Hier matin je suis tombé sur cette photo à la Une du site internet du Monde, puis dans Libération. J’ai immédiatement été saisi par la puissance de cette image qui m’a hanté toute la journée. Je la trouve si intense et si belle alors qu’elle montre une réalité d’une tristesse infinie.
Prise le 7 mars 2022 par Dimitar DILKOFF, elle illustre l’exode forcé de la population ukrainienne qui ici, fuit la ville d’Irpin. Située à 15 km au nord-ouest de Kiev, cette ville subit les bombardements incessants de l’armée russe.
Les visages sont graves et fermés et on y devine à la fois de la colère, de la résignation, et de
l’abattement. Pas un seul sourire… Évidemment.
Un matin alors qu’ils étaient pris pour cible et tiraillés, ils ont dû quitter leurs maisons à la hâte et parfois aussi leurs proches, emportant avec eux l’important et l’utile dans de simples sacs. On n’emporte pas sa vie dans un sac.
On devine le déchirement qui doit déglinguer leurs entrailles.
Pour l'instant, ils sont à l’abri sous un pont dont la structure massive style bloc de l'Est, les protège des bombes. Ils attendent le prochain convoi qui les mènera, loin de l'horreur, loin de chez eux. Question de survie. Avant cela il faudra traverser le fleuve et ce ne sera pas simple car juste après, le solide pont est totalement détruit.
Un caddie est à l’abandon. Les canons grondent. Ailleurs le Monde inquiet consomme, ici le pays violé se consume. Contraste.
Au fond à gauche, sur un pilier, le dictateur sanguinaire Vladimir P. un Minion veille cyniquement au bon déroulement de son crime, version œil de Moscou.
Dans un film de 2015, les Minions sont de petites créatures dont le seul but est de … servir les méchants les plus ambitieux de l’histoire ! Coïncidence…
Sous le noir de la chape de béton armé qui semble peser des tonnes sur les épaules des innocents, percent malgré tout des touches de couleurs vives, petites lueurs d’espoir auxquelles il faut bien s’accrocher. Liberté.