lundi 10 septembre 2012

Sur la route des vacances

Eté 2012, pour les vacances direction l'Italie en automobile. Au programme Rome, la Toscane et tutti chianti quanti!
La voiture est prête... Enfin, le plein est fait, les pneus neige sont gonflés à bloc, j'ai aussi ouvert le capot du moteur mais je n'ai rien pigé à ce que j'ai vu... J'ai quand même dévissé puis revissé un truc pour faire genre je m'y connais et j'ai aussi chargé à fond le réservoir du lave glace anti-moustique. Ensuite j'ai refermé le capot dans un grand bruit et j'ai dit à ma femme, plein d'assurance, "Tout est OK".
Pour une fois, les bagages tiennent dans le coffre sans problème ce qui laisse à penser qu'on a oublié des trucs ultra indispensables comme le bateau gonflable, les doudounes, l'appareil à raclette, la collection de cahiers de devoir de vacances et les culottes des filles (une fâcheuse habitude)... Rien de bien grave en tout cas. Les lecteurs DVD pour l'anesthésie durable des enfants sont parfaitement en place et prêts à diffuser la totale des épisodes de Tom Sawyer et de Rémi sans famille. Pas de GPS embarqué, on y va à l'ancienne avec la carte routière du siècle dernier sur les genoux. Ça va le faire, le GPS c'est pour les glands!
Je m'installe aux commandes, j'enfile mes Ray-Ban Aviateur et j'entame une check-list avec ma copilote :
"Pipi?" OK
"Doudou?" Embarqués
"Pique nique?" Dans la glacière
"Glacière?" Dans le coffre
"Coffre?" Fermé
"Crème solaire?" T'inquiète, dans la voiture on risque rien...
"Ceintures?" Bouclées
"Salon de jardin?" Rangé
"Maison?" Fermée (j'en connais qui ont failli partir en laissant la porte grande ouverte...!!)
Pour un peu, on se croirait dans TOP GUN! C'est au moment où je demande l'autorisation de décoller à la tour de contrôle que mes enfants me demandent d'arrêter de me prendre pour un pilote de chasse. Je redescends donc sur terre, je passe la première et roule ma poule, les milliers de km qui nous attendent n'ont qu'à bien se tenir, la famille est prête pour l'aventure.
Evidemment, on n'a pas roulé 50 km que la question fatidique arrive : "C'est quand qu'on arrive?". A ce stade du voyage, cette question peut avoir des effets dévastateurs, pour qui n'est pas préparé mentalement. Quant à moi, je gère la situation paisiblement. Mais assez rapidement ça enchaîne à base de "J'ai plus de batterie dans mon lecteur MPtruc!", "Est ce qu'on peut avoir des bonbons?", "Qui c'est qu'a pété?", "Maman, machin il m'a dit que j'étais moche!", " Papa est ce que je peux jouer à ton I Phone?", "Maman, j'ai mal au ventre"... 
Du coup, sans tarder on allume le DVD. Mais aussitôt, la sanction tombe : "Papa on n'entend rien!" (pour les problèmes techniques on appelle papa). Bon c'est vrai que le matos est un peu limite, alors j'ai une idée de génie qui est de brancher le son du lecteur DVD sur les hauts parleurs de la voiture... La stéréo dolby est parfaite, on en a plein les oreilles, générique à fond et c'est parti pour une douce rengaine à base de : "Tom Sawyer, c'est l'Amérique, le symbole de la liberté!!!!" et on alterne avec "Je suis sans famille, je m'appelle Rémi et je me ballade dans la vie!". A ce moment précis, je ne sais pas qui il faut envier de Tom Sawyer libre comme l'air ou de Rémi qui se ballade sans famille, mais je me dit qu'ils devaient être assez peinards!
On vient à peine de quitter la Bretagne et les nuages arrivent (et oui!). Le premier péage d'autoroute se dresse aussi face à nous. A mesure que nous descendons dans le sud, le soleil  réapparaît et la carte bleue frôle la surchauffe tant les péages sont nombreux! Une spéciale dédicace au tunnel du Fréjus qui, avec un aller simple à presque 40 euros, offre un rapport paysage / prix au km absolument nul!
Une fois passée la frontière, c'est un enchaînement de tunnels qui donne l'impression de voyager au coeur d'une meule de gruyère!
Sinon tout s'est bien déroulé, sauf qu'à peine revenu, on vient de recevoir une première contravention pour un excès de vitesse enregistré en France sur le trajet du retour. On n'en fera pas un fromage car si on en reste là, 45 € pour 4600 km parcourus, c'est une moyenne honorable. Mais rien n'est moins sûr car on n'a jamais vraiment compris les limitations de vitesse en Italie, faute de panneaux indicateurs. Enfin si, il y en a plein d'indications qui précisent qu'en cas de neige ou de brouillard il faut rouler à 50 km/h... Manque de bol, il n'y avait ni neige ni brouillard! Rien compris non plus à leur système de radar fixe. Donc pour être clair, après avoir dépensé une petite fortune en péage et en essence (le gasoil était 20% plus cher là bas), je redoute la dégustation d'amendes italiennes, une spécialité locale au léger goût amer parait-il...

Ah oui, j'oubliais, on n'a pas été au top non plus sur la lecture des cartes routières, ce qui nous a valu des trajets souvent rallongés. Les enfants, dépités par nos erreurs de parcours et de timing, ont malgré tout fait preuve de beaucoup de bon sens... Voila donc un aperçu de ce qui a pu se raconter dans notre dos lors d'un voyage initialement prévu pour 2 heures et dont la durée a presque doublé :
La moyenne : "Pfffff, ça fait une heure qu'on aurait du arriver!"
Nous (légèrement à cran) : "C'est ce qu'on pensait les enfants. Si vous croyez que ça nous fait plaisir de tourner en rond, nous aussi on serait mieux dans la piscine!"
La moyenne : "Décidément, on ne peut pas vous faire confiance" (et pan dans les dents!)
Le grand : "Ben si tu leur fais pas confiance, tu vas faire confiance à qui alors?" (ben oui à qui tiens?)
La moyenne : "Ben à moi tiens!" (et re-pan dans les dents!)
Les voyages forment la jeunesse!
Et si jamais on reprend la route l'année prochaine, c'est décidé, on achète un GPS, on aura l'air moins cons, enfin si on arrive à le faire fonctionner!!


PS / A un moment j'ai même pensé que sur la carte routière ci dessus, ils avaient écrit "INDÉCHIFFRABLE"...


vendredi 6 avril 2012

La famille hérisson

L'autre soir en rentrant du travail j'aperçois, posée à côté de l'évier, une petite boule de poils marron et drus. Tiens c'est quoi ce truc? Ma femme qui revient d'une virée au magasin bio, me précise que c'est une brosse pour laver les légumes...

Si mon côté "anti bio" tique (je ne suis pas tout à fait guéri), je suis tout de même amusé par l'aspect mini hérisson de l'objet. Je décide donc de faire une blague à mes enfants et je place la brosse dehors à côté d'un pot de fleurs.
Plus tard, après le repas, je leur dis : "Les enfants, j'ai quelque chose à vous montrer, venez". Rien que le fait de les voir tous les trois ensemble, les yeux et la bouche grands ouverts est un spectacle qui me ravi. J'enchaîne donc en chuchottant : "Regardez, juste à côté du pot de fleurs, il y a un bébé hérisson qui dort, c'est très rare!". Ils s'approchent alors doucement, le grand devant, un poil sceptique, la moyenne le suit avec encore un brin d'étonnement et de curiosité dans le regard et la petite dernière peine à contenir son excitation mêlée de peur. J'adore! Bien sûr la supercherie est bien vite démasquée par les aînés qui s'amusent ou s'inquiètent que j'ai pu penser à leur faire une blague aussi minable. La petite quant à elle rigole nerveusement. Elle n'a pas tout pigé et est à peine soulagée.

