Il y a peu de temps encore je resplendissais au milieu de mes congénères. J'étais le plus grand, le plus vert et aussi le plus solide. J'avais grandit là, insouciant, la tête dans les nuages et les racines profondément ancrées dans ce sol accueillant. J'en avais bravé des tempêtes.
Et puis arriva ce jour gris et sans lumière. Ma cîme ployait sous le vent et ma ramure dansait la gigue de façon désordonnée. Je les vis arriver de loin avec leurs épaisses chemises rouges, leurs grosses bottes et leurs casquettes de trappeur. Ils tenaient à la main leur objet de torture dont je pouvais aperçevoir la longue lame. Ils s'arrêtèrent à mon pied. Ils ne parlaient pas beaucoup et je les voyais me tourner autour, prendre du recul, jaugeant de la sorte ma robustesse, ma taille et ma droiture.
Je cherchais à réagir mais j'en fus incapable. J'avais adopté l'attitude d'un résineux résigné...
Je cherchais à réagir mais j'en fus incapable. J'avais adopté l'attitude d'un résineux résigné...
Ils ne paraissaient nullement impressionnés et se mirent vite au travail. Le bruit strident de leur engin de mort retentit dans le silence environnant.
Je sentis aussitôt la douleur d'une profonde entaille à la base de mon large tronc. Tout se passa très vite. Du travail à la chaîne en somme... Soudain, je me sentis vaciller. J'essayais bien de rester debout encore un instant mais je perdis brusquement l'équilibre. Je basculais dans un grand craquement pour aller rebondir puis me coucher au milieu de mes camarades, spectateurs impuissants de cet abattage en règle. Moi qui hier encore touchait presque le ciel, j'étais là, étendu, embrassant la terre de tout mon corps, les bras en croix. Je faisais la planche... Mes branches furent ensuite découpées une à une et, ainsi privé de mes épines et de ma sève nourricière, je sentis mes veines se vider et un grand froid m'envahir. A présent, j'étais nu, droit comme un I, raide mort dans cette grande forêt qu'autrefois je dominais.
Je sentis aussitôt la douleur d'une profonde entaille à la base de mon large tronc. Tout se passa très vite. Du travail à la chaîne en somme... Soudain, je me sentis vaciller. J'essayais bien de rester debout encore un instant mais je perdis brusquement l'équilibre. Je basculais dans un grand craquement pour aller rebondir puis me coucher au milieu de mes camarades, spectateurs impuissants de cet abattage en règle. Moi qui hier encore touchait presque le ciel, j'étais là, étendu, embrassant la terre de tout mon corps, les bras en croix. Je faisais la planche... Mes branches furent ensuite découpées une à une et, ainsi privé de mes épines et de ma sève nourricière, je sentis mes veines se vider et un grand froid m'envahir. A présent, j'étais nu, droit comme un I, raide mort dans cette grande forêt qu'autrefois je dominais.
Puis on m'enchaîna, on me traîna dans la boue et un engin terrible m'attrapa sans ménagement, écorchant mon écorce. Mais cela faisait déjà longtemps que je ne sentais plus rien.
On m'emporta loin de mes racines pour un chemin semé d'embûches. On me découpa, je fus raboté, usiné, encollé, on me fit des trous et on m'éparpilla finalement dans différents colis.
Et ce qui devait arriver arriva. Après quelques péripéties, un vulgaire roi du forêt m'assembla façon arbre de salon. En fait, j'avais pris la forme d'une bibliothèque sans style. Je recueillais sur mes étagères une pléiade de livres, pauvres cousins d'infortune. Le traitement pâte à papier qu'ils avaient subi les faisait souffrir de mille maux. Pour la première fois je portais des feuilles, ce qui me posait un problème... épineux.
Depuis quelques jours, dans le coin du séjour, trônait un petit sapin. Je n'avais pas imaginé que l'on puisse s'attaquer à de si petits confrères conifères. Il était arrivé ligoté dans un filet blanc et une fois libéré, il avait mis du temps à retrouver sa forme naturelle. Il était à présent affublé de tristes guirlandes multicolores. Cette mise en scène pitoyable me foutait les boules. Jour après jour il perdait de son éclat et son teint verdâtre attestait de sa lente agonie. Le sac plastique disposé à ses pieds pour recueillir son futur cadavre, ne serait pas une digne sépulture pour ce petit corps décharné.
Autour de nous la fête battait son plein. Moi, vissé à ce mur, j'assistais au spectacle et j'étouffais. Le feu dans la cheminée me faisait des œillades suicidaires. Je n'avais jamais été aussi triste. Cela faisait longtemps que ne croyais plus au Père Noël...
Pas d'happy-end en ce jour de la fin Sylvestre.
Autour de nous la fête battait son plein. Moi, vissé à ce mur, j'assistais au spectacle et j'étouffais. Le feu dans la cheminée me faisait des œillades suicidaires. Je n'avais jamais été aussi triste. Cela faisait longtemps que ne croyais plus au Père Noël...
Pas d'happy-end en ce jour de la fin Sylvestre.
4 commentaires:
Eh bé! en voilà de jolis jeux de mots! Cette année, comme l'an passé, Noël sera sans sapin, juste des perles collées aux murs, en forme d'arbre, ça ne fera de mal qu'à ma peinture, et encore, les couleurs et les lumières y seront.
Tu as très bien parlé, Mr Super Olive, comme si tu avais des racines d'un célèbre et magnifique arbre dans ton prénom.
Moi qui me fait toujours lariser par mes amis car je ne mets pas de sapin et bien j'en suis pas peu fière finalement !!
:p
Bisoussssssssss
Ah la lente agonie des sapins coupés , je déteste voir les squelettes dans la rue après les fêtes
c'est un peu triste ton conte , mais je l'aime bien , parce qu'il est bien écrit
@ Tifenn : Merci! Je n'avais pas fait le rapprochement pour le prénom mais il y est sans doute pour quelque chose! J'aime bien l'idée du sapin en déco murale, sympa!
@ Nha : Ecoute, je te comprends mais avec les enfants c'est difficile d'y couper (si j'ose dire!)
@ Jeanne : Merci! Le ton est triste en effet mais cette année mon sapin est si rachitique qu'il me fiche un peu le bourdon.
Bonnes fêtes de fin d'année à vous toutes et à bientôt!
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