vingtaine d'euros maxi. Je lui file 30 euros, bon prince au regard du temps que j'ai perdu mais soulagé d'être arrivé parce qu'à un moment j'ai cru que j'allais y passer la journée ! Il n'est pas content du tout, il gueule, je ne peux plus le voir en peinture lui et son Picasso. Je sors de la voiture en calculant la probabilité qu'il me suive et me fasse du rentre dedans refasse le portrait façon Guernica. Vu son gabarit j'ai du souci à me faire, les petits gros et trapus c'est du genre qu'on peut pas casser en deux, c'est trop mou ! Il ne bronche pas donc en guise d'au revoir et pour clore les débats, je lui demande si ça ira pour le retour...

lundi 10 juin 2013

Le maître nageur

Sans doute encouragé par la rencontre furtive d'un ancien champion Olympique de natation en boîte de nuit il y a quelques semaines, je me rends régulièrement à la piscine pour diversifier mes pratiques sportives.
Lundi dernier je vais donc à l'Aquasplash local où, en plus du toboggan, des jacuzzis, du hammam et de la piscine à vagues, il y a un vrai bassin pour nager. Ça caille toujours autant et je me délecte à chaque fois du spectacle des bonnets de bain, mais l'histoire cette fois est différente.
Après un passage à la douche obligatoire, je croise les 3 maîtres nageurs qui discutent entre eux mais daignent répondre à mon bonjour. Comme il n'y a pas grand monde, ils ont l'air un peu désœuvrés car ils ne peuvent pas s'adonner à leur principale occupation qui consiste à scanner ouvertement l'anatomie des nageuses. Ça occupe me direz-vous et il n'y a pas de mal à se faire du bien ! 
Bon, là ils s'emmerdent ferme, y'a que de la mémé, donc pas de risque de transformer le "moule bite" réglementaire en tente canadienne fraîchement montée. La tenue du professionnel c'est donc petit slipo, tee-shirt manches courtes roulées sur les épaules, claquettes Arena à picots aux pieds, sifflet autour du cou. On se croirait au camping ! Le tout avachi nonchalamment sur la chaise haute qui permet d'avoir une vue panoramique sur les petits culs la zone de baignade.
A chaque fois que je vois ces gars, je me fais deux réflexions.

1/ Y'a pire comme boulot mais ils doivent quand même bien se faire ch...
2/ Est-ce que ces types savent vraiment nager ? Je sais, j'exagère mais aucun d'entre vous n'a jamais vu un maître nageur apprendre à nager à un gosse en se mettant à l'eau, ni même (et c'est tant mieux) sauter dans l'eau à la "Baywatch" pour sauver un type qui aurait vraiment touché le fond. 

En les regardant bien de profil, l'un d'entre eux a l'air d'un ancien champion olympique de boîte de nuit qui se serait mis à la natation sur le tard.
Je me glisse dans l'eau sur ces considérations moqueuses et j'enchaîne les longueurs sur un rythme soutenu version brasse. Le crawl, c'est la classe, on est d'accord mais à condition de maîtriser la technique, ce qui n'est pas mon cas. J'ai essayé mais je ne supporte pas de mettre des lunettes et après une série de mouvements désordonnés et moultes éclaboussures, je finis la longueur essoufflé comme un boeuf, l'estomac et les oreilles remplis d'eau chlorée. Le genre veau marin !
Vous l'avez deviné, je préfère l'élégance et c'est donc coiffé de mon bonnet vert que je brasse, telle une grenouille, dans une des lignes d'eau réservée aux nageurs, l'autre partie du bassin étant à disposition des touristes et autres lambins aquatiques. Nous ne sommes que 3 ou 4 à nous partager cet espace, c'est rare et agréable. Trafic fluide, pas d'embouteillage, chacun peut nager à son rythme et doubler sans déranger les autres.
Soudain, alors que je reprends mon souffle après une série de longueurs endiablées, j'aperçois un des maîtres parleurs qui enlève son tee-shirt, ses claquettes, ajuste popol dans son mini slipo et sa tête dans son bonnet (ou le contraire). Mince alors me dis-je, il ne va pas se foutre à l'eau au moins ! J'ai presque envie de lui dire de faire gaffe, qu'il faut savoir nager quand même et qu'il a oublié de mettre ses flotteurs, mais je me retiens. Je m'apprête quand même à intervenir au cas où... C'est alors qu'il s'approche de moi bombant son torse grassouillet tel un Apollon sur le retour. Il me fixe d'un drôle de regard avec ses mini lunettes miroir et les yeux dans les yeux (ou plutôt mes yeux dans mes yeux) me tient à peu près ce langage :  
" Vous savez que vous êtes dans une ligne d'eau pour nage rapide. Vous pouvez aller à coté, c'est pour la nage lente"
Pour c(h)lore le tout il enchaîne par un plongeon plein d'assurance suivi d'un crawl sacrément efficace me laissant planté là. Vexé comme un pou et penaud je change d'endroit bêtement, laissant au propriétaire des lieux la ligne d'eau quasiment déserte. J'avais déjà un peu chaud mais là je fulmine. Je n'ai même pas eu l'occasion de lui balancer une des réparties bien senties dont j'ai le secret... en général dans l'heure qui suit. Tiens j'ai bien envie de lui demander poliment où se trouve la ligne d'eau réservée aux gros connards en lui disant qu'il y serait à sa place. Mais le gars ne s'arrête pas, il sort à peine la tête de l'eau pour respirer. Il est en mode torpille comme on dit dans le jargon.
Je termine donc ma session en mode boulet au milieu des "culs de plomb" et autres amateurs de nage indienne.
Moralité : Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin... elle sait nager !

Pour finir, voici une petite fable revisitée :

Maître nageur, sur sa chaise perchée,
Tenait en son bec un sifflet.
Maître moqueur, par le tableau amusé,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé, bonjour Monsieur du plan d'eau
Que vous sifflez fort! Quelle maîtrise de l'appeau! 
Sans mentir, si votre nage 
Se rapporte à votre puissant ramage 
A une cédille près, vous devez flotter sur l'eau à la vitesse du çon!"
A ces mots, Maître nageur ne se sent plus de colère; 
Et pour montrer sa belle technique,
Il ouvre un large bec, laisse tomber son sifflet (le con!).
Le moqueur s'en saisit et dit :
"Mon bon Monsieur, apprenez que tout persifleur 
Vit au dépend de celui qui l'amuse :
Cette leçon vaut bien un sifflet sans doute"
Le nageur, moqué mais pas vaincu,
Plongea certes un peu tard, et ainsi flottant, en crawl disparut.