L'histoire aurait pu en rester là. Mais après le rituel du coucher des enfants : pipi, toilette, histoire, calin, un verre d'eau, j'ai les fesses qui grattent, un guili, j'ai trop chaud (je fais court là), ma femme qui se détend sur le canapé m'interpelle : "Viens voir, il y a une bête qui bouge dehors... si ça se trouve c'est un  rat!!"
Intrigué, je sors courageusement dans le jardin muni d'une pelle et d'un balai, et alors que je suis prêt à faire face à un rat bondissant, j'aperçois un hérisson immobile et tranquillement posé au coin de la terrasse. La preuve en image.

Quand le lendemain matin au réveil j'ai montré les photos aux enfants, j'ai bien senti qu'ils étaient un peu scotchés par une telle coïncidence (et moi aussi d'ailleurs). Je retrouvais ainsi un peu de crédibilité à leurs yeux.
Bref, voilà une histoire qui ne manque pas de piquant!

Une autre photo en bonus, le bébé hérisson et sa maman. Je n'ai pas pu m'en empêcher!

jeudi 15 mars 2012

On ne fait pas d'omelette...

Elle m'a regardé dans le blanc des yeux, j'ai ri jaune. Elle m'a regardé dans le blanc des oeufs, ça m'a filé la chair de poule jusque dans les mollets. Elle m'a aussitôt traité d'omelette... D'un grand coup sur mon ovale elle a brisé ma coquille, je me retrouvais l'oeil poché, étalé, à poil et complètement à plat. Il y avait de quoi se brouiller mais je tentais de tenir le coup. Moi le petit coq transpirant, elle m'avait transformé en roi de la mouillette. Après un tel pain dans la tronche, mon eggo avait pris un coup. Pas beau à voir dans le miroir, complètement mimosa. Moi qui aimait jouer les durs, j'étais remonté et à la fois tout ramollo. Elle m'avait battu les blancs en neige. Bref on ne fait pas d'omelette...

mardi 18 octobre 2011

QUIMPER, ma ville


Cette ville, ce n'est pas que je l'aime. Mais je n'ai connu qu'elle. Je ne suis jamais vraiment parti. Je ne savais pas que j'avais un faible pour les belles endormies. Aurais-je commis un impair et vexé la demoiselle? Quimper, capitale de la Cornouaille, un décor noyé sous la bruine, une simple cuvette où il pleuvrait beaucoup, une ville à découvrir avec un imper sur le Q?
Qu'importe ce que disent les mauvaises langues, j'enfile mon pardessus et je pars me balader sous le crachin breton dans les ruelles du petit et charmant centre ville historique. C'est vrai qu'on en a vite fait le tour, une fois remontée la rue Kéréon, mais c'est agréable. Il y a tant de centres vils.
Les deux flèches de la Cathédrale Saint Corentin s'élèvent droit au dessus des toitures penchées des maisons à colombage. Je déambule dans les rues pavées où j'enchaîne les saveurs. Je passe en un clin d'oeil de la rue du Salé à la place au Beurre. Bien entendu, tout cela me met en appétit. Je m'arrête aux Halles pour acheter une crêpe beurre sucre chez Mme Quéau. Un régal à déguster avec et sur les doigts et inversement proportionnel au sourire de la dame. 
Je traverse l'Odet empruntant le joli pont pissette sous lequel nagent des mulets à contre courant. J'aperçois à ma gauche les marronniers en fleurs qui bordent la rivière et la devanture du café de l'Epée. Le soleil est revenu, il fait bon. Après ce repas frugal, je décide de m'allonger sur les flancs abrupts du mont Frugy où, je me rappelle avoir fait, il y a longtemps, quelques descentes vertigineuses... Des mouettes sillonnent le ciel, la mer n'est pas loin. Je dois m'assoupir un peu et lorsque je refais surface, je décide de longer les allées de Locmaria en direction du quartier du Cap Horn, m'éloignant du centre. C'est l'aventure ! Je flâne sur les bords de l'Odet qui glisse jusqu'à la mer dans un élégant silence, à peine dérangé par le discret flot de circulation. Je croise une vieille bourgeoise promenée par un chihuahua ridiculement couvert qui aboie à mon approche. La scène m'amuse et elle me jette, elle aussi, un regard hostile. C'est donc en riant que j'aperçois le toit des Faïenceries HENRIOT. Je me souviens de mon enfance et de tous les chocolats chauds lapés dans ce bol made in Quimper orné de mon prénom.
Sur une patte, un vieux gréement démâté, boude attaché au quai. C'est le Corentin, vieux bougre réplique d'un Lougre, hommage à l'époque où les bateaux et les marins remontaient l'Odet jusqu'en ville. Plus loin le chemin du halage borde la rivière qui, plus au sud vers Bénodet, mène à l'océan. L'appel du large me guette, je m'évade!
Non, finalement je reste. Quelque chose me retient ici au confluent de l'Odet et du Steïr qui, c'est amusant, pourrait se prononcer "stay here", une sorte de message subliminal en somme !
L'adolescent rebelle veut changer d'air et de famille, et devenu adulte, il revient souvent à ses racines. On n'a qu'un père, n'est-ce pas?


mercredi 20 avril 2011

Aventures nocturnes et psychologie pour enfants

Non, il ne s'agit pas de vous raconter ici mon sympathique week-end à Rennes et mes tentatives de déhanché sur le dancefloor brûlant du festival Mythos qui, comme son nom l'indique, se déroule à... Rennes. Le genre de soirée où le DJ est au top et où t'as l'impression d'avoir 20 ans, impression renforcée par le fait que tu as un peu bu la chance d'avoir les mêmes potes à tes côtés depuis tout ce temps!
Je voulais plutôt vous faire partager la nuit qui a suivi. Le genre de nuit où l'on se dit que le rôle de père est vraiment extraordinaire. Pour le coup, le roi du dancefloor avait beaucoup moins la patate! Ça rappellera des souvenirs à certains! 
Alors ça commence toujours par un couché tardif, affairé à moult conneries domestiques et malgré une  fatigue certaine.
Pleine lune oblige, le premier réveil intervient vers 3h du matin avec un petit saignement de nez de miss L. On nettoie un peu, coton dans le pif, pipi, calin, bisous et tout va bien. 

Retour au lit, tournicotti, tournicotta, et hop au moment où tu as l'impression de te rendormir, ça pleure dans les hauteurs. 4h30. C'est miss J. qui nous honore d'un bon pipi au lit.
Un vrai, hein, pas la demi pissette de libellule! Le bon pipi au lit, avec changement des draps, de l'alèse (Blaise), du pyjama, de la turbulette, un petite toilette et dodo maintenant ma chérie...
Elle : Non!
Moi : Comment ça non?
Elle : Doudou!
Moi (en mode je chuchote mais quand même je gueule un peu, dans un langage châtié) : Ben t'as aussi pissé sur Doudou dis donc (1), t'es marrante toi! 
C'est pas de ma faute s'il n'est pas étanche ton doudou, mince alors!
Elle : Doudou!
Bon, je lui explique que Doudou est sale, qu'il faut le laver pour que demain il soit tout propre et patati patata.
Elle : Doudou!
Je le lui file son Doudou au pipi
Elle (en pleurs) : Doudou est mouillé! (Elle comprend vite)
On est bien parti, je le sens!
Moi (Version entubage à deux balles) : Tiens Popi il est gentil aussi, et puis il est tout sec. 
Elle : Non, je veux Doudou! 
Les enfants sont têtus, n'est ce pas?
Conseil d'expert : Bon, quand on tente ce genre de mytho, il faut bien sûr y croire un minimum. Dans notre exemple la tâche est ardue parce que, comme chacun sait, Popi est un gros con! 
Enervement, soupirs, et autres pensées foireuses.

    Ainsi acculé, je me lance à la recherche du 2éme Doudou, la tête dans le cul. Pour alors, ça fait déjà 20 minutes que je suis réveillé, et à présent j'erre en calbut  dans cette putain de baraque en bordel en  me caillant sérieusement les miches. Bien sûr Doudou 2 a foutu le camp à pétaouchnoque!
C'est dans ces moments difficiles qu'il faut être costaud mentalement et aussi savoir faire preuve de finesse. Je reprends donc les choses en main pour qu'elle arrête de pigner après son Doudou. 
Moi : "Bon, tu veux dormir dans le garage alors?????"
Minable mais efficace. Une oasis de tranquilité pour finir la nuit!
Merci qui? Merci Françoise DOLTO!

