dimanche 30 novembre 2008

Soirée crêpes

Quand tu es breton, il y a toujours un moment où te prend une envie subite de manger des crêpes.
Quand tu es breton, malin et que tu as une famille nombreuse et qu'en plus c'est la crise (!), il est judicieux d'apprendre à faire les crêpes toi-même.
Pour nous c'était hier soir!
Attention qu'on se comprenne bien, quand je dis faire des crêpes, c'est les fabriquer de A à Z, pas juste les faire réchauffer dans une vulgaire poêle Tefal.

Etape numéro 1 : Emprunter un bilig. Rien à voir avec les chatouilles mes amis, c'est le nom breton donné à la plaque de fonte ronde sur laquelle on étale la pâte pour la faire cuire. Merci maman !
Etape numéro 2 : Dégotter une recette de pâte chez une des grands mères autochtone encore en vie et qui sera prête à transmettre un peu de son savoir faire "ancestral". Une recette pour la pâte blé noir (sarrasin) et une autre pour celle au froment. Merci la mère Denis ! (private joke)
Etape numéro 3 : Se familiariser avec le matériel du crêpier. La rozell (sorte de râteau d'extra terrestre sans dent pour étaler la pâte sur la bilig en décrivant un cercle), la spatule "truc much" pour retourner la crêpe et la louche de la bonne contenance. J'allais oublier la bouteille de cidre brut à consommer avec modération sous peine de tourista bretonne... Les spécialistes le savent : impossible d'abuser de la pomme sans récolter quelques pépins (oh oh oh!).

Après il faut se lancer...
La louche remplie de pâte dans une main tremblante, dans l'autre la rozell, le tout au dessus de la plaque qui chauffe les joues. C'est fou ce qu'on se sent maladroit avec tout ça dans les mains au début, comme l'impression d'avoir deux mains gauches.
Allez hop c'est parti ! Et voilà ce que le premier essai a donné!

Inutile de vous dire qu'on s'est bien marré, enfin au début. Les tentatives peu concluantes ayant en effet duré un certain temps, nous avons à un moment envisagé un repli stratégique au Mac Quick local ! Quand tes crêpes ressemblent plus à des pâtés gluants qu'à de délicates et fines dentelles, tu commences à douter des tes capacités de "crêpeman". Ensuite, alors que tu pensais avoir fait le plus dur en réussissant à étaler la pâte de manière à faire une jolie crêpe ronde (au début, tes crêpes forment des figures que même les experts en géométrie ignorent), c'est en la retournant avec la spatule (en te brûlant malgré tout les doigts) que la crêpe t'échappe se coupant en deux pour venir s'écraser et se coller sur la bilig en un amas peu ragoûtant. Et merde! Et oui le breton jure parfois comme un charretier.
Au final, comme le breton est têtu et qu'en plus il est gourmand, voici le résultat obtenu après avoir foiré quelques louchées !
Une couleur magnifique un goût délicieux et ce malgré une technique peu académique!

Nous nous sommes régalés et le père Noël devrait nous apporter une bilig Krampouz bien de chez nous !
A nous les soirées conviviales en famille et entre amis.
Dès que j'aurais affiné mon style, j'espère bien pouvoir faire déguster ces crêpes délicates à quelques-uns de mes amis des Côtes d'Armor ou d'Ille et Vilaine. Chez eux les crêpes sont plus épaisses et s'appellent des "galettes". Rien à voir avec leur fort penchant pour l'alcool et les déboires qui s'en suivent... mais un truc de bourrin tout de même!
Depuis le bout du monde ou presque, je colle une bise à tous mes amis bretons !

mardi 11 novembre 2008

Un jour d'automne

Aujourd'hui séance jardinage. Ramassage de feuilles dans le jardin détrempé en compagnie de la petite troupe armée de bonne volonté. S'il est agréable de pouvoir s'aérer entre deux averses, passer le râteau est un peu monotone. Enfin, c'est une activité de saison et la pelouse est propre. Dire qu'il faudra recommencer la semaine prochaine! Car il reste encore quelques feuilles dans les chênes qui bordent mon terrain.
Certaines s'accrochent encore aux branches en ce jour de commémoration de l'armistice de la première guerre mondiale. Aucun rapport me direz-vous. Moi, j'y vois comme un symbole en ces temps ou l'on se demande s'il ne faut pas diminuer ces jours fériés pendant lesquels on ne fait rien mais où l'on se souvient. C'est déja bien, non?
Revenons à mes feuilles, enfin à celles qui tiennent toujours dans leur arbre. Leur avenir est inéluctable, comme le fut celui de nos soldats de la Grande Guerre, malgré leur envie de vivre.
L' instinct de survie. Ne pas lâcher, rester encore un peu le nez au vent, malgré le froid et la pluie. Vivre encore un peu avant d'atterrir quoiqu'il arrive sur le plancher des vaches, recroquevillés en chien de fusil, tranchés en deux, serrant fort une vieille branche, criblés de balles, le nez dans la gadoue. Profiter du moindre instant et lutter encore malgré la mort qui rôde, omniprésente.
Lutter pour ne pas se laisser emporter par la bourrasque qu'elle vienne du ciel ou du souffle des canons. Ne pas terminer entassés au fond du sac du "jardinier" qui tel un croque mort ramasse la vie au râteau, balayant tout sur son passage, impitoyable. Rester pour témoigner, pour nous aider à nous souvenir qu'il y a peu de temps encore, de la sève et du sang coulaient dans leurs nervures et leurs veines pour leur donner vie.
En vain.
Une vie envolée, volée en l'espace d'une saison. Le temps d'une jeunesse, trop courte évidemment.
Se souvenir de l'histoire malgré le temps qui passe. Se souvenir de nos chers arrières et grands pères. Chair à canon aussi.

Mourir pour la Patrie, ça veut dire quoi pour nous? Je cherche des réponses. Eux ont dû passer à l'action.
Plus aucun poilu pour témoigner des ces horreurs. Vous me direz, les poils c'est ringard de nos jours. Même les mâles s'épilent la face et le reste aussi, c'est tout dire de nos préoccupations...

C'était un bien triste jour d'automne finalement.