mercredi 20 mars 2013

Coeurs fatigués


Voilà, ça y est je suis un petit vieux. Je n’étais pas pressé d’y être, mais ça y est je suis un petit vieux. Je n’ai pas vu le temps passer.
A présent, tout est calme autour de moi, il ne se passe plus rien. Enfin si, quand j’allume la télé pour me tenir compagnie, je vois bien que les hommes se déchaînent toujours autant. Mais je ne fais plus partie de ce monde. Ma vue a rétréci et mon horizon aussi. Dehors, ils construisent un mur mais par la fenêtre, je peux encore apercevoir la cime d’un grand arbre déplumé. Il attend le printemps. Pas moi.
On m’a oublié là, mais moi je me souviens. Je fais le bilan de ma vie, le vrai hein, pas un vulgaire point d’étape qu’on fait à mi-parcours quand on a encore l’illusion qu’on peut arranger les choses ou profiter encore un peu. Faut dire qu’à mon âge on n’a plus que ça à faire, poser ses valoches et remonter le temps. Regarder devant ne sert plus à rien et à la surface il n’y a que silence et solitude. Alors, je plonge dans les eaux troubles de ma mémoire. J’y pêche l’essentiel, les joies, les peines, la vérité des sentiments, et des détails aussi. Je les ramène à la surface, je les place dans mon bocal puis je les regarde danser devant moi toute la journée. Ca occupe, ça fait un drôle de ballet.
Hier, les heures étaient légères, aujourd’hui l’horloge n’avance plus.
Les rares fois où je sors, le regard des gens glisse sur moi sans s’arrêter. Je ne m’habitue pas à cette absence d’échange. Une fois, en sortant du bus, moi aussi j’ai glissé et je suis tombé. J’ai vu qu’on m’avait vu, j’étais un peu gêné mais personne n’a esquissé le moindre geste, chacun a vite filé de son côté. J’ai regardé mes paumes écorchées et je me suis relevé tout seul. Je ne pensais pas un jour devenir l’Homme invisible qui me fascinait tant quand j’étais enfant.
Je suis à peine une ombre, presqu’un fantôme. Déjà.
J’ai souvent regardé les vieux avec une certaine tendresse. J’aimais lorsqu’ils me racontaient leurs histoires, sinon j’observais leurs visages ridés, leurs mains et je leur imaginais une vie. Je me demandais aussi comment ça faisait d’avancer si lentement, courbé en deux, les yeux rivés sur ses pieds. Maintenant je sais, c’est ennuyant.
On a toujours dit de moi que j’étais trop sensible. Et alors? La sensibilité c’est la richesse des hommes.
Quand elle arrive chez moi, chaque semaine, l’infirmière qui s’occupe de moi s’empresse d’enfiler ses gants en latex pour me soigner. La solitude c’est contagieux… Elle fait bien son travail, cause peu et repart aussitôt. Elle doit avoir peur de s’attacher, elle se protège c’est normal… Dire que c’est elle qui me retrouvera un jour. C’est peut-être mieux qu’on ne se connaisse pas.
J’ai eu deux enfants, c’est sans doute ce que j’ai fait de mieux dans la vie. Bon, eux non plus n’osent plus me toucher. Parfois ils m’appellent, j’entends leurs voix au loin mais je ne les vois plus. Ils n’ont plus besoin de moi. Mon cœur bat encore, le leur aussi pourtant.
En fait je n’ai pas rêvé, j’ai juste traversé la vie. Jusque-là c’était bien, j’ai eu de la compagnie, j’ai pleuré et j’ai ri. En chemin, j’ai laissé une trace, petite, fragile, elle s’effacera mais pour l’instant, elle est bien là, je l’aperçois derrière moi.
Aujourd’hui, je ne suis plus personne et plus pour très longtemps. Finalement tout irait assez bien si devant moi ne se dressait pas ce mur d’indifférence. Le franchir, à mon âge ? Plutôt creuser…
Voilà ça y est je suis un petit vieux.

dimanche 13 janvier 2013

J'ai la guitare qui me démange...


Après deux années de cours de guitare à la très très cool, c'est décidé, le fiston va passer à la vitesse supérieure. Direction ce qui se fait de mieux en matière de rigueur et de professionnalisme : l'Ecole de musique. Que dis-je, le Conservatoire de musiques et d'arts dramatiques!
Dossier de pré-inscription pour la guitare en juin, commission en juillet, refus immédiat. 
On nous explique que pour cet instrument, il ne suffit pas de vouloir apprendre, il faut savoir attendre parfois 3 ans avant de taquiner le bout de bois. Pour patienter, il faut faire du solfège assidûment. Je n'étais pas contre un peu de travail suivi, mais le "priver" d'instrument, je trouve ça salop. Vous imaginez la frustration si aux sports d'hiver, le prof de ski passait uniquement les quatre premiers jours à apprendre à un débutant comment on utilise le tire fesses et ne lui permettait de faire sa première descente à ski que le dernier jour... tout ça pour qu'il se croûte la gueule vingt fois sur le verglas.  
Heureusement le prof de trombone cherche des élèves. Il a l'air sympa, mon fiston accroche, no problem pour l'inscription, l'affaire est dans le sac. Bon, il ne sait pas encore que le plan trombone sur la plage autour d'un feu ça peut être compliqué avec les filles... quoique!
Retour de vacances en fanfare. Un petit tour par l'école de musique nous apprend toutefois que le fiston n'est ni inscrit au cours de trombone, ni aux leçons de solfège. Personne n'a fait le changement de l'instrument sur le dossier initial, et pour l'administration c'est trop tard et à l'année prochaine!
Nous contournons l'obstacle car heureusement le prof de trombone est toujours dispo pour recueillir des débutants éconduits. Il va essayer d'arranger l'affaire en coulisse, c'est sa spécialité.... 
Après plusieurs visites, suppliques, réunion à base de "le solfège n'est pas une punition", un mail nous informe que le fiston est enfin inscrit pour les cours de trombone et de solfège. Youpi!
Arrive enfin le jour du premier cours de solfège, mon garçon n'est pas spécialement enchanté mais l'inverse m'aurait presque inquiété. Nous passons à l'accueil pour vérifier son inscription, la secrétaire ne trouve pas son nom, elle va chercher sa collègue qui s’occupe de rien de ça et qui nous dit que c'est bon pour lui mais que les listes ne sont pas encore à jour... Elle nous accompagne jusqu'à la salle de cours où des enfants sont déjà assis. Le mien s'installe aussi, la prof arrive après tout le monde, je quitte les lieux avec le reste de ma troupe. Direction maison, devoirs et préparation d'un délicieux gratin de courgettes. Mais déjà le téléphone sonne.
"Oui allo?"
"Mr Machin?"
"Oui c'est moi "
"C'est Mme Trucmuche du Conservatoire. Nous avons eu un petit problème avec votre fils...
Gloups
... C'est qu'en fait il n'est pas inscrit au cours de solfège, contrairement à ce que nous vous avons dit, il est sur liste d'attente..."
La dame m'apprend que la prof, ne voyant pas le nom de mon garçon sur sa liste, a choisi de ne pas le garder dans son cours. Pédagogie, épanouissement, le solfège c'est ludique, ce n'est pas une punition qu'ils disaient... 
Je bouillonne, j'écume, je fume, j'embarque ma petite fille (une sorte d'assurance vie), je retraverse la ville en version accéléré. Je vais me faire le dirlo direct, à la mexicaine ou version OK chorale Corral, lui dire ce que je pense du foutoir complet qui règne dans son établissement prétentieux. Une clé de sol peut être mais une clé de bras c'est sûr, une bonne soufflante et on verra bien où finira le trombone à coulisse...
La secrétaire m'attend avec mon garçon directement sur le parking comme s'il avait fait une connerie. C'est le monde à l'envers! En fait, c'est stratégique. Au téléphone, elle a senti que j'étais passé en mode bourrin énervé et elle veut me tenir à l'écart des bureaux où ses chefs doivent être en train de peaufiner leur "Air organisation" en jouant aux cartes. Elle est très gentille, bli bli bla bla, je vois bien qu'elle essaye de m'entourlouper version flûte enchantée. Je la remercie de s'être occupé de mon fils, mais je ne baisse pas pavillon et demande à voir un responsable de suite, si tant est qu'il en existe un dans la boutique...
Je rencontre donc la responsable de rien à qui j'ai pu dire qu'elle faisait très bien son travail qu'il était lamentable de faire supporter le manque de professionnalisme de l'école à un enfant de dix ans, le tout sans gueuler comme un putois baryton, parce c'est bien connu, la musique adoucit les moeurs.
Elle me joue un concerto pour pipeau en adagio de toute beauté, et je quitte les lieux contrarié.