Réveil 6h30ça pique un peu les yeux... Bizarrement, j'ai déjà hâte à la nuit prochaine!


(1) Spéciale dédicace à Mr Carlos le fils de qui vous savez et expert en boisson fruitée...

jeudi 3 mars 2011

Mon plus bel arrêt

Quand je me suis pris ce tir en pleine poire, nous en étions déjà à 7 à 0 contre nous.
Il faisait beau et je n'avais vu arriver la balle qu'au dernier moment, ébloui par le soleil et aussi un peu dans la lune. Je me trouvais donc étendu dans l'herbe, au beau milieu d'étoiles scintillantes, revivant par bribes le calvaire de cette après-midi pourtant lumineuse...
Ce jour-là, la chaleur était accablante, et bien qu'étant dispensé d'efforts intenses dans mes cages, je transpirais à grosses gouttes. Mes camarades, eux, jouaient au ralenti comme anesthésiés par la touffeur ambiante. Les rouges, en face, déboulaient sans cesse vers moi et me canardaient à la chinoise (1), tirant dans les coins, sans retenue et sans pitié. Malgré la canicule, le petit poussin que j'étais avait la chair de poule... A chaque fois ou presque, il me fallait aller chercher la balle au fond des buts, la tête basse, sous les quolibets de mes partenaires. Pendant les rares temps de répit, atterré, je priais pour que mes adversaires fassent enfin preuve de maladresse.
On m'avait collé à ce poste parce sur le terrain, j'étais un peu mou du genou. Enfin, comme joueur de champ, j'étais nul et j'avais donc atterri dans les caisses, au rebut. C'était sans doute un moindre mal, mais en vérité, j'avais une trouille bleue du ballon, ce qui faisait aussi de moi un piètre goal. Mon entraîneur ne prenait d'ailleurs pas de gants pour me le rappeler. En Angleterre on appelle le gardien de but le "goalkeeper". Moi je suis le goal qui a peur.

Mais droit devant, l'attaquant venait de transpercer une nouvelle fois la défense apathique. A mesure qu'il s'approchait, je ressentais la terre vibrer sous mes pieds et le sang battre plus fort à mes tympans. "Sors, mais sors!!!!" me criait-on. Alors qu'il armait un tir puissant, je restais planté sur ma ligne en me protégeant le visage et les roupettes avec mes gants immenses. J'esquissais à peine un geste, puis je regardais le ballon embrasser le filet noir dans un bruit sec. Sur la touche j'entendais les commentaires des parents spectateurs : "Tu parles d'une passoire celui là, quelle nouille!" 
Piqué au vif je décidai rageusement de leur montrer ce dont j'étais capable. Déjà, une nouvelle vague rouge se profilait. Me sentant pousser des ailes au croupion, je partis à l'assaut du goléador adverse, bien décidé à lui chiper la balle à la manière d'un goal volant. Mais emporté par mon élan sincère (2), je me livrai inconsidérément et fus victime d'un crochet suivi d'un grand pont. Entre mes jambes béantes fila cette balle décidément insaisissable et mes derniers espoirs de footballeur. 
C'est alors que je ressassais mes erreurs que le missile m'atteignit en plein visage version dindon de la farce. Quand je repris connaissance sur le bord du terrain, j'entendis mon entraîneur dire à mes coéquipiers : "Y'a pas à dire, c'est son plus bel arrêt!".
Ce soir-là, en rentrant à la maison avec un magnifique cocard, je décidai de raccrocher les crampons.


(1) Expression maison à caractère non xénophobe
(2) Comp...renne qui pourra!

jeudi 20 janvier 2011

Souvenirs bucoliques et autres histoires de pot au lait


J'ai passé toute mon enfance dans un petit quartier de campagne, à proximité d'une ville moyenne. Quelques maisons abritant des familles avec de jeunes enfants, des champs, des vaches, du calme entouré de plusieurs petites fermes. 
J'ai de bons souvenirs de cet endroit où mes parents vivent toujours.
J'y ai découvert le monde agricole avec le taciturne Mr Sizorn qui nous embarquait sur la remorque de son tracteur pour aller couper du maïs aux champs. Il n'avait pas d'enfant, ne disait pas grand chose, mais sur son visage buriné on pouvait lire toute la gentillesse d'un homme simple. Sa casquette grise vissée au crâne et la clope au bec, il conduisait son modeste tracteur rouge et gris avec une assurance qui m'impressionnait. Assis à l'arrière de la remorque, je regardais défiler les chemins de terre, respirant l'air breton et goûtant avec délice à ce parfum de liberté. Je me souviens de son petit rire amusé face aux questions naïves de l'enfant curieux que j'étais. Je l'aimais bien.
Mais dans ce paisible quartier j'ai aussi eu la trouille. Notamment lorsqu'il s'agissait, les soirs d'hiver, d'aller chercher le lait frais à la ferme des Sizorn. Elle n'était pas très éloignée de notre maison mais lorsqu'il fallait faire ce trajet, seul dans le noir (après avoir sans doute un peu trop traîné sur mes devoirs), je n'en menais pas large! La première étape consistait à grimper une côte avant de bifurquer sur la gauche à angle droit. Sur la droite en haut de cette petite colline, il y avait une autre ferme tenue par un homme veuf et son fils, les Cochard (un nom à coucher dehors, je vous l'accorde). Personne n'osait trop s'y aventurer, même en plein jour, d'autant que les deux énergumènes, chasseurs énervés et maladroits, avaient une fâcheuse tendance à noyer leur solitude et tout le reste dans l'alcool. Tout ça va de pair me dire-vous, on est en Bretagne! 
Un jour que ma mère nous ramenait de l'école dans sa Renault cinq orange, nous trouvâmes devant nous sur la route le fiston en fâcheuse posture. Il était monté sur un cyclomoteur mais avait toute les peines du monde à dompter sa Motobécane bleue. Il zigzaguait de façon incroyable, embrassant les bas côtés, balayant la route dans toute sa largeur, le tout au ralenti, à la limite de la rutpure. J'étais sidéré par un tel spectacle digne des meilleurs équilibristes! Lorsque ma mère finit par trouver l'ouverture et réussit à le doubler avec précaution, je fus soulagé et je me retournai aussitôt pour ne pas perdre une miette du spectacle. Le final fut à la hauteur. Perturbé par le déplacement d'air (ou ébloui par la couleur orange vif de notre Titine) notre héros imbibé s'en alla aussitôt et en douceur dans les décors, sous nos regards médusés! Bref.
Cette ferme délabrée restait donc un mystère, bien gardée par quelques chiens agressifs qui aboyaient bruyamment lorsque je passais à proximité. Je craignais en silence que l'un d'entre eux s'échappe pour se faire un délicieux dîner de mes mollets de coq. Mon autre crainte était que l'un des deux poivrots, à l'affût, me confonde avec un faisan égaré, et me fasse l'offrande d'une giclée de plomb dans le postérieur. Pan!
Ensuite, la route longeait d'épais cyprès, agités par le vent, d'où je m'imaginais voir surgir je ne sais quelle créature mal intentionnée. Pour me rassurer, je tenais fermement le pot de lait en plastique translucide, prêt à m'en servir comme d'une arme redoutable... et j'accélérais le pas.
Enfin j’apercevais un peu de lumière à l'approche de la ferme. Sauvé!
Derrière la porte coulissante de l'étable, les vaches attendaient la traite côte à côte en mâchouillant paisiblement leur repas du soir. Il régnait là une odeur un peu aigre d'excréments mais la chaleur animale était plutôt rassurante. Mme Sizorn, n'était jamais loin et venait à ma rencontre pour remplir mon pot d'un lait tiède et crémeux à l'aide d'une grande louche qu'elle plongeait dans une profonde cuve ronde en inox. Non sans un certain à propos, cette brave dame se plaignait souvent que tout allait de mal en pis... Elle arborait toujours une magnifique blouse à fleur dans les tons bleus et elle avait un tel accent que je me demandais bien d'où elle pouvait bien venir. En fait, c'était moi l'étranger!
Alors, je repartais dans le noir, encombré de ce récipient rempli d'un lait que je n'aimais pas trop, veillant à ne pas courir trop vite pour éviter la chute. 
Depuis, Mr Sizorn est mort, la ferme a été vendue, Adieu veau, vache, cochon... comme dit la fable.
Aujourd'hui dans les champs environnants il y a des chevaux... Tagada, tsoin, tsoin!
Bon, en parlant de chute, celle là est un peu désinvolte, pour ne pas dire cavalière.

