Alors, j'attendais le vendredi soir avec impatience. Je me rendais dans le village voisin où, dans l'arrière salle du café, étaient organisées des soirées dansantes. En chemin, je m'arrêtais prendre Marguerite. Comme moi, elle se débattait seule dans un quotidien sans avenir, surnageant avec difficulté.
Le vendredi soir donc, on oubliait tout ça. On se lavait, on se parfumait, on se faisait beau, on enfilait une belle chemise repassée ou une robe élégante, des chaussures de ville vernies ou des talons hauts. Sur le parquet, dans les bras l'un de l'autre, nous nous sentions légers et libres. Nous parlions assez peu, tous deux concentrés sur le rythme, enchainant avec dextérité les pas les plus compliqués. Mais nos yeux se croisaient souvent et, pour les spectateurs alentours, nos regards aimantés en disaient long sur notre complicité.
Marguerite avait de sensuelles rondeurs et elle dansait divinement bien. Je n'étais pas peu fier d'être son cavalier. Les orchestres enchaînaient les standards avec plus ou moins d'habileté. Peu importait. Bien sûr, les couples se mélangeaient au cours de la soirée mais, avec les autres femmes, ce n'était pas pareil. Marguerite vivait la musique, les autres la subissait. Elles étaient soit trop molles, soit trop brusques, trop proches ou trop distantes. Je n'avais qu'une seule hâte, l'attraper à nouveau par la hanche, tenir sa main, la faire tourner puis s'éloigner de moi pour ensuite mieux sentir ses formes, son parfum, et la caresse de ses cheveux sur mes joues.
Lorsque nous dansions ensemble, nos corps se cherchaient en cadence jusqu'à l'étourdissement. Malgré les kilos accumulés, je n'avais rien perdu de ma souplesse et de mon sens du rythme. Ces soirs là, je me sentais comme un jeune homme, plein d'énergie et croquant la vie à pleine dents, sans me soucier du lendemain.
Lorsque nous dansions ensemble, nos corps se cherchaient en cadence jusqu'à l'étourdissement. Malgré les kilos accumulés, je n'avais rien perdu de ma souplesse et de mon sens du rythme. Ces soirs là, je me sentais comme un jeune homme, plein d'énergie et croquant la vie à pleine dents, sans me soucier du lendemain.
Ainsi passaient nos vendredi soirs.
Nous rentrions chez nous brûlants, les joues rougies par cette débauche d'énergie. Je déposais Marguerite devant chez elle. Elle me faisait un petit signe de la main sur le pas de sa porte. Alors, je démarrais et je la regardais s'éloigner doucement dans le rétroviseur. Une fois de plus, je maudissais le manque de confiance qui m'avait empêché de lui déclarer ma flamme...
Fin
Crédit photo Eros
Fin
Crédit photo Eros
2 commentaires:
belle fin en ce jour de St Valentin...
@ Sophie : Tu as relevé un détail subtil... mais essentiel! A bientôt
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