Passons. A force d'insister, miracle, les choses se sont finalement arrangées...
Il y a quelques jours, nous sommes donc retournés à la leçon de solfège du fiston. En attendant le début du cours avec lui, j'ai bien vu que ça n'allait pas fort. On s'est isolé, il a lâché ses larmes..., je lui ai expliqué que cette fois ci tout se passerait bien, qu'il avait une sacrée chance d'apprendre la musique. Un trésor inépuisable. Puis on y est retourné, il a vu un garçon qu'il connaissait, la prof est arrivée en retard, je suis parti rejoindre les filles dans la voiture.
Cette fois ci à la maison, j'ai pu finir tranquillement un Chili con carne, autre spécialité mexicaine, et le soir il est rentré avec un grand sourire aux lèvres. C'était bien!
Et en avant la musique!


jeudi 8 novembre 2012

Piscine et bonnet de bain

Ce n'est pas que j'adore ça mais pour occuper les enfants pendant les vacances scolaires, la piscine c'est pratique. 
La piscine pour moi c'est le souvenir des séances scolaires à l'école primaire dans une piscine gelée version soviétique, un bassin trop profond, une eau trop froide, un moniteur blasé avec sa perche qui lui sert autant de bâton que de soutien, c'est tasse sur tasse, grelotage permanent au bord du bassin, les costauds qui coulent les gringalets, les cabines humides, froides et un peu sales, les chaussettes péniblement enfilées sur des pieds encore trempés, les cheveux mouillés en sortant dans l'air frais, le retour en bus et cette écoeurante odeur de chlore qui imprègne ton corps pendant des heures malgré la douche... Le seul truc drôle c'était bien entendu de voir la maîtresse ou le maître en maillot de bain, ce qui avait pour effet de changer définitivement le regard qu'on pouvait porter sur eux... certains perdaient un peu de leur belle autorité dans ce plus simple appareil. 
Sinon, je me demande bien qui a appris à nager grâce à l'école... 
Bref, quand je vais à la piscine j'ai un peu l'impression que je vais me baigner dans un chiotte... Ceci explique sans doute que je n'y vais pas souvent.
Avant de m'y rendre, je vérifie les horaires d'ouverture. Je ne sais pas pourquoi mais une fois sur deux, lorsque je veux y aller, elle est fermée pour réfection des bassins ou entretien annuel... Bon là c'était ouvert.
J'étais donc chez moi en train de me préparer mentalement à me cailler les miches pendant plus d'une heure, lorsqu'un éclair de lucidité me transperça. Bonnet obligatoire! Oui, depuis quelques mois le  port du bonnet de bain est  à nouveau obligatoire, comme quand j'étais enfant. Depuis la multiplication des piscines ludiques, cette contrainte avait disparu, et voila qu'elle refait surface. Les cheveux perdus  dans l'eau boucheraient des canalisations, des filtres et seraient à l'origine de coûteux dysfonctionnements...
Nous voici donc à la piscine "Aquasplash" devant le distributeur automatique d'accessoires où j'ai le choix entre des bonnets en silicone vert et des bonnets en tissu rouge. Pour une raison que je ne m'explique pas, il est hors de question de couvrir ma tête d'un bonnet en tissu. Enfin si, j'ai trouvé une photo qui résume bien mon blocage!
Mais le vert manque d'élégance... J'y regarde à deux fois pour voir si dans une des cases, il n'y a pas un bonnet bleu ou orange ou au pire noir. Mais ils sont tous verts... Je me lance, au moins c'est en silicone, exit le modèle de torture en plastique qui t'arrachait les cheveux quand tu voulais le visser sur ton crâne!
Avant d'aller nous changer, depuis le balcon qui surplombe les bassins, nous jetons un coup d'oeil sur l'affluence et c'est un spectacle haut en couleur qui s'offre à nos yeux. Des dizaines de têtes colorées gigotent dans l'eau et égayent cet univers d'habitude tristounet. Avec un peu plus de monde encore, on pourrait imaginer un tableau de Signac ou de Seurat. Sinon, je trouve ça très amusant que tout le monde soit logé à la même enseigne du ridicule...
Enfin non, à y regarder de plus près, tout le monde ne porte pas le bonnet de la même façon. J'opte pour le port au ras des sourcils qui couvre les oreilles. L'avantage est que le brouhaha qui règne dans ce lieu bruyant est considérablement atténué. L'inconvénient est qu'au bout de cinq minutes j'ai le lobe des oreilles scié en deux, et ça fait mal. Enfin le bonnet accentue la forme oblongue de mon visage, c'est assez drôle. J'ai l'impression d'être une sorte de missile, un obus. Non, en fait je ressemble à s'y méprendre à un suppositoire à l'eucalyptus!!
Allez hop, courage je franchis le pédiluve en regrettant de ne pas savoir marcher sur l'eau, et je me jette dans la fosse à microbes, toujours un peu fraîche à mon goût. Tout en surveillant mes enfants, j'observe la foule et je me régale.
C'est un défilé permanent de tête de glands, de crânes d'oeuf plus ou moins proéminents et déformés en fonction de la quantité de cheveux censée être cachée... Je dis censée car dans le style le plus hilarant à mes yeux, il y a le port "kippa" ou "calotte", vous voyez, le bonnet qui est remonté sur le haut de la tête, plissé, et qui tient encore par je ne sais quelle opération du Saint Esprit...
Je ne vous parle pas du kit "lunettes plus bonnet", oreilles décollées option morve au nez qui peut parfois ficher la trouille.
J'ai même vu une dame d'un certain âge avec ce modèle vintage fleuri que je pensais introuvable!