dimanche 12 décembre 2010

Noël à l'hôtel ou l'histoire d'un locataire abusif

Mon cher beau frère doit bientôt s'installer à Tours, et voila que le locataire actuel de la maison qu'il pensait louer là bas, lui en joue un sale (tour). Pour en savoir plus sur cette histoire de la bernique tourangelle, je vous propose ce petit détour. Quant à l'indélicat, il mériterait presque d'aller faire un petit tour...en geôle. Bon, je sais je vais un peu loin, mais je suis prêt à tout pour un mauvais jeu de mots!
Tiens si l'humeur vous en dit, n'hésitez pas à relayer cette mésaventure, histoire de rendre un peu plus célèbre cet apprenti preneur d'otages.

lundi 22 novembre 2010

Comment on fait les bébés?


Il y a quelques jours, échange pendant le repas du soir avec ma plus grande fille qui a 6 ans et demi :


Moi (Allez hop, soyons fous!) : Tu sais comment on fait les bébés?
Elle (Nature) : Ben oui avec une graine de papa.
Moi (Genre j'insiste) : C'est ça mais elle vient d'où la graine?
Elle (Pas démontée) : Ben elle est dans ton zizi!
Moi (Bon, elle est au point sur les basiques) : Tu as raison, elle est bien au chaud et...
Elle de reprendre à cent à l'heure : Ben elle est dans ton zizi et splatch!
Là je manque de m'étouffer de rire. D'où elle sort ça franchement "Splatch"!
On est loin des choux et des roses ma bonne dame! 
Tout le monde est plié en deux et ça ne la dérange pas, elle est fière de nous faire rire autant.
Je termine l'explication avec une version zézette et de graine de maman réinventant le concept de réalité naïve.
Les enfants ont de ces sorties, enfin surtout elle!

mardi 19 octobre 2010

I will survive !

J'ai passé week-end fort sympathique dans un charmant gîte rural du Maine et Loire, entourés d'amis.
Rendez-vous dès le vendredi soir où la soirée monte très vite en température sur la terrasse extérieure et malgré le froid. Une soirée heureuse à base de surprise, de dégustation de bons vins, de charcuteries locales, de fromages goûteux et autres délicatesses. Une vraie bonne soirée avec un "Dirty Dancing show" millimétré, des chorégraphies féminines, des blagues tourangelles en fil rouge, du saut de bambou et même une apparition lumineuse de la Fée Clochette (je porte toutefois une réclamation eu égard à la qualité de l'épilation!).
Bon dans ce genre de soirée, il faut toujours un vainqueur, et ce vendredi là, ce fut moi. Une fois n'est pas coutume. De la fatigue, une dose d'émotion de la bonne humeur en veux tu en voilà et hop la soirée bascule version maillot jaune! S'ensuivit une nuitée agitée comme jamais dont je tairais ici les détails peu glorieux. 
La journée du samedi fut malheureusement quasi inexistante. Alors que j'avais promis à mes amis de leur faire des crêpes, je ne fis que de belles galettes... 
Bref, le dimanche matin je tâchai de me racheter une conduite dans une épreuve sportive et matinale : le "Kayathlon". Deux disciplines : Kayak et course à pied, le tout à deux pour former une équipe masculine tristement intitulée "Les pas gais". Je sais ce n'est pas bien drôle, mais c'est de moi. Bilan honorable compte tenu des circonstances et malgré le supplice abdominal des 7km de Kayak.
Retour au bercail fatigué mais heureux, on récupère les louloutes, on explique à Papi et Mamie pourquoi Papa est si fatigué, une soupe et au lit. 

Aujourd'hui ma femme m'annonce que ma fille cadette (qui a les oreilles qui traînent) a expliqué à sa maîtresse de CP que ce week-end son papa avait été malade parce qu'il avait trop bu... Voili voilà!
Il y a 15 jours je suis allé accompagner sa classe au cinéma, j'ai bien fait, je crois que je n'oserai plus!

Bon en même temps je reviens de loin. Ah oui, j'avais oublié de vous dire qu'au début de l'année, elle a raconté à ses copines que son papa était mort! Gloups

I will survive, enfin j'espère!

dimanche 3 octobre 2010

Into the water

C'est la fin de l'été. Il pleut. J'hésite mais je décide quand même d'y aller. La voiture navigue sous des trombes d'eau. Alors que j'approche du but, j'aperçois à l'horizon un coin de ciel bleu par lequel perce un rayon de soleil. La petite route est déserte et sinueuse. Les balais d'essuie glace dansent sous mes yeux. D'un coup de klaxon, je salue au passage quelques vaches en mal d'animation. Je bifurque à droite au niveau de l'élégante chapelle. Une longue ligne droite s'étire jusqu'à l'océan. J'accélère sur la route défoncée, pressé d'en découdre. Je me gare derrière les hautes dunes sur le parking quasiment vide. On ne voit pas la mer. J'ouvre la portière et j'entends enfin ce bruit sourd qui roule comme un tambour. J'inspire avec bonheur l'air iodé. Je me précipite sur la plage pour apprécier le paysage. Il pleut toujours et le ciel s'est à nouveau assombri. Il n'y a qu'un surfeur dans l'eau. Les vagues déferlent à un rythme soutenu. La mer sera bientôt haute.
Je retourne m'équiper, à l'abri sous le coffre de la voiture.
Un type du cru sort de sa camionnette avec sa canne à pêche et son ciré. Il porte une espèce de combinaison de pêcheur verte à bretelles avec les bottes intégrées. Vu de loin, on se demande comment les bretelles vont tenir, parce que son bide a vraiment l'air de vouloir se faire la malle. Il me regarde et m'explique qu'il va pêcher le bar. Son visage est vraiment rouge... Il a l'air de s'y connaître. Il espère qu'il y aura moins de courant que la semaine dernière. Mais il y a du "bouillon" et ça c'est bon. Je me dis qu'il tient un putain de slogan. Je lui souhaite bonne pêche et je me retiens de lui dire de faire gaffe à ne pas m'éborgner avec ses hameçons.
J'arrive au bord de l'eau, ma planche sous le bras. Une vague, sans doute plus forte ou plus curieuse que les autres, vient me saluer en me chatouillant les pieds. Elle disparaît aussi vite qu'elle est arrivée, laissant mes extrémités s'enfoncer dans le sable. Droit devant, j'admire le grand bain bouillonnant. Le néoprème m'opprime encore. J'asperge mon visage et ma tête avant de plonger dans l'eau. L'habit moulant se détend. L'eau fraîche glisse, puis s'immisce -quel délice- par les interstices. Je me retourne vers la plage où le pêcheur solitaire installe sa gaule. Je l'ai à l'oeil car je redoute la tuile. Une vague éclate soudain dans mon dos et je me retrouve le nez dans l'écume. Surpris, je me laisse emporter par le courant.
Rapidement, je reprends pied et je me lance à l'assaut de l'Océan. Je dois franchir la "barre" où les rouleaux se désagrègent dans un bouillonnement de mousse et d'embruns. Au delà, les vagues offrent des courbes généreuses et lisses que je rêve de caresser. Pour les atteindre, je dois d'abord faire face à l'adversaire. L'océan protège ses merveilles à grands coups de battoirs. Sur ma gauche, le blockhaus affaissé et à moitié immergé porte les stigmates de ce déchaînement. Je plonge dans le creux de la vague pour éviter la lessiveuse version programme intensif. Je ressors de l'autre coté et je me remets vite à ramer pour gagner un peu de terrain. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle qu'un nouvel obstacle écumant se dresse droit devant. J'avance doucement.
Par moment l'océan se calme et semble s'aplatir. Je profite de ce court instant de répit et j'aperçois la bonne vague qui se forme au large. Aussitôt, je me retourne vers la plage, je palme et je rame comme un damné -vu d'en haut ça doit être marrant à voir- pour essayer de prendre de la vitesse. Mais la vague naissante et affamée m'aspire en arrière avec un appétit féroce. Je lutte encore et je me trouve soudain propulsé par cette puissante virgule qui me ramène au rivage, ponctuant mon effort d'un pur moment de bonheur. 
Je suis seul dans l'eau. La mer forcît mais le ciel se dégage transformant le gris des flots en un superbe vert émeraude. Il fait bon, l'endroit est magnifique. Tout là haut, un avion file vers l'Amérique. Je continue mes ablutions dans cet immense jaccusi.
Une dernière vague puissante m'emporte jusque sur le sable fin et me dépose face à un vieux couple assis au bord de l'eau. Le monsieur semble amusé. Il est torse nu et arbore un magnifique bronzage marcel. Je me relève en leur souriant. Nous échangeons quelques mots et des sourires.
Il est temps de rentrer. Le pêcheur de bar a disparu. Trop de courant sans doute.

