dimanche 5 septembre 2010

Quand les Barbies tuent Rick

Rick était un sale connard, doublé d'un gros porc.
C'était un type basique porté sur l'alcool, les muscles, le catch, et amateur de filles faciles à la plastique parfaite. Pour exprimer au mieux sa virilité, il avait adopté un look biker bad boy benêt. Un bandana noir, noué sur son crâne chauve, tenait au chaud ses idées réduites et ses oreilles décollées. Un gilet de cuir sans manche mettait en valeur ses biceps version jambon de bayonne sur l'os, et son collier de barbe taillé au millimètre était sa seule concession à sa pilosité. Il avait toutefois bien du mal à éradiquer les quelques poils récalcitrants qui s'échappaient de ses oreilles de façon impromptue... Il portait toujours d'imposantes lunettes de soleil qui empêchaient aux autres de mesurer le manque de profondeur et de vivacité de son regard torve.
Pourtant, aujourd'hui encore, il avait dégotté deux filles aux corps lisses dont les minis shorts mettaient terriblement en relief le peu qu'ils cachaient. C'est ainsi entouré qu'il pavanait sur l'avenue ensoleillée qui bordait la plage. Pour faire monter le désir, il faisait toujours une petite ballade avant d'attaquer les choses sérieuses. Devant un tel spectacle, les autres promeneurs mâles se retournaient immanquablement. Ils n'auraient pas la chance de voir à quel endroit précis se rejoignaient les jambes interminables de ces deux Barbie blondes. Rick y planterait son étendard. Les autres n'auraient qu'à se secouer vigoureusement la nouille en s'imaginant pris en sandwich dans un tel concentré de luxure. 
Il n'avait, ceci dit, aucun mérite puisqu'il payait cher l'agence qui lui fournissait les filles. Cette fois ci, pour fêter un contrat juteux, il avait choisi le haut de gamme et doublé la mise. Il avait donné rendez-vous aux filles au bar du club de sport qu'il fréquentait assidument. Quand elles s'étaient pointées, il les avait scruté de bas en haut et sa première impression fut qu'elles avaient tout l'air de mériter le délicat qualificatif de "pète braguette". Et Rick bandait déjà dur comme fer. Il se demandait ce qu'elles cachaient dans leurs petits vanity case. Il adorait les accessoires.
D'habitude, il se contentait de leur payer une bière, mais elles l'avaient devancé et commandé du Champagne. Elles n'en avaient bu qu'une coupe y trempant délicatement leurs lèvres dessinées. Il avait fini la bouteille, ponctuant son oeuvre de rots sonores. Au moment de raquer, Rick l'avait tout de même eue mauvaise. 
Elles n'étaient pas très bavardes et échangeaient entre elles dans une langue étrangère. Il s'en foutait. Au contraire, cela l'excitait car, dans son lit, Rick adorait l'exotisme.
Ils approchaient à présent du motel dans lequel il avait ses habitudes et où il avait réservé une chambre défraîchie. Pendant que les filles se préparaient dans la salle de bain, il vida cul sec un grand verre de Jack Daniel's. Rick otta ensuite ses santiags, laissant un léger fumet fromager se disperser insidieusement dans la pièce.
Quand les filles firent leur apparition, il était déjà allongé sur le lit, serrant entre ses mains l'organe central de sa personnalité, caressant en silence l'idée saugrenue de pouvoir un jour allonger la chose jusqu'au plafond. A bien regarder la scène, on pouvait deviner que ce membre turgescent aux veines bleuies était en fait déjà bien saturé de connerie. Que dire de ce vilain gland? Lui jugeait que sa bite avait fière allure et savait que ces deux poupées allaient y goûter jusqu'à l'écœurement.
Elles prirent donc la chose en main, pour commencer. Elles lui proposèrent d'avaler quelques pilules censées décupler ses forces et son plaisir, et bien qu'il n'eut pas de doute sur son endurance (ni sur rien d'autre d'ailleurs), il accepta le cocktail, faisant passer le tout à l'aide d'une longue rasade de Whisky. Les filles se relayaient en faisant glisser leurs doigts sur son sexe luisant. Mais malgré leur expertise, il ne sentait pas la sève monter comme d'habitude. Pour se remettre d'aplomb et faire disparaître un léger mal de crâne, il fit marée basse au fond de la bouteille. L'une des filles avait sorti un gode version king size et jouait avec, le faisant parcourir son corps et le prenant en bouche d'une manière obscène et prometteuse. Il attendait le moment où elle déciderait enfin de s'en servir pour de bon.
Mais sa tête le faisait à présent terriblement souffrir et son estomac le brûlait littéralement. Il était dans un état second. Quand il voulut se relever pour retrouver ses esprits, il prit conscience que ses poignets étaient solidement attachées à la tête du lit. Il n'avait rien senti.
Les filles s'étaient écartées tranquillement et s'amusaient de sa tête ahurie le gratifiant de délicats doigts d'honneur. Il tenta bien de se débattre mais il manquait d'air et un premier spasme violent le tordit en deux, anéantissant ses efforts. Une écume blanche s'était déjà formée autour de sa bouche et fut bientôt balayée par le reflux discontinu de ses entrailles dessoudées.
Son visage se figea dans une dernière expression de douleur lorsqu'un énorme ustensile lui déchira avec force son intimité. Black out.
Les filles légères s'envolèrent dans un courant d'air.
On retrouva le cadavre de Rick plusieurs jours plus tard, lorsque l'odeur fut trop à l'étroit entre les murs de la chambre. Rick et sa bite avaient moins fière allure...
Personne, pas même le célèbre inspecteur, ne parvint à élucider le mystère du décès de Rick.
Je vous laisse méditer au calme, à cette fin tragique au doux parfum d'Amérique...