Quand au choix de ma mère de porter dans les années 80 le modèle à picots, je ne me l'explique toujours pas... Plus de sensations dans l'eau parait-il!
Je vous passe une mauvaise chute de votre serviteur sur une sorte de trampoline aquatique pour faire sauter les enfants qui me vaut une douleur persistante aux cervicales (le bonnet de bain n'a rien protégé!) et vous aurez eu une idée d'un après midi de vacances haut en couleur au pays du couvre chef en plastique...

lundi 10 septembre 2012

Sur la route des vacances

Eté 2012, pour les vacances direction l'Italie en automobile. Au programme Rome, la Toscane et tutti chianti quanti!
La voiture est prête... Enfin, le plein est fait, les pneus neige sont gonflés à bloc, j'ai aussi ouvert le capot du moteur mais je n'ai rien pigé à ce que j'ai vu... J'ai quand même dévissé puis revissé un truc pour faire genre je m'y connais et j'ai aussi chargé à fond le réservoir du lave glace anti-moustique. Ensuite j'ai refermé le capot dans un grand bruit et j'ai dit à ma femme, plein d'assurance, "Tout est OK".
Pour une fois, les bagages tiennent dans le coffre sans problème ce qui laisse à penser qu'on a oublié des trucs ultra indispensables comme le bateau gonflable, les doudounes, l'appareil à raclette, la collection de cahiers de devoir de vacances et les culottes des filles (une fâcheuse habitude)... Rien de bien grave en tout cas. Les lecteurs DVD pour l'anesthésie durable des enfants sont parfaitement en place et prêts à diffuser la totale des épisodes de Tom Sawyer et de Rémi sans famille. Pas de GPS embarqué, on y va à l'ancienne avec la carte routière du siècle dernier sur les genoux. Ça va le faire, le GPS c'est pour les glands!
Je m'installe aux commandes, j'enfile mes Ray-Ban Aviateur et j'entame une check-list avec ma copilote :
"Pipi?" OK
"Doudou?" Embarqués
"Pique nique?" Dans la glacière
"Glacière?" Dans le coffre
"Coffre?" Fermé
"Crème solaire?" T'inquiète, dans la voiture on risque rien...
"Ceintures?" Bouclées
"Salon de jardin?" Rangé
"Maison?" Fermée (j'en connais qui ont failli partir en laissant la porte grande ouverte...!!)
Pour un peu, on se croirait dans TOP GUN! C'est au moment où je demande l'autorisation de décoller à la tour de contrôle que mes enfants me demandent d'arrêter de me prendre pour un pilote de chasse. Je redescends donc sur terre, je passe la première et roule ma poule, les milliers de km qui nous attendent n'ont qu'à bien se tenir, la famille est prête pour l'aventure.
Evidemment, on n'a pas roulé 50 km que la question fatidique arrive : "C'est quand qu'on arrive?". A ce stade du voyage, cette question peut avoir des effets dévastateurs, pour qui n'est pas préparé mentalement. Quant à moi, je gère la situation paisiblement. Mais assez rapidement ça enchaîne à base de "J'ai plus de batterie dans mon lecteur MPtruc!", "Est ce qu'on peut avoir des bonbons?", "Qui c'est qu'a pété?", "Maman, machin il m'a dit que j'étais moche!", " Papa est ce que je peux jouer à ton I Phone?", "Maman, j'ai mal au ventre"... 
Du coup, sans tarder on allume le DVD. Mais aussitôt, la sanction tombe : "Papa on n'entend rien!" (pour les problèmes techniques on appelle papa). Bon c'est vrai que le matos est un peu limite, alors j'ai une idée de génie qui est de brancher le son du lecteur DVD sur les hauts parleurs de la voiture... La stéréo dolby est parfaite, on en a plein les oreilles, générique à fond et c'est parti pour une douce rengaine à base de : "Tom Sawyer, c'est l'Amérique, le symbole de la liberté!!!!" et on alterne avec "Je suis sans famille, je m'appelle Rémi et je me ballade dans la vie!". A ce moment précis, je ne sais pas qui il faut envier de Tom Sawyer libre comme l'air ou de Rémi qui se ballade sans famille, mais je me dit qu'ils devaient être assez peinards!
On vient à peine de quitter la Bretagne et les nuages arrivent (et oui!). Le premier péage d'autoroute se dresse aussi face à nous. A mesure que nous descendons dans le sud, le soleil  réapparaît et la carte bleue frôle la surchauffe tant les péages sont nombreux! Une spéciale dédicace au tunnel du Fréjus qui, avec un aller simple à presque 40 euros, offre un rapport paysage / prix au km absolument nul!
Une fois passée la frontière, c'est un enchaînement de tunnels qui donne l'impression de voyager au coeur d'une meule de gruyère!
Sinon tout s'est bien déroulé, sauf qu'à peine revenu, on vient de recevoir une première contravention pour un excès de vitesse enregistré en France sur le trajet du retour. On n'en fera pas un fromage car si on en reste là, 45 € pour 4600 km parcourus, c'est une moyenne honorable. Mais rien n'est moins sûr car on n'a jamais vraiment compris les limitations de vitesse en Italie, faute de panneaux indicateurs. Enfin si, il y en a plein d'indications qui précisent qu'en cas de neige ou de brouillard il faut rouler à 50 km/h... Manque de bol, il n'y avait ni neige ni brouillard! Rien compris non plus à leur système de radar fixe. Donc pour être clair, après avoir dépensé une petite fortune en péage et en essence (le gasoil était 20% plus cher là bas), je redoute la dégustation d'amendes italiennes, une spécialité locale au léger goût amer parait-il...

Ah oui, j'oubliais, on n'a pas été au top non plus sur la lecture des cartes routières, ce qui nous a valu des trajets souvent rallongés. Les enfants, dépités par nos erreurs de parcours et de timing, ont malgré tout fait preuve de beaucoup de bon sens... Voila donc un aperçu de ce qui a pu se raconter dans notre dos lors d'un voyage initialement prévu pour 2 heures et dont la durée a presque doublé :
La moyenne : "Pfffff, ça fait une heure qu'on aurait du arriver!"
Nous (légèrement à cran) : "C'est ce qu'on pensait les enfants. Si vous croyez que ça nous fait plaisir de tourner en rond, nous aussi on serait mieux dans la piscine!"
La moyenne : "Décidément, on ne peut pas vous faire confiance" (et pan dans les dents!)
Le grand : "Ben si tu leur fais pas confiance, tu vas faire confiance à qui alors?" (ben oui à qui tiens?)
La moyenne : "Ben à moi tiens!" (et re-pan dans les dents!)
Les voyages forment la jeunesse!
Et si jamais on reprend la route l'année prochaine, c'est décidé, on achète un GPS, on aura l'air moins cons, enfin si on arrive à le faire fonctionner!!