dimanche 5 septembre 2010

Quand les Barbies tuent Rick

Rick était un sale connard, doublé d'un gros porc.
C'était un type basique porté sur l'alcool, les muscles, le catch, et amateur de filles faciles à la plastique parfaite. Pour exprimer au mieux sa virilité, il avait adopté un look biker bad boy benêt. Un bandana noir, noué sur son crâne chauve, tenait au chaud ses idées réduites et ses oreilles décollées. Un gilet de cuir sans manche mettait en valeur ses biceps version jambon de bayonne sur l'os, et son collier de barbe taillé au millimètre était sa seule concession à sa pilosité. Il avait toutefois bien du mal à éradiquer les quelques poils récalcitrants qui s'échappaient de ses oreilles de façon impromptue... Il portait toujours d'imposantes lunettes de soleil qui empêchaient aux autres de mesurer le manque de profondeur et de vivacité de son regard torve.
Pourtant, aujourd'hui encore, il avait dégotté deux filles aux corps lisses dont les minis shorts mettaient terriblement en relief le peu qu'ils cachaient. C'est ainsi entouré qu'il pavanait sur l'avenue ensoleillée qui bordait la plage. Pour faire monter le désir, il faisait toujours une petite ballade avant d'attaquer les choses sérieuses. Devant un tel spectacle, les autres promeneurs mâles se retournaient immanquablement. Ils n'auraient pas la chance de voir à quel endroit précis se rejoignaient les jambes interminables de ces deux Barbie blondes. Rick y planterait son étendard. Les autres n'auraient qu'à se secouer vigoureusement la nouille en s'imaginant pris en sandwich dans un tel concentré de luxure. 
Il n'avait, ceci dit, aucun mérite puisqu'il payait cher l'agence qui lui fournissait les filles. Cette fois ci, pour fêter un contrat juteux, il avait choisi le haut de gamme et doublé la mise. Il avait donné rendez-vous aux filles au bar du club de sport qu'il fréquentait assidument. Quand elles s'étaient pointées, il les avait scruté de bas en haut et sa première impression fut qu'elles avaient tout l'air de mériter le délicat qualificatif de "pète braguette". Et Rick bandait déjà dur comme fer. Il se demandait ce qu'elles cachaient dans leurs petits vanity case. Il adorait les accessoires.
D'habitude, il se contentait de leur payer une bière, mais elles l'avaient devancé et commandé du Champagne. Elles n'en avaient bu qu'une coupe y trempant délicatement leurs lèvres dessinées. Il avait fini la bouteille, ponctuant son oeuvre de rots sonores. Au moment de raquer, Rick l'avait tout de même eue mauvaise. 
Elles n'étaient pas très bavardes et échangeaient entre elles dans une langue étrangère. Il s'en foutait. Au contraire, cela l'excitait car, dans son lit, Rick adorait l'exotisme.
Ils approchaient à présent du motel dans lequel il avait ses habitudes et où il avait réservé une chambre défraîchie. Pendant que les filles se préparaient dans la salle de bain, il vida cul sec un grand verre de Jack Daniel's. Rick otta ensuite ses santiags, laissant un léger fumet fromager se disperser insidieusement dans la pièce.
Quand les filles firent leur apparition, il était déjà allongé sur le lit, serrant entre ses mains l'organe central de sa personnalité, caressant en silence l'idée saugrenue de pouvoir un jour allonger la chose jusqu'au plafond. A bien regarder la scène, on pouvait deviner que ce membre turgescent aux veines bleuies était en fait déjà bien saturé de connerie. Que dire de ce vilain gland? Lui jugeait que sa bite avait fière allure et savait que ces deux poupées allaient y goûter jusqu'à l'écœurement.
Elles prirent donc la chose en main, pour commencer. Elles lui proposèrent d'avaler quelques pilules censées décupler ses forces et son plaisir, et bien qu'il n'eut pas de doute sur son endurance (ni sur rien d'autre d'ailleurs), il accepta le cocktail, faisant passer le tout à l'aide d'une longue rasade de Whisky. Les filles se relayaient en faisant glisser leurs doigts sur son sexe luisant. Mais malgré leur expertise, il ne sentait pas la sève monter comme d'habitude. Pour se remettre d'aplomb et faire disparaître un léger mal de crâne, il fit marée basse au fond de la bouteille. L'une des filles avait sorti un gode version king size et jouait avec, le faisant parcourir son corps et le prenant en bouche d'une manière obscène et prometteuse. Il attendait le moment où elle déciderait enfin de s'en servir pour de bon.
Mais sa tête le faisait à présent terriblement souffrir et son estomac le brûlait littéralement. Il était dans un état second. Quand il voulut se relever pour retrouver ses esprits, il prit conscience que ses poignets étaient solidement attachées à la tête du lit. Il n'avait rien senti.
Les filles s'étaient écartées tranquillement et s'amusaient de sa tête ahurie le gratifiant de délicats doigts d'honneur. Il tenta bien de se débattre mais il manquait d'air et un premier spasme violent le tordit en deux, anéantissant ses efforts. Une écume blanche s'était déjà formée autour de sa bouche et fut bientôt balayée par le reflux discontinu de ses entrailles dessoudées.
Son visage se figea dans une dernière expression de douleur lorsqu'un énorme ustensile lui déchira avec force son intimité. Black out.
Les filles légères s'envolèrent dans un courant d'air.
On retrouva le cadavre de Rick plusieurs jours plus tard, lorsque l'odeur fut trop à l'étroit entre les murs de la chambre. Rick et sa bite avaient moins fière allure...
Personne, pas même le célèbre inspecteur, ne parvint à élucider le mystère du décès de Rick.
Je vous laisse méditer au calme, à cette fin tragique au doux parfum d'Amérique...


mercredi 2 juin 2010

Il faut tourner la page...

J'ai du arriver au bout d'un chemin, sans vraiment m'en rendre compte. Faut dire que je l'avais un peu pris par hasard ce chemin. Finalement, j'ai fait un beau voyage au cours duquel j'ai rempli les pages de ce carnet version école buissonnière. 
Aujourd'hui je ne sais pas trop quoi penser. C'est un peu comme on termine un bon livre. On a hâte de lire la dernière page et, quand on y arrive enfin, on regrette qu'il n'y en ait plus à tourner. En même temps, j'ai l'impression de ne plus avoir grand chose à dire, ou moins envie, ou la flemme, ou peur de tourner en rond, ou je ne sais pas trop quoi encore! Après tout, peu importe. Ce qui m'embête un peu c'est que je l'aimais bien cet endroit. Il me ressemblait assez finalement. 
Je ne suis pas fait pour les adieux mais il y a des au revoir que l'on s'imagine ne pas devoir répéter. Sinon ça fait con.
Alors pour illustrer cette oraison funèbre, je n'ai pas compté les notes et encore moins les commentaires dont vous m'avez fait l'honneur. A l'heure des bilans, les chiffres manquent cruellement de poésie n'est ce pas? Ce qui est sûr, c'est que c'était bien!
En fait, ici j'ai partagé un peu de moi avec vous et vous me l'avez bien rendu. Je vous en remercie. J'ai ri en votre compagnie et je me suis aussi un peu surpris à écrire des histoires ou des textes plus tristes.  On se découvre, on apprend à se connaître...
Je garde l'endroit ouvert. Après tout, on verra bien si tout ça me démange ou si l'envie me prend de faire autre chose ici ou ailleurs. Qui sait?

