samedi 27 décembre 2008

L'enmerdeur et le roi du silence

Mince, je sens poindre une envie irrépressible. Je suis au travail. Le cadre n'est pas idéal pour "livrer" ce qui me turlupine. Aussi, j'essaye de tromper l'ennemi en pensant à autre chose. Je reprends le cours de mes idées professionnelles et j'oublie ce qui me taraudait le bas des intestins quelques instants plus tôt. Ouf, fausse alerte! Mais je le sais, ce besoin naturel pointera à nouveau le bout de son nez d'ici peu...
J'avais raison. Cette fois je n'en peux plus, il n'y a plus à discuter, l'évidence s'impose. Il y a urgence. Il faut faire de la place et libérer le flux du merveilleux cycle de la transformation des aliments.  Mon corps aura gardé ce dont il avait besoin laissant choir le rebut merdique de ce tri sélectif interne. Ce fruit de mes entrailles, je "duo dénomme" gros et petit intestin, issu d'un bol patiemment malaxé, exploité puis moulé par mon tube digestif, sera expulsé tel un "colon" indésirable.
Bref, je me dirige l'air de rien vers les toilettes. A bien y regarder, ma démarche manque un peu de souplesse. "Constipé" ne serait pourtant pas l'adjectif approprié mais une certaine rigidité laisse à penser qu'un corps étranger entrave et alourdi mon allure. J'arrive enfin à destination, j'ouvre la porte du sanctuaire, j'accroche ma veste à la patère, réalise le petit ménage de la lunette nécessaire à une hygiène correcte, puis je m'installe sur le trône, pantalon aux chevilles. La classe!
J'ai bien regardé en arrivant, pour l'instant je suis seul. Un seul mot d'ordre : Faire vite! Mais l'urgence génère du stress ce qui est en totale contradiction avec la détente nécessaire à une opération pleinement réussie. 
Quand soudain arrive l'intrus. Il entre bruyamment dans les toilettes profanant ainsi le calme refuge. Ce con est venu gâcher ce RDV si personnel avec mon intimité. Un bref coup d'oeil sous la porte et j'aperçois des chaussures à glands, preuve de bon goût! J'opte aussitôt pour la stratégie de l'immobilisme, allant jusqu'à retenir ma respiration. Je fais le mort, je suis le roi du silence. J'ai peur d'être démasqué, comme si je m'adonnais à un plaisir solitaire... Il écoute, je le sais car il a senti ma présence. Il a vu le témoin rouge sur le loquet de la porte. Je suis "estomaqué" par ce manque d'éducation! N'en pouvant plus, j'ambitionne un instant d'essayer de faire glisser silencieusement mon offrande pour la déposer comme une fleur sur le bord du WC. Genre ni vu, ni entendu, ni connu. Une sorte d'élégance discrète en somme. Je suis prêt à tout pour éviter le vulgaire "staccato" de "PLOUF". Celui qui retentit et sonorise la chute de l'excrément retournant baigner dans l'élément originel et autres fonts baptismaux... D'autant que ce bruyant  enchaînement aurait aussitôt levé les doutes sur ma présence. Et le collègue indélicat d'imaginer, sourire aux lèvres, son confère, cigare aux lèvres, dans cette posture incongrue. 
Mais je renonce. Ce tir de précision me paraît bien risqué et trop technique. En plus la visibilité est mauvaise. Je résiste à la pression encore un peu, espérant un rapide retour au calme. Mais à côté,  le "profanateur" s'éternise. J'ai l'impression qu'il pisse comme vache qui pleut, ou quelque chose dans le genre. Je ne suis plus ZEN du tout, vivement qu'il taille que je "chie " en paix. Un peu plus il va se laver les mains ce con! Ce lieu d'aisance n'a jamais aussi mal porté son nom...
Il finit par s'en aller. Retour au calme. Je peux enfin tranquillement terminer ma besogne et rendre à dame nature ce qu'elle m'a donné d'inutile. Je quitte les lieux, un brin contrarié mais soulagé, laissant derrière moi des effluves prononcées. Une sorte de signature olfactive très intime mais mal assumée, puisque lâchement dénaturée au WIZARD fleur de printemps
Dans le couloir je croise le regard "goguenard" d'un type, costard gris, cravate tombante, chaussures à glands : "Belle journée Mr Superolive n'est ce pas?!" 
Je suis tellement défait que sur le coup,  je ne fais pas le rapprochement et je reste coi. Le roi du silence en somme...













Mais quelle aventure vous en conviendrez?!!!   

Et au fait   Bonnes  Fêtes de fin d'année à vous!!!!!

vendredi 5 décembre 2008

Le vent du boulet

Il y a des jours en Bretagne où le vent souffle fort. C'était le cas avant hier. Les nuages filaient dans le ciel à une vitesse inhabituelle, s'agglutinant parfois pour former une chape sombre et inquiétante, presque noire, dont le trop plein s'évacuait dans des trombes d'eau glacées, au dessus de nos têtes fragiles. Et le soleil de revenir ensuite comme par enchantement nous chauffer le corps et le coeur.
Dans notre vie aussi, il y a des jours où l'on mesure que la nature impose sa loi, que le ciel est changeant et que l'horizon peut s'assombrir bien vite. Vous savez, cette sensation de frôler l'abîme et de sentir de près le "vent du boulet". Un vent qui fout la trouille et qui pue la mort.
Ce fut le cas pour nous il y a deux jours.
Nous n'avons pas entendu le coup de semonce, ni vu le boulet passer mais bien ressenti le souffle puissant qui indique que le projectile est passé à côté. L'onde de choc qui tord d'abord les boyaux, puis l'odeur de la poudre qui pique le nez et les yeux.
Juste une déflagration, un coup de canon.

Ce vent soudain qui s'engouffre dans un couloir, trop étroit pour contenir sa fougue, faisant claquer les portes pour s'échapper par la seule issue possible. Un grand BOUM retentit, perturbant ainsi le calme et la sérénité des lieux. Aux alentours, les petites choses en équilibre précaire basculent aussitôt, balayées par cette violence subite, prolongeant le fracas en un écho plus délicat. Puis s'installe un grand silence et les rideaux retrouvent doucement leur place, immobiles. On entraperçoit dans un rai de lumière blanche la fine poussière qui retombe vers un tranquille retour à la normale. Une illusion. Puis on mesure enfin l'ampleur des dégâts et la fragilité de cet équilibre instable où tout peut basculer dans un jeu bien plus grave à la météo brusquement moins clémente.
Pas de casse pour cette fois.
Un ami, mille merci, nous aura vite rassuré. Le calme est revenu dans notre maisonnée, le stress est grâce à lui retombé aussi vite que la tempête s'était levée.
Rien de tel que de nous savoir si fragiles et vulnérables pour profiter pleinement de la vie.

Une pensée toute spéciale à ceux qui, un triste jour, ont pris le boulet dans les dents et qui réussissent malgré cela à faire bonne figure et à garder le sourire, bien que déglingués de l'intérieur. Quelque chose dans leur regard viendra de temps en temps trahir qu'un jour la vie est passée par là, un peu trop vite sans doute...