PS / A un moment j'ai même pensé que sur la carte routière ci dessus, ils avaient écrit "INDÉCHIFFRABLE"...


vendredi 6 avril 2012

La famille hérisson

L'autre soir en rentrant du travail j'aperçois, posée à côté de l'évier, une petite boule de poils marron et drus. Tiens c'est quoi ce truc? Ma femme qui revient d'une virée au magasin bio, me précise que c'est une brosse pour laver les légumes...

Si mon côté "anti bio" tique (je ne suis pas tout à fait guéri), je suis tout de même amusé par l'aspect mini hérisson de l'objet. Je décide donc de faire une blague à mes enfants et je place la brosse dehors à côté d'un pot de fleurs.
Plus tard, après le repas, je leur dis : "Les enfants, j'ai quelque chose à vous montrer, venez". Rien que le fait de les voir tous les trois ensemble, les yeux et la bouche grands ouverts est un spectacle qui me ravi. J'enchaîne donc en chuchottant : "Regardez, juste à côté du pot de fleurs, il y a un bébé hérisson qui dort, c'est très rare!". Ils s'approchent alors doucement, le grand devant, un poil sceptique, la moyenne le suit avec encore un brin d'étonnement et de curiosité dans le regard et la petite dernière peine à contenir son excitation mêlée de peur. J'adore! Bien sûr la supercherie est bien vite démasquée par les aînés qui s'amusent ou s'inquiètent que j'ai pu penser à leur faire une blague aussi minable. La petite quant à elle rigole nerveusement. Elle n'a pas tout pigé et est à peine soulagée.

L'histoire aurait pu en rester là. Mais après le rituel du coucher des enfants : pipi, toilette, histoire, calin, un verre d'eau, j'ai les fesses qui grattent, un guili, j'ai trop chaud (je fais court là), ma femme qui se détend sur le canapé m'interpelle : "Viens voir, il y a une bête qui bouge dehors... si ça se trouve c'est un  rat!!"
Intrigué, je sors courageusement dans le jardin muni d'une pelle et d'un balai, et alors que je suis prêt à faire face à un rat bondissant, j'aperçois un hérisson immobile et tranquillement posé au coin de la terrasse. La preuve en image.

Quand le lendemain matin au réveil j'ai montré les photos aux enfants, j'ai bien senti qu'ils étaient un peu scotchés par une telle coïncidence (et moi aussi d'ailleurs). Je retrouvais ainsi un peu de crédibilité à leurs yeux.
Bref, voilà une histoire qui ne manque pas de piquant!

Une autre photo en bonus, le bébé hérisson et sa maman. Je n'ai pas pu m'en empêcher!

jeudi 15 mars 2012

On ne fait pas d'omelette...

Elle m'a regardé dans le blanc des yeux, j'ai ri jaune. Elle m'a regardé dans le blanc des oeufs, ça m'a filé la chair de poule jusque dans les mollets. Elle m'a aussitôt traité d'omelette... D'un grand coup sur mon ovale elle a brisé ma coquille, je me retrouvais l'oeil poché, étalé, à poil et complètement à plat. Il y avait de quoi se brouiller mais je tentais de tenir le coup. Moi le petit coq transpirant, elle m'avait transformé en roi de la mouillette. Après un tel pain dans la tronche, mon eggo avait pris un coup. Pas beau à voir dans le miroir, complètement mimosa. Moi qui aimait jouer les durs, j'étais remonté et à la fois tout ramollo. Elle m'avait battu les blancs en neige. Bref on ne fait pas d'omelette...

mardi 18 octobre 2011

QUIMPER, ma ville


Cette ville, ce n'est pas que je l'aime. Mais je n'ai connu qu'elle. Je ne suis jamais vraiment parti. Je ne savais pas que j'avais un faible pour les belles endormies. Aurais-je commis un impair et vexé la demoiselle? Quimper, capitale de la Cornouaille, un décor noyé sous la bruine, une simple cuvette où il pleuvrait beaucoup, une ville à découvrir avec un imper sur le Q?
Qu'importe ce que disent les mauvaises langues, j'enfile mon pardessus et je pars me balader sous le crachin breton dans les ruelles du petit et charmant centre ville historique. C'est vrai qu'on en a vite fait le tour, une fois remontée la rue Kéréon, mais c'est agréable. Il y a tant de centres vils.
Les deux flèches de la Cathédrale Saint Corentin s'élèvent droit au dessus des toitures penchées des maisons à colombage. Je déambule dans les rues pavées où j'enchaîne les saveurs. Je passe en un clin d'oeil de la rue du Salé à la place au Beurre. Bien entendu, tout cela me met en appétit. Je m'arrête aux Halles pour acheter une crêpe beurre sucre chez Mme Quéau. Un régal à déguster avec et sur les doigts et inversement proportionnel au sourire de la dame. 
Je traverse l'Odet empruntant le joli pont pissette sous lequel nagent des mulets à contre courant. J'aperçois à ma gauche les marronniers en fleurs qui bordent la rivière et la devanture du café de l'Epée. Le soleil est revenu, il fait bon. Après ce repas frugal, je décide de m'allonger sur les flancs abrupts du mont Frugy où, je me rappelle avoir fait, il y a longtemps, quelques descentes vertigineuses... Des mouettes sillonnent le ciel, la mer n'est pas loin. Je dois m'assoupir un peu et lorsque je refais surface, je décide de longer les allées de Locmaria en direction du quartier du Cap Horn, m'éloignant du centre. C'est l'aventure ! Je flâne sur les bords de l'Odet qui glisse jusqu'à la mer dans un élégant silence, à peine dérangé par le discret flot de circulation. Je croise une vieille bourgeoise promenée par un chihuahua ridiculement couvert qui aboie à mon approche. La scène m'amuse et elle me jette, elle aussi, un regard hostile. C'est donc en riant que j'aperçois le toit des Faïenceries HENRIOT. Je me souviens de mon enfance et de tous les chocolats chauds lapés dans ce bol made in Quimper orné de mon prénom.
Sur une patte, un vieux gréement démâté, boude attaché au quai. C'est le Corentin, vieux bougre réplique d'un Lougre, hommage à l'époque où les bateaux et les marins remontaient l'Odet jusqu'en ville. Plus loin le chemin du halage borde la rivière qui, plus au sud vers Bénodet, mène à l'océan. L'appel du large me guette, je m'évade!
Non, finalement je reste. Quelque chose me retient ici au confluent de l'Odet et du Steïr qui, c'est amusant, pourrait se prononcer "stay here", une sorte de message subliminal en somme !
L'adolescent rebelle veut changer d'air et de famille, et devenu adulte, il revient souvent à ses racines. On n'a qu'un père, n'est-ce pas?