La bise et portez-vous bien!

Une petite photo sympathique from chez Anne Laure ou là encore.

vendredi 7 mai 2010

Espace détente

Bon, il est vrai que cet endroit a un peu changé d'esprit depuis sa création. Le temps passe doucement...
Mais il y a des choses qui me font toujours autant rire. Bon, je vous préviens ça va rester basique!
Je tente une nouvelle perçée créative sur des associations de prénom + nom improbables. Je laisse ensuite à votre imagination le soin de donner vie à ces personnages burlesques et ridicules.
Dans un registre similaire, nous avons tous à l'esprit le fameux Manitas De La BITAS de nos amis Kad et O.

Aujourd'hui, le thème est totalement libre. Voici une première version :

Jean Michel GAUDRIOLE, le king de la blague à deux balles.
Bernard BAMBOCHE, le roi de la fête à neuneu.
Thierry CLEPSYDRE, en hommage à Fort Boyard.
René PINARD, ami de Popeye et marchand de légumes alcoolique.
Ludovic CARTON, carrossier pas emballant.
Raymond CHICANE, pilote automobile bagarreur.
Denis TOUDROIT, concepteur de GPS psychorigide.
Jean Louis CERUMEN, ORL diplômé. Une tête (et des oreilles) bien remplie(s).
Tiffany LEVRETTE, actrice porno sans arrières pensées.
Kevin GICLETTE, son partenaire favori.
Jean Claude CHIGNOLE, expert en petits trous (rien à voir avec nos deux amis pré-cités!).
Bruno PISTIL? fleuriste incontinent.
Carole MORUE, aimable poissonnière portugaise.
Louis La BROCANTE... déjà pris!
William LENTILLE, ophtalmologue-pétomane, expert de la mise en boite.

Ok j'arrête, je crois que j'ai touché le fond!
Quand même ça fait du bien!
Comme j'avais adoré lire vos suggestions sur le registre "footbalistique", j'ai hâte de voir vos délires. Laissez faire votre imagination, oubliez vos soucis et c'est parti! 
Je vais me reposer, promis.

mardi 20 avril 2010

Dans mon HLM

J'habite tout là haut, dans une grande tour. La même ou presque que celle dans laquelle j'ai grandi. Depuis, rien n'a vraiment changé. Les mêmes graffitis dans le hall d'entrée, les mêmes boîtes aux lettres déglinguées, les mêmes cages d'escalier souillées, les mêmes minuteries capricieuses, les mêmes paliers déserts et sombres, les mêmes ascenseurs en panne, ...
Plusieurs fois j'ai voulu m'enfuir. Mais à peine avais-je mis le pied dehors que je me trouvais ramené aux sources par une puissante attraction sociale... A bien y réfléchir, quand on vit en hauteur, on ne peut ignorer ses racines. Juste tenir debout et s'accrocher. Je vacille à l'énoncé de ce principe de gravité dont je n'avais jusqu'alors pas mesuré le fondement.
Je n'ai donc jamais pu m'extraire de cet indigeste millefeuille de dalles bétonnées, serré de trop près par cet étau de parpaings.
Bien sûr, j'avais eu d'autres aspirations. Oh, pas grand chose, juste un minuscule pavillon avec des voisins à côté. Un endroit où j'aurais pu raisonner en mode horizontal, rasibus, pâquerettes à portée de main, sans chape au dessus de ma tête. Juste la possibilité de m'échapper sans effort. Rien de plus qu'un bout de jardin mal entretenu, une haie mal taillée, un barbecue rouillé, un salon de jardin dépareillé, un grenier poussiéreux. Tout sauf cette sinistre construction sonore d'une cité qui m'insupporte et me pèse depuis mon enfance. Aujourd'hui encore je regarde l'horizon délavé et je partage la vie du voisin du dessus dans les courants d'air.  
D'en bas sur le parvis, je lève parfois la tête et, dans le ciel, je vois de grosses masses blanches passer juste au dessus de chez moi. Elles filent toujours à vitesse grand V, comme pour éviter de voir ou pire, de rester accrochées à mon triste poteau dortoir. A chaque fois, cet étrange défilé aérien au dessus de ma tour me donne le tournis. Je perds mes repères et, comme aspiré en arrière, je manque inévitablement de m'effondrer, écrasé par tout ce poids.
Parfois, quand le tumulte est trop grand, je m'imagine en gardien solitaire de ce phare des villes abandonné aux quatre vents qui n'éclairerait rien ni personne, mais qui serait mon calme refuge.

Ce soir, j'ai rendez-vous chez mon voisin du dessous. Il  fête son emménagement et moi je rêve de dégager... Pas sûr que j'arrive à lui souhaiter la bienvenue avec félicité...

mercredi 17 mars 2010

Un coeur à l'abri

Suite de Un jour de pluie.

Elle me fit donc une petite place sous son parapluie. Elle était grande, ce qui facilitait notre colocation. J'avais cependant bien du mal à me caler sur son rythme de marche. Ses longues jambes s'acquittaient de l'allure avec aisance. Je perdais régulièrement du terrain sur elle. Il me fallait la rattraper en enchainant de petits pas saccadés et, semble-t-il, assez ridicules.
Sous cet abri en mouvement, la lumière était tamisée. Finalement, la proximité de cette belle inconnue me mettait mal à l'aise. De brefs coups d'oeil me permettaient toutefois d'apprécier son élégant profil, ses longs cils noirs, la sensuelle commissure de ses lèvres. Je devinais aussi, au coin de sa bouche, un sourire amusé. Elle n'avait pas l'air inquiète, elle faisait juste attention à éviter les plus grosses flaques sur le trottoir. C'est elle qui reprit la conversation :
- "Cela vous arrive souvent d'aborder des jeunes femmes de cette façon?"
- Non non, c'est la première fois, m'excusais-je presque. 
- Vous ne manquez pas d'air!
En fait, j'en manquais cruellement. Sous cette coupole protectrice où raisonnait le plic ploc de la pluie, j'avais peine à reprendre mon souffle. J'avais chaud, mon visage était aussi rouge que la toile du pépin, et un voile de buée s'était formé sur le verre de mes lunettes. Avec mes cheveux et mon caban trempés, je devais avoir l'air d'un pauvre type...
- Je vous ai aperçue en sortant de chez moi ce matin et je me suis laissé emporter. J'ai souvent failli vous perdre... Quand je fais mon jogging, je ne vais pas aussi vite!
Elle sourit avant de reprendre avec malice :
- Eh bien dites moi, vous ne semblez pas être beaucoup plus doué pour les filatures. Je vous ai repéré depuis un certain temps déjà! 
- Vous n'êtes pas détective au moins? enchaina-t-elle dans un grand rire.
- Non pas du tout.
- Le contraire m'aurait étonné. Et puis vous n'avez pas d'imperméable! se moqua-t-elle gentiment.
Je ne savais pas bien quoi lui répondre. Elle poursuivit :
- Vous n'êtes pas très bavard. Comment vous appelez-vous?
- Simon, et vous?
- Jeanne.
- C'est un beau prénom. Jusqu'où allons nous ?
- Pas très loin. J'ai un cours et je suis en retard. Au fait, que me voulez-vous? 
- Rien, j'ai suivi mon instinct...
- Vous n'avez rien de mieux à faire, vous ne travaillez pas? m'interrompit-elle.
- Euh et bien c'est à dire qu'en ce moment je suis un peu entre deux eaux et...
- Ça je l'avais remarqué! répondit-elle en riant à nouveau.
Mes Converse détrempées "flic-flaquaient" sur le pavé parisien et mon moral glissait dangereusement vers mes chaussettes mouillées. 
- Je suis arrivée, il faut que je vous laisse dit-elle soudain en s'arrêtant brusquement.
Nous nous trouvions face à une entrée discrète où une plaque indiquait la présence d'un cour de danse.
Elle se tourna alors vers moi, me laissant me perdre quelques instants dans son intense regard émeraude. Un battement de cil me ramena à la réalité.  
- Pourrions-nous nous revoir? osai-je lui demander.
- Je suis désolée, mais mon coeur n'est pas à prendre. Vous perdriez votre temps... En tout cas, vous m'avez bien amusée. 
Mon regard tomba à mes pieds avant qu'elle ne me porte l'estocade.
- Si je peux me permettre un conseil, arrêtez de lire des histoires et surtout, allez vite vous mettre au chaud!
Elle poussa la porte et me laissa là sur le trottoir, m'adressant un regard furtif...
La pluie avait cessé mais une goutte d'eau froide vint finir sa course au creux de mon cou.
Je décidai de suivre ses conseils et de rentrer chez moi. 

