J'habite tout là haut, dans une grande tour. La même ou presque que celle dans laquelle j'ai grandi. Depuis, rien n'a vraiment changé. Les mêmes graffitis dans le hall d'entrée, les mêmes boîtes aux lettres déglinguées, les mêmes cages d'escalier souillées, les mêmes minuteries capricieuses, les mêmes paliers déserts et sombres, les mêmes ascenseurs en panne, ...
Plusieurs fois j'ai voulu m'enfuir. Mais à peine avais-je mis le pied dehors que je me trouvais ramené aux sources par une puissante attraction sociale... A bien y réfléchir, quand on vit en hauteur, on ne peut ignorer ses racines. Juste tenir debout et s'accrocher. Je vacille à l'énoncé de ce principe de gravité dont je n'avais jusqu'alors pas mesuré le fondement.
Je n'ai donc jamais pu m'extraire de cet indigeste millefeuille de dalles bétonnées, serré de trop près par cet étau de parpaings.
Je n'ai donc jamais pu m'extraire de cet indigeste millefeuille de dalles bétonnées, serré de trop près par cet étau de parpaings.
Bien sûr, j'avais eu d'autres aspirations. Oh, pas grand chose, juste un minuscule pavillon avec des voisins à côté. Un endroit où j'aurais pu raisonner en mode horizontal, rasibus, pâquerettes à portée de main, sans chape au dessus de ma tête. Juste la possibilité de m'échapper sans effort. Rien de plus qu'un bout de jardin mal entretenu, une haie mal taillée, un barbecue rouillé, un salon de jardin dépareillé, un grenier poussiéreux. Tout sauf cette sinistre construction sonore d'une cité qui m'insupporte et me pèse depuis mon enfance. Aujourd'hui encore je regarde l'horizon délavé et je partage la vie du voisin du dessus dans les courants d'air.
D'en bas sur le parvis, je lève parfois la tête et, dans le ciel, je vois de grosses masses blanches passer juste au dessus de chez moi. Elles filent toujours à vitesse grand V, comme pour éviter de voir ou pire, de rester accrochées à mon triste poteau dortoir. A chaque fois, cet étrange défilé aérien au dessus de ma tour me donne le tournis. Je perds mes repères et, comme aspiré en arrière, je manque inévitablement de m'effondrer, écrasé par tout ce poids.
D'en bas sur le parvis, je lève parfois la tête et, dans le ciel, je vois de grosses masses blanches passer juste au dessus de chez moi. Elles filent toujours à vitesse grand V, comme pour éviter de voir ou pire, de rester accrochées à mon triste poteau dortoir. A chaque fois, cet étrange défilé aérien au dessus de ma tour me donne le tournis. Je perds mes repères et, comme aspiré en arrière, je manque inévitablement de m'effondrer, écrasé par tout ce poids.
Parfois, quand le tumulte est trop grand, je m'imagine en gardien solitaire de ce phare des villes abandonné aux quatre vents qui n'éclairerait rien ni personne, mais qui serait mon calme refuge.
Ce soir, j'ai rendez-vous chez mon voisin du dessous. Il fête son emménagement et moi je rêve de dégager... Pas sûr que j'arrive à lui souhaiter la bienvenue avec félicité...
6 commentaires:
P..... c'qu'il est blême!
Woput1 c'qu'il est blême, mon HLM...
Mais tu le colores bien :)
les verrues du 20ème siècle... ces immondes tours déshumanisées.... pfffff....
Avec la Félicité ! Monsieur est trop bon !
Ton HLM me donne envie de me tatouer un moineau dans le dos... Tu connais le suite ;-)
Bonne journée !
je découvre ton blog avec ravissement !
@ Kristel et Zette : ça nous plonge un peu en arrière cette chanson!
@ Charles : construire en hauteur pour gagner de la place qui disaient...
@ Cortisone : Pour mieux s'envoler, c'est ça?
@ Love : Tu m'en vois ravi!
Merci à toutes et tous et bonne journée!
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