mercredi 20 avril 2011

Aventures nocturnes et psychologie pour enfants

Non, il ne s'agit pas de vous raconter ici mon sympathique week-end à Rennes et mes tentatives de déhanché sur le dancefloor brûlant du festival Mythos qui, comme son nom l'indique, se déroule à... Rennes. Le genre de soirée où le DJ est au top et où t'as l'impression d'avoir 20 ans, impression renforcée par le fait que tu as un peu bu la chance d'avoir les mêmes potes à tes côtés depuis tout ce temps!
Je voulais plutôt vous faire partager la nuit qui a suivi. Le genre de nuit où l'on se dit que le rôle de père est vraiment extraordinaire. Pour le coup, le roi du dancefloor avait beaucoup moins la patate! Ça rappellera des souvenirs à certains! 
Alors ça commence toujours par un couché tardif, affairé à moult conneries domestiques et malgré une  fatigue certaine.
Pleine lune oblige, le premier réveil intervient vers 3h du matin avec un petit saignement de nez de miss L. On nettoie un peu, coton dans le pif, pipi, calin, bisous et tout va bien. 

Retour au lit, tournicotti, tournicotta, et hop au moment où tu as l'impression de te rendormir, ça pleure dans les hauteurs. 4h30. C'est miss J. qui nous honore d'un bon pipi au lit.
Un vrai, hein, pas la demi pissette de libellule! Le bon pipi au lit, avec changement des draps, de l'alèse (Blaise), du pyjama, de la turbulette, un petite toilette et dodo maintenant ma chérie...
Elle : Non!
Moi : Comment ça non?
Elle : Doudou!
Moi (en mode je chuchote mais quand même je gueule un peu, dans un langage châtié) : Ben t'as aussi pissé sur Doudou dis donc (1), t'es marrante toi! 
C'est pas de ma faute s'il n'est pas étanche ton doudou, mince alors!
Elle : Doudou!
Bon, je lui explique que Doudou est sale, qu'il faut le laver pour que demain il soit tout propre et patati patata.
Elle : Doudou!
Je le lui file son Doudou au pipi
Elle (en pleurs) : Doudou est mouillé! (Elle comprend vite)
On est bien parti, je le sens!
Moi (Version entubage à deux balles) : Tiens Popi il est gentil aussi, et puis il est tout sec. 
Elle : Non, je veux Doudou! 
Les enfants sont têtus, n'est ce pas?
Conseil d'expert : Bon, quand on tente ce genre de mytho, il faut bien sûr y croire un minimum. Dans notre exemple la tâche est ardue parce que, comme chacun sait, Popi est un gros con! 
Enervement, soupirs, et autres pensées foireuses.

    Ainsi acculé, je me lance à la recherche du 2éme Doudou, la tête dans le cul. Pour alors, ça fait déjà 20 minutes que je suis réveillé, et à présent j'erre en calbut  dans cette putain de baraque en bordel en  me caillant sérieusement les miches. Bien sûr Doudou 2 a foutu le camp à pétaouchnoque!
C'est dans ces moments difficiles qu'il faut être costaud mentalement et aussi savoir faire preuve de finesse. Je reprends donc les choses en main pour qu'elle arrête de pigner après son Doudou. 
Moi : "Bon, tu veux dormir dans le garage alors?????"
Minable mais efficace. Une oasis de tranquilité pour finir la nuit!
Merci qui? Merci Françoise DOLTO!

Réveil 6h30ça pique un peu les yeux... Bizarrement, j'ai déjà hâte à la nuit prochaine!


(1) Spéciale dédicace à Mr Carlos le fils de qui vous savez et expert en boisson fruitée...

jeudi 3 mars 2011

Mon plus bel arrêt

Quand je me suis pris ce tir en pleine poire, nous en étions déjà à 7 à 0 contre nous.
Il faisait beau et je n'avais vu arriver la balle qu'au dernier moment, ébloui par le soleil et aussi un peu dans la lune. Je me trouvais donc étendu dans l'herbe, au beau milieu d'étoiles scintillantes, revivant par bribes le calvaire de cette après-midi pourtant lumineuse...
Ce jour-là, la chaleur était accablante, et bien qu'étant dispensé d'efforts intenses dans mes cages, je transpirais à grosses gouttes. Mes camarades, eux, jouaient au ralenti comme anesthésiés par la touffeur ambiante. Les rouges, en face, déboulaient sans cesse vers moi et me canardaient à la chinoise (1), tirant dans les coins, sans retenue et sans pitié. Malgré la canicule, le petit poussin que j'étais avait la chair de poule... A chaque fois ou presque, il me fallait aller chercher la balle au fond des buts, la tête basse, sous les quolibets de mes partenaires. Pendant les rares temps de répit, atterré, je priais pour que mes adversaires fassent enfin preuve de maladresse.
On m'avait collé à ce poste parce sur le terrain, j'étais un peu mou du genou. Enfin, comme joueur de champ, j'étais nul et j'avais donc atterri dans les caisses, au rebut. C'était sans doute un moindre mal, mais en vérité, j'avais une trouille bleue du ballon, ce qui faisait aussi de moi un piètre goal. Mon entraîneur ne prenait d'ailleurs pas de gants pour me le rappeler. En Angleterre on appelle le gardien de but le "goalkeeper". Moi je suis le goal qui a peur.

Mais droit devant, l'attaquant venait de transpercer une nouvelle fois la défense apathique. A mesure qu'il s'approchait, je ressentais la terre vibrer sous mes pieds et le sang battre plus fort à mes tympans. "Sors, mais sors!!!!" me criait-on. Alors qu'il armait un tir puissant, je restais planté sur ma ligne en me protégeant le visage et les roupettes avec mes gants immenses. J'esquissais à peine un geste, puis je regardais le ballon embrasser le filet noir dans un bruit sec. Sur la touche j'entendais les commentaires des parents spectateurs : "Tu parles d'une passoire celui là, quelle nouille!" 
Piqué au vif je décidai rageusement de leur montrer ce dont j'étais capable. Déjà, une nouvelle vague rouge se profilait. Me sentant pousser des ailes au croupion, je partis à l'assaut du goléador adverse, bien décidé à lui chiper la balle à la manière d'un goal volant. Mais emporté par mon élan sincère (2), je me livrai inconsidérément et fus victime d'un crochet suivi d'un grand pont. Entre mes jambes béantes fila cette balle décidément insaisissable et mes derniers espoirs de footballeur. 
C'est alors que je ressassais mes erreurs que le missile m'atteignit en plein visage version dindon de la farce. Quand je repris connaissance sur le bord du terrain, j'entendis mon entraîneur dire à mes coéquipiers : "Y'a pas à dire, c'est son plus bel arrêt!".
Ce soir-là, en rentrant à la maison avec un magnifique cocard, je décidai de raccrocher les crampons.


(1) Expression maison à caractère non xénophobe
(2) Comp...renne qui pourra!

jeudi 20 janvier 2011

Souvenirs bucoliques et autres histoires de pot au lait


J'ai passé toute mon enfance dans un petit quartier de campagne, à proximité d'une ville moyenne. Quelques maisons abritant des familles avec de jeunes enfants, des champs, des vaches, du calme entouré de plusieurs petites fermes. 
J'ai de bons souvenirs de cet endroit où mes parents vivent toujours.
J'y ai découvert le monde agricole avec le taciturne Mr Sizorn qui nous embarquait sur la remorque de son tracteur pour aller couper du maïs aux champs. Il n'avait pas d'enfant, ne disait pas grand chose, mais sur son visage buriné on pouvait lire toute la gentillesse d'un homme simple. Sa casquette grise vissée au crâne et la clope au bec, il conduisait son modeste tracteur rouge et gris avec une assurance qui m'impressionnait. Assis à l'arrière de la remorque, je regardais défiler les chemins de terre, respirant l'air breton et goûtant avec délice à ce parfum de liberté. Je me souviens de son petit rire amusé face aux questions naïves de l'enfant curieux que j'étais. Je l'aimais bien.
Mais dans ce paisible quartier j'ai aussi eu la trouille. Notamment lorsqu'il s'agissait, les soirs d'hiver, d'aller chercher le lait frais à la ferme des Sizorn. Elle n'était pas très éloignée de notre maison mais lorsqu'il fallait faire ce trajet, seul dans le noir (après avoir sans doute un peu trop traîné sur mes devoirs), je n'en menais pas large! La première étape consistait à grimper une côte avant de bifurquer sur la gauche à angle droit. Sur la droite en haut de cette petite colline, il y avait une autre ferme tenue par un homme veuf et son fils, les Cochard (un nom à coucher dehors, je vous l'accorde). Personne n'osait trop s'y aventurer, même en plein jour, d'autant que les deux énergumènes, chasseurs énervés et maladroits, avaient une fâcheuse tendance à noyer leur solitude et tout le reste dans l'alcool. Tout ça va de pair me dire-vous, on est en Bretagne! 
Un jour que ma mère nous ramenait de l'école dans sa Renault cinq orange, nous trouvâmes devant nous sur la route le fiston en fâcheuse posture. Il était monté sur un cyclomoteur mais avait toute les peines du monde à dompter sa Motobécane bleue. Il zigzaguait de façon incroyable, embrassant les bas côtés, balayant la route dans toute sa largeur, le tout au ralenti, à la limite de la rutpure. J'étais sidéré par un tel spectacle digne des meilleurs équilibristes! Lorsque ma mère finit par trouver l'ouverture et réussit à le doubler avec précaution, je fus soulagé et je me retournai aussitôt pour ne pas perdre une miette du spectacle. Le final fut à la hauteur. Perturbé par le déplacement d'air (ou ébloui par la couleur orange vif de notre Titine) notre héros imbibé s'en alla aussitôt et en douceur dans les décors, sous nos regards médusés! Bref.
Cette ferme délabrée restait donc un mystère, bien gardée par quelques chiens agressifs qui aboyaient bruyamment lorsque je passais à proximité. Je craignais en silence que l'un d'entre eux s'échappe pour se faire un délicieux dîner de mes mollets de coq. Mon autre crainte était que l'un des deux poivrots, à l'affût, me confonde avec un faisan égaré, et me fasse l'offrande d'une giclée de plomb dans le postérieur. Pan!
Ensuite, la route longeait d'épais cyprès, agités par le vent, d'où je m'imaginais voir surgir je ne sais quelle créature mal intentionnée. Pour me rassurer, je tenais fermement le pot de lait en plastique translucide, prêt à m'en servir comme d'une arme redoutable... et j'accélérais le pas.
Enfin j’apercevais un peu de lumière à l'approche de la ferme. Sauvé!
Derrière la porte coulissante de l'étable, les vaches attendaient la traite côte à côte en mâchouillant paisiblement leur repas du soir. Il régnait là une odeur un peu aigre d'excréments mais la chaleur animale était plutôt rassurante. Mme Sizorn, n'était jamais loin et venait à ma rencontre pour remplir mon pot d'un lait tiède et crémeux à l'aide d'une grande louche qu'elle plongeait dans une profonde cuve ronde en inox. Non sans un certain à propos, cette brave dame se plaignait souvent que tout allait de mal en pis... Elle arborait toujours une magnifique blouse à fleur dans les tons bleus et elle avait un tel accent que je me demandais bien d'où elle pouvait bien venir. En fait, c'était moi l'étranger!
Alors, je repartais dans le noir, encombré de ce récipient rempli d'un lait que je n'aimais pas trop, veillant à ne pas courir trop vite pour éviter la chute. 
Depuis, Mr Sizorn est mort, la ferme a été vendue, Adieu veau, vache, cochon... comme dit la fable.
Aujourd'hui dans les champs environnants il y a des chevaux... Tagada, tsoin, tsoin!
Bon, en parlant de chute, celle là est un peu désinvolte, pour ne pas dire cavalière.

dimanche 12 décembre 2010

Noël à l'hôtel ou l'histoire d'un locataire abusif

Mon cher beau frère doit bientôt s'installer à Tours, et voila que le locataire actuel de la maison qu'il pensait louer là bas, lui en joue un sale (tour). Pour en savoir plus sur cette histoire de la bernique tourangelle, je vous propose ce petit détour. Quant à l'indélicat, il mériterait presque d'aller faire un petit tour...en geôle. Bon, je sais je vais un peu loin, mais je suis prêt à tout pour un mauvais jeu de mots!
Tiens si l'humeur vous en dit, n'hésitez pas à relayer cette mésaventure, histoire de rendre un peu plus célèbre cet apprenti preneur d'otages.

lundi 22 novembre 2010

Comment on fait les bébés?


Il y a quelques jours, échange pendant le repas du soir avec ma plus grande fille qui a 6 ans et demi :


Moi (Allez hop, soyons fous!) : Tu sais comment on fait les bébés?
Elle (Nature) : Ben oui avec une graine de papa.
Moi (Genre j'insiste) : C'est ça mais elle vient d'où la graine?
Elle (Pas démontée) : Ben elle est dans ton zizi!
Moi (Bon, elle est au point sur les basiques) : Tu as raison, elle est bien au chaud et...
Elle de reprendre à cent à l'heure : Ben elle est dans ton zizi et splatch!
Là je manque de m'étouffer de rire. D'où elle sort ça franchement "Splatch"!
On est loin des choux et des roses ma bonne dame! 
Tout le monde est plié en deux et ça ne la dérange pas, elle est fière de nous faire rire autant.
Je termine l'explication avec une version zézette et de graine de maman réinventant le concept de réalité naïve.
Les enfants ont de ces sorties, enfin surtout elle!

mardi 19 octobre 2010

I will survive !

J'ai passé week-end fort sympathique dans un charmant gîte rural du Maine et Loire, entourés d'amis.
Rendez-vous dès le vendredi soir où la soirée monte très vite en température sur la terrasse extérieure et malgré le froid. Une soirée heureuse à base de surprise, de dégustation de bons vins, de charcuteries locales, de fromages goûteux et autres délicatesses. Une vraie bonne soirée avec un "Dirty Dancing show" millimétré, des chorégraphies féminines, des blagues tourangelles en fil rouge, du saut de bambou et même une apparition lumineuse de la Fée Clochette (je porte toutefois une réclamation eu égard à la qualité de l'épilation!).
Bon dans ce genre de soirée, il faut toujours un vainqueur, et ce vendredi là, ce fut moi. Une fois n'est pas coutume. De la fatigue, une dose d'émotion de la bonne humeur en veux tu en voilà et hop la soirée bascule version maillot jaune! S'ensuivit une nuitée agitée comme jamais dont je tairais ici les détails peu glorieux. 
La journée du samedi fut malheureusement quasi inexistante. Alors que j'avais promis à mes amis de leur faire des crêpes, je ne fis que de belles galettes... 
Bref, le dimanche matin je tâchai de me racheter une conduite dans une épreuve sportive et matinale : le "Kayathlon". Deux disciplines : Kayak et course à pied, le tout à deux pour former une équipe masculine tristement intitulée "Les pas gais". Je sais ce n'est pas bien drôle, mais c'est de moi. Bilan honorable compte tenu des circonstances et malgré le supplice abdominal des 7km de Kayak.
Retour au bercail fatigué mais heureux, on récupère les louloutes, on explique à Papi et Mamie pourquoi Papa est si fatigué, une soupe et au lit. 

Aujourd'hui ma femme m'annonce que ma fille cadette (qui a les oreilles qui traînent) a expliqué à sa maîtresse de CP que ce week-end son papa avait été malade parce qu'il avait trop bu... Voili voilà!
Il y a 15 jours je suis allé accompagner sa classe au cinéma, j'ai bien fait, je crois que je n'oserai plus!

Bon en même temps je reviens de loin. Ah oui, j'avais oublié de vous dire qu'au début de l'année, elle a raconté à ses copines que son papa était mort! Gloups

I will survive, enfin j'espère!

dimanche 3 octobre 2010

Into the water

C'est la fin de l'été. Il pleut. J'hésite mais je décide quand même d'y aller. La voiture navigue sous des trombes d'eau. Alors que j'approche du but, j'aperçois à l'horizon un coin de ciel bleu par lequel perce un rayon de soleil. La petite route est déserte et sinueuse. Les balais d'essuie glace dansent sous mes yeux. D'un coup de klaxon, je salue au passage quelques vaches en mal d'animation. Je bifurque à droite au niveau de l'élégante chapelle. Une longue ligne droite s'étire jusqu'à l'océan. J'accélère sur la route défoncée, pressé d'en découdre. Je me gare derrière les hautes dunes sur le parking quasiment vide. On ne voit pas la mer. J'ouvre la portière et j'entends enfin ce bruit sourd qui roule comme un tambour. J'inspire avec bonheur l'air iodé. Je me précipite sur la plage pour apprécier le paysage. Il pleut toujours et le ciel s'est à nouveau assombri. Il n'y a qu'un surfeur dans l'eau. Les vagues déferlent à un rythme soutenu. La mer sera bientôt haute.
Je retourne m'équiper, à l'abri sous le coffre de la voiture.
Un type du cru sort de sa camionnette avec sa canne à pêche et son ciré. Il porte une espèce de combinaison de pêcheur verte à bretelles avec les bottes intégrées. Vu de loin, on se demande comment les bretelles vont tenir, parce que son bide a vraiment l'air de vouloir se faire la malle. Il me regarde et m'explique qu'il va pêcher le bar. Son visage est vraiment rouge... Il a l'air de s'y connaître. Il espère qu'il y aura moins de courant que la semaine dernière. Mais il y a du "bouillon" et ça c'est bon. Je me dis qu'il tient un putain de slogan. Je lui souhaite bonne pêche et je me retiens de lui dire de faire gaffe à ne pas m'éborgner avec ses hameçons.
J'arrive au bord de l'eau, ma planche sous le bras. Une vague, sans doute plus forte ou plus curieuse que les autres, vient me saluer en me chatouillant les pieds. Elle disparaît aussi vite qu'elle est arrivée, laissant mes extrémités s'enfoncer dans le sable. Droit devant, j'admire le grand bain bouillonnant. Le néoprème m'opprime encore. J'asperge mon visage et ma tête avant de plonger dans l'eau. L'habit moulant se détend. L'eau fraîche glisse, puis s'immisce -quel délice- par les interstices. Je me retourne vers la plage où le pêcheur solitaire installe sa gaule. Je l'ai à l'oeil car je redoute la tuile. Une vague éclate soudain dans mon dos et je me retrouve le nez dans l'écume. Surpris, je me laisse emporter par le courant.
Rapidement, je reprends pied et je me lance à l'assaut de l'Océan. Je dois franchir la "barre" où les rouleaux se désagrègent dans un bouillonnement de mousse et d'embruns. Au delà, les vagues offrent des courbes généreuses et lisses que je rêve de caresser. Pour les atteindre, je dois d'abord faire face à l'adversaire. L'océan protège ses merveilles à grands coups de battoirs. Sur ma gauche, le blockhaus affaissé et à moitié immergé porte les stigmates de ce déchaînement. Je plonge dans le creux de la vague pour éviter la lessiveuse version programme intensif. Je ressors de l'autre coté et je me remets vite à ramer pour gagner un peu de terrain. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle qu'un nouvel obstacle écumant se dresse droit devant. J'avance doucement.
Par moment l'océan se calme et semble s'aplatir. Je profite de ce court instant de répit et j'aperçois la bonne vague qui se forme au large. Aussitôt, je me retourne vers la plage, je palme et je rame comme un damné -vu d'en haut ça doit être marrant à voir- pour essayer de prendre de la vitesse. Mais la vague naissante et affamée m'aspire en arrière avec un appétit féroce. Je lutte encore et je me trouve soudain propulsé par cette puissante virgule qui me ramène au rivage, ponctuant mon effort d'un pur moment de bonheur. 
Je suis seul dans l'eau. La mer forcît mais le ciel se dégage transformant le gris des flots en un superbe vert émeraude. Il fait bon, l'endroit est magnifique. Tout là haut, un avion file vers l'Amérique. Je continue mes ablutions dans cet immense jaccusi.
Une dernière vague puissante m'emporte jusque sur le sable fin et me dépose face à un vieux couple assis au bord de l'eau. Le monsieur semble amusé. Il est torse nu et arbore un magnifique bronzage marcel. Je me relève en leur souriant. Nous échangeons quelques mots et des sourires.
Il est temps de rentrer. Le pêcheur de bar a disparu. Trop de courant sans doute.