Photo from chez Anne Laure

mardi 9 mars 2010

Séance coiffure

Quand j'avais 18 ans et les cheveux un peu plus longs, on me trouvait une ressemblance avec un chanteur à midinettes qui, depuis, a un peu grossi. J'avais oublié. La semaine dernière, au boulot, on me sort : "On ne t'a jamais dit que tu ressembles à Bidule truc?". Aujourd'hui je suis donc allé me faire couper les cheveux, histoire d'être peinard.
D'abord, je me rends chez mon coiffeur habituel. L'endroit n'est pas très classe, mais c'est bon marché et, pour ce que j'ai à y faire, c'est parfait. Sauf qu'il y a souvent du monde et que la boutique affiche complet. Je cherche donc un autre professionnel en hâte. Le seul où l'on veut bien m'accueillir est une enseigne connue à grand renfort de marketing glamour. Frank P. pour ne pas la nommer.
Le salon est autrement plus soigné. On m'affuble d'une blouse blanche informe et on m'installe face à moi même pour patienter. J'attends assez longtemps qu'un client finisse de se faire tailler les cheveux en quatre. Je dis ça parce que le type est très pointilleux sur sa coupe à la brosse. J'ai un peu envie de lui dire que, comme l'ex chanteur à qui je ressemble, la brosse, c'est un peu as been.... Comme c'est une coupe genre bidasse, je choisi de garder la remarque pour moi. A la fin, il est presque aussi bien coiffé que le clebs qui l'accompagne!
Arrive enfin mon tour. Je range mon téléphone, c'est plus prudent
La jeune femme me demande ce que je veux. Je lui explique rapidos. Elle me tripote, les cheveux pour faire connaissance et elle me sort cash :  "Vous n'auriez pas un peu de pellicules?". Ben non ma cocotte! Elle commence bien celle là. Je sens de suite qu'on va être copains...
Pendant qu'elle me lave les cheveux, elle me demande  : "Vous les lavez souvent vos cheveux?". Je lui répond : "Tous les jours". Elle enchaîne  : "C'est pour ça qu'ils sont rêches."
Là je me dis qu'à défaut d'avoir du tact, la demoiselle possède sans doute le sens du commerce! Au moment de payer, pour soigner ma chevelure, elle me proposera le shampoing Ultra régénérant aux oligos éléments bio-hydratants du sieur Frank P. J'imagine déjà la réplique que je vais lui servir dans les dents, version Jacky Chan.
Un seul point positif, elle ne me m'inonde pas les oreilles, ni le cou, en me rinçant les cheveux.
Pendant le quart d'heure que dure la coupe, elle essaye de lancer la conversation sur un : "Ben la chanson des Enfoirés cette année, elle n'est pas terrible, hein?". On se croirait chez Gigi Coiffure... Je lui glisse une réponse laconique, et je me retiens de poursuivre que ça ne vaut pas un bon Larusso... 
Ensuite, elle reste assez silencieuse. 
La coupe est classique mais le tarif a grimpé de 50% par rapport à mon coiffeur habituel! Aucun "plus client". J'attends la proposition du shampoing pour mes cheveux rêches. Rien, elle n'ose pas. Je suis presque déçu.  
Elle veut me plumer jusqu'au bout car je suis obligé de lui réclamer ma veste en partant!
Si vous attendez la chute, c'est raté, ce billet est sponsorisé par Petrole Hahn qui comme chacun sait...

samedi 27 février 2010

Habla usted espanol?

Je prépare mes vacances d'été en Espagne. Nous partons à plusieurs, et l'autre jour, quelqu'un me dit : "Olive on compte sur toi pour parler espagnol". Ah bon, mince alors. Il y a quinze ou vingt ans, je n'étais pas mauvais en langues, mais comme depuis je ne pratique pas, je suis devenu plutôt mauvais. Heureusement, ma belle soeur nous accompagne et elle est à moitié trilingue! Si j'applique à la phrase précédente une simple règle mathématique, j'arrive à la conclusion qu'elle parle 1,5 langue. Comme elle parle français parfaitement, avec un peu de chance elle a de bons restes en espagnol. En passant, vous comprendrez aisément que mon niveau de maths en terminale scientifique était un peu limite! Enfin, je vais essayer d'ici cet été de me rappeler un peu de vocabulaire pour ne pas avoir l'air trop con et dépasser le niveau La Bamba "Yo no soy marinero, Yo no soy marinero, soy capitan, soy capitan,...". Ca va revenir! hum hum hum...
Les autres de mes amis ont fait allemand et force est de constater que la plupart d'entre eux sont incapables de faire 3 phrases cohérentes d'affilée. Cela en fait, à mes yeux, la langue la moins pratique du monde (après le slovaquistanais, qui elle au moins, a le mérite d'être drôle!) en plus d'être une des plus moches. Si mes amis germanistes pensent que j'exagère, on pourra sûrement tester leur niveau d'allemand en Espagne, autre pays du teuton en été!
Et vous, vous en êtes où de vos vacs et de vos pratiques linguistiques?

dimanche 14 février 2010

Dans les bras de Marguerite (2/2)

Alors, j'attendais le vendredi soir avec impatience. Je me rendais dans le village voisin où, dans l'arrière salle du café, étaient organisées des soirées dansantes. En chemin, je m'arrêtais prendre Marguerite. Comme moi, elle se débattait seule dans un quotidien sans avenir, surnageant avec difficulté.
Le vendredi soir donc, on oubliait tout ça. On se lavait, on se parfumait, on se faisait beau, on enfilait une belle chemise repassée ou une robe élégante, des chaussures de ville vernies ou des talons hauts. Sur le parquet, dans les bras l'un de l'autre, nous nous sentions légers et libres. Nous parlions assez peu, tous deux concentrés sur le rythme, enchainant avec dextérité les pas les plus compliqués. Mais nos yeux se croisaient souvent et, pour les spectateurs alentours, nos regards aimantés en disaient long sur notre complicité.
Marguerite avait de sensuelles rondeurs et elle dansait divinement bien. Je n'étais pas peu fier d'être son cavalier. Les orchestres enchaînaient les standards avec plus ou moins d'habileté. Peu importait. Bien sûr, les couples se mélangeaient au cours de la soirée mais, avec les autres femmes, ce n'était pas pareil. Marguerite vivait la musique, les autres la subissait. Elles étaient soit trop molles, soit trop brusques, trop proches ou trop distantes. Je n'avais qu'une seule hâte, l'attraper à nouveau par la hanche, tenir sa main, la faire tourner puis s'éloigner de moi pour ensuite mieux sentir ses formes, son parfum, et la caresse de ses cheveux sur mes joues.
Lorsque nous dansions ensemble, nos corps se cherchaient en cadence jusqu'à l'étourdissement. Malgré les kilos accumulés, je n'avais rien perdu de ma souplesse et de mon sens du rythme. Ces soirs là, je me sentais comme un jeune homme, plein d'énergie et croquant la vie à pleine dents, sans me soucier du lendemain.
Ainsi passaient nos vendredi soirs.
Nous rentrions chez nous brûlants, les joues rougies par cette débauche d'énergie. Je déposais Marguerite devant chez elle. Elle me faisait un petit signe de la main sur le pas de sa porte. Alors, je démarrais et je la regardais s'éloigner doucement dans le rétroviseur. Une fois de plus, je maudissais le manque de confiance qui m'avait empêché de lui déclarer ma flamme...
Fin


Crédit photo Eros

samedi 6 février 2010

Une vie bien ordinaire (1/2)

Cela faisait deux ans que l'usine avait fermé ses portes. J'y avais passé plus de la moitié de ma vie, alternant les "trois huit" et les congés payés. La délocalisation et les financiers étaient passés par là, emportant l'entreprise familiale sur leur passage. Je m'étais démené pour retrouver un travail. Mon CV était maigrelet, mais je mettais toute mon énergie à écrire des lettres de motivation bien tournées... qui ne seraient pas lues. Sinon, je passais le plus clair de mon temps à déprimer sur mon canapé devant cet écran aux mille reflets enchanteurs. Comme tant d'autres, j'étais hypnotisé par ce ramassis de vaines promesses, véritable miroir aux alouettes.
Mais rien. Il ne se passa rien pendant ces deux années. Je décrochais bien quelques entretiens mais, dans cette région à l'industrie sinistrée, et compte tenu de mon âge, rien n'avait abouti. J'étais à bout, en fin de droits et mes petites économies avaient fondu comme neige au soleil. Physiquement aussi, je m'étais laissé aller. Mon compte bancaire était à sec, mes cheveux et mon ventre trop gras, et la tendance ne s'inversait pas.
Le village où j'habitais s'était dépeuplé. L'école avait fermé, les commerces se comptaient sur les doigts d'une main, les volets étaient clos et la grand-rue était déserte. Au PMU où je me réfugiais parfois, la chance non plus ne m'avait pas souri. Une des grandes gueules constamment accoudée au comptoir répétait à l'envi : "Il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur". Il enquillait les verres de blanc avec la régularité d'une machine outil bien huilée. Au moins je n'avais pas sombré dans la bibine, juste deux ou trois Ricard par ci par là, pour oublier... Le médecin m'avait donné quelques pilules pour m'aider à mieux dormir car la nuit, mes insomnies s'étaient faites plus longues et régulières.
Je m'enfonçais.
A suivre...

lundi 18 janvier 2010

Intermède culinaire : Les endives au jambon ou l'ôde au chicon

Ma mère est une excellente cuisinière. Je sais, tous les fils disent ça de leur mère, mais la mienne a réellement du talent. Il faudra un jour que je rende hommage à son savoir faire.
Certaines recettes sont notées sur des fiches manuscrites, toutes les autres sont dans sa tête. Elle partage volontiers ses secrets et quand on lui demande comment faire, elle répond : "C'est facile, il n'y a qu'à...". Et c'est parti pour trois plombes!
Quand elle cuisine, elle a un indicateur de qualité plutôt inquiétant pour ceux qui ne la connaissent pas. Plus elle dit que c'est raté, meilleure est la recette.
Il y a toutefois un plat qu'elle n'aura pas réussi à me faire apprécier : Les endives au jambon. Sans doute réussissait-elle la recette à la perfection!!

Chaque fois c'est le même piège! On se laisse avoir par le magnifique doré du gruyère gratiné qui crépite à la sortie du four. Sous cet appétissant napage, on ne distingue pas encore le teint gris verdâtre du chicon cuit, et on se précipite... Mais à peine la première bouchée avalée, c'est l'horreur. Un choc à vous couper la chique! Un autre indice infaillible devrait nous alerter : l'endive rend de l'eau qui vient tapisser le fond de l'assiette dès qu'on la découpe. On est bien d'accord, ce n'est pas du jus, c'est de la flotte! Je ne sais pas vous, mais moi, je ne supporte pas de manger dans un verre d'eau!
J'ai encore le souvenir précis de cette amertume traînant sans fin dans mon palais, malgré les verres d'eau engloutis après chaque bouchée pour atténuer ce goût désagréable.
Un vrai  plat d'anglais!  Il est vrai que nos amis d'outre manche partagent avec les endives quelques similitudes. D'abord la même blancheur suspecte. Ensuite, ils sont toujours un peu raides et guindés par temps frais et se ramollissent dangereusement et perdent de leur tenue avec la chaleur...
J'arrête là cette mauvaise blague et je conclus d'un seul message personnel dédié au chicon belge : "Endive cuite je te conchie!"


Ps et message aux producteurs d'endives énervés : j'aime les endives crues!

lundi 11 janvier 2010

Il a neigé sur...


Il a un peu neigé en Bretagne ces derniers jours. Je suis un grand garçon. Mais j'éprouve un vrai plaisir à admirer ce manteau blanc, si fin et éphémère soit-il, revêtir ma campagne au Sud et l'asphalte de mon impasse au Nord.
Enfants, nous dévalions régulièrement les champs enneigés, allongés sur des sacs d'engrais vides. Ce spectacle monochrome est devenu si rare ici qu'il en est encore plus beau.
Mais ce qui est le plus dépaysant, c'est ce silence à nul autre pareil. Vous me direz que le silence ne s'entend pas et vous aurez raison. Celui là s'écoute et se savoure. Mes oreilles, protégées par ce voile cotonneux, sont enchantées par cette douce et imperceptible mélodie. Tout est calme, reposé. Le monde environnant semble être en lévitation, baignant sereinement dans un univers douillet et ouatté. Le temps s'est arrêté dans le petit jour argenté. Comme si la planète avait enfin trouvé un rythme de rotation plus raisonnable, presque au ralenti. Je dois rêver. Je sors pour mieux profiter de ce spectacle et pour vérifier sa réalité. A mesure que j'avance, les flocons compactés craquent sous mes pas et creusent derrière moi des empreintes nettes sur le tapis blanc immaculé. Plus rien ne sera comme avant.
Les cris d'excitation des enfants me ramènent à la réalité. Je suis en retard pour le travail. Pas le temps d'une bataille!
En quelques heures, l'asphalte a retrouvé son gris au Nord et, au Sud, la campagne dénudée grelotte à nouveau dans l'air frais de l'hiver.
Ce soir le plic ploc de la pluie sonne mécaniquement à mes tympans comme une rengaine monotone.

Texte du 22/02/2009

dimanche 27 décembre 2009

Le promeneur

J'étais devenu un vieil homme. Les vieux disent toujours aux plus jeunes qu'ils n'ont pas vu le temps passer. J'en étais là de ma vie. Mes enfants étaient déjà loin de leur enfance et je me rapprochais à grand pas de ma déchéance. A bien y  réfléchir, j'y avais déjà mis un pied...
Le matin, dès que je me sentais suffisamment en forme, je sortais prendre l'air. J'enfilais ma veste rouge élimée et je descendais doucement les escaliers de l'immeuble en serrant fort la rambarde. Je n'avais qu'à traverser deux rues pour me retrouver le long du canal. Les mains jointes dans le dos, j'arpentais silencieusement les quais piétonniers. Je repassais le film de ma vie. Parfois je restais bloqué sur un fait précis de mon histoire dont je n'arrivais pas à me défaire. Par exemple ce jour où  ils étaient venus m'annoncer la nouvelle pour Isabelle... Alors, mon regard accrochait rapidement le sol pavé et je me laissais guider mécaniquement, seul, perdu dans mes pensées, les épaules penchées un peu plus en avant.
Par jour de grand froid, de fines larmes s'étiraient lentement depuis le coin de mes yeux rougis.
Parfois aussi certaines anecdotes amusantes refaisaient surface mais mon visage restait impassible.

Photo David Grimbert Improbable Copyright ©
Quand mon souffle se faisait plus court, je faisais demi tour.
Ce matin-là, sur le chemin du retour, l'eau qui coulait à mes côtés avait des reflets presque bleus. Je levai la tête. Mon regard se posa en haut d'un arbre rachitique où restaient accrochées quelques feuilles jaunissantes et inondées de lumière. Elles m'arrachèrent un sourire.
Nous n'étions qu'à l'automne et il faisait encore bon.
Je replongeai dans mes rêveries et je décidai qu'une fois rentré chez moi il serait temps de réouvrir mes albums et de revoir nos